Festivoix de 3-Rivières

FestiVoix de Trois-Rivières 2021 | Enfin un premier vrai festival extérieur!

Il y avait quelque chose de spécial dans l’air au Jardin des Ursulines de Trois-Rivières, vers 18h vendredi. Une douce frénésie, teintée d’une certaine prudence. Une appréciation renouvelée pour les petites choses de la vie qu’on se réapproprie après une longue attente, un peu comme ces terrasses achalandées que l’on pouvait voir sur Notre-Dame-Centre, en route vers les spectacles.

Sur la scène Hydro-Québec du FestiVoix de Trois-Rivières, Elisapie s’est présentée devant quelques centaines de spectateurs, tous radieux et ravis, disposés en mode cabaret-de-jardin, à distance raisonnable, sans masques.

Ça ressemblait à une foule. À ce qu’on connaissait avant. À un concert « en présentiel », comme à l’époque où on n’avait jamais entendu ce mot encore.

Elisapie était aussi tout sourire. Elle donnait le premier spectacle du premier festival extérieur de l’été au Québec, et sa fierté émanait de ses pores. Elle a profité de cet « espace pour déposer nos émotions », comme elle le dit si bien, pour faire du bien avec son folk-rock à forte saveur inuk.

Sa présence rappelle qu’on n’a pas vécu qu’une crise sanitaire ces derniers mois. Toute l’identité québécoise a été frappée de plein de fouets par une multitude d’événements qui ont éveillé les consciences.

Avec la classe et l’humilité qu’on lui connaît, Elisapie remerciait le public de sa « curiosité » qu’elle identifie comme la solution face à « l’ignorance et la discrimination ».

Avec notamment l’excellent guitariste Jean-Sébastien Williams à ses côtés, Elisapie a charmé avec ses chansons, avec sa Ballad of the Runaway Girl, avec sa reprise de Willie Thrasher, avec Ton Vieux nom qu’elle dédie à « tous ces hommes qui craignent qu’on ne reconnaisse pas leur douceur », et son hymne rock Arnaq.

Fiou, le public s’est rappelé comment remercier un artiste, avec une ovation digne de ce nom! On reprend nos repères. Et si ça fait du bien d’entendre de la musique en direct, ça fait aussi du bien d’entendre le public envoyer de l’amour à une artiste.

 

Plants and Animals et The Franklin Electric

À 20h, la scène principale accueillait ensuite un doublé indie-rock anglo-montréalais.

Si la configuration du Jardin des Ursulines nous rappelait l’avant-pandémie par sa simplicité, celle de la scène Loto-Québec nous ramène un peu plus à la réalité d’un déconfinement progressif. Pouvait accueillir près de 1000 spectateurs, le terrain en bordure du fleuve St-Laurent (qui donne une vue franchement apaisante sur le port de Trois-Rivières) contient environ 300 petites plateformes pouvant accueillir chacune deux à quatre spectateurs. Le FestiVoix les a baptisés des « zones d’écoute ».  L’idée est évidemment de créer des bulles afin d’assurer le respect des règles sanitaires.

 

C’est sûr que ça donne lieu à une ambiance moins « rock » qu’un moshpit bien compact, on doit le dire.

Pour un show comme celui de Plants and Animals, on le ressent. L’intensité des jams de Warren C. Spicer, Nicolas Basque, Matthew Woodley et leur bassiste tombent un peu plus à plat dans les circonstances, même si les Feedback in the Field et House on Fire font leur effet peu importe si le public est debout, assis, couché en étoile ou suspendu la tête en bas. Des bonnes chansons rock, c’est plus fort que tout!

The Franklin Electric s’adapte sans doute un peu mieux à cette configuration, en raison notamment des moments plus folk, plus posés.

Le projet de Jon Matte prépare un nouvel album pour l’automne, et on a eu droit à quelques nouveaux titres. Les fans ne seront vraisemblablement pas dépaysés.

 

Antoine « rock’n’roll » Corriveau, mesdames et messieurs

Puis, vers 22h30, c’était au tour d’Antoine Corriveau de se produire sur la plus petite scène, elle aussi juste à côté du fleuve.

Quelques mois après avoir lancé le sous-estimé PISSENLIT, on le retrouvait en mode plus mordant que jamais, entouré d’un band à rendre jaloux n’importe quel chansonnier rock du Québec. Nicolas Basque de Plants and Animals était à ses côtés (grosse soirée pour lui!), tout comme Michel-Olivier Gasse (de Saratoga) à la basse, Sheenah Ko (artiste solo, qui a fait partie de tout plein de bands dont les Besnard Lakes) aux claviers, et l’ex-Karkwa, Stéphane Bergeron, à la batterie.

Si bien entouré, on sent qu’Antoine a envie d’avoir du fun avec ses chansons, et décide d’épicer son show d’absurde, d’auto-dérision et d’irrévérence.  Et de jolis vêtements agencés, style tissus brillants à motif léopard.

Les excellentes chansons du nouvel album s’en trouvent rehaussées, comme si c’était possible. Kenny U-Pull dure plus qu’une minute et demie, Les Maladresses s’amplifie, Maison après maison aussi. Sheenah Ko assure le spoken word des Sangs mélangés, chanson coup-de-poing d’une actualité brûlante, et la troupe se permet même un jam cyclique de 3 minutes, bien minuté avec un décompte sur un cadran sur scène, d’un segment de Croix blanche.

On l’aimait déjà en mode plus sombre sur ses précédents albums, mais ce Corriveau givré et survolté a encore plus de chien, et propose quelque chose qu’on ne voit pas vraiment ailleurs dans le paysage québécois.  De loin le show de la soirée.

Le FestiVoix se poursuit samedi avec une soirée rap qui promet d’être assez intense merci : Fouki, Sarahmée, LaF, Vendou, et euh… Marie-Denise Pelletier.

Ah oui, on vous a expliqué que les billets se vendaient seulement pour un spectacle à la fois, et qu’aucun passeport n’existe cette année pour assister à tous les shows d’une même soirée?  Ceci explique sans doute cela!

Ensuite, dimanche, Les Soeurs Boulay et Luc De Larochelière seront parmi les artistes à la programmation.

Détails et billets par ici.


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