Patrick Watson

Bluesfest Drive-In | Voir Patrick Watson en spectacle en mode ciné-parc

Après la tournée musiparc, le show de The Damn Truth et les spectacles d’humour Ce soir on char et Festival FAUV, le Bluesfest d’Ottawa tentait à son tour de compenser l’absence de festivals d’été par une série de spectacles en mode ciné-parc. Nous avons eu l’occasion d’assister à la quatrième de six soirées « Bluesfest Drive-In » sur le site du projet immobilier Zibi, à Gatineau, avec Patrick Watson et Basia Bulat au menu, ainsi que quelques très belles découvertes.


 

Les défis du Bluesfest

Ce n’est pas un été facile pour les organisateurs du Bluesfest d’Ottawa. La programmation prometteuse avait été annoncée à la mi-février, les passes étaient en vente depuis près d’un mois, on attendait Rage Against the Machine sur les Plaines Lebreton (grosse prise!), puis… vint le virus, et comme on le sait, tout a foutu le camp.

L’équipe a mis du temps avant de confirmer ce que tout le monde savait : l’édition 2020 n’aurait pas lieu. Ils n’attendaient pas pour rien puisqu’en arrière-scène, les organisateurs faisaient des pieds et des mains pour confirmer que la plupart des gros noms annoncés pour 2020 seraient de la partie en 2021, afin de convaincre les détenteurs de billets de les garder pour l’an prochain.

Ça valait le coup : Rage Against The Machine, The National, Alanis Morissette, Blink 182 et plusieurs autres ont confirmé qu’ils y seraient.

Question de ne pas laisser une année complète s’envoler sans offrir de spectacles à son public, le Bluesfest a de plus mis sur pied, en très peu de temps, une série de concerts en mode ciné-parc, en collaboration avec le programme #CanadaEnPrestation du Centre National des Arts. Marie-Mai, Sam Roberts, Elijah Woods X Jamie Fine, Tim Hicks et plusieurs autres artistes s’y sont produits au cours des deux derniers week-ends.

L’Outaouais n’étant plus doté d’un ciné-parc fonctionnel, le site choisi pour cette installation de spectacle-en-voiture est le projet immobilier Zibi, tout juste de l’autre côté du Pont de la Chaudière pour les habitués des Plaines Lebreton. De la rive québécoise, on pouvait y voir, pas très loin, le Musée de la Guerre d’Ottawa, point central du site habituel du Bluesfest, dont on s’ennuie grandement cet été.

 

Quelques bémols techniques

Sur le plan logistique, ce n’est pas simple. Il leur fallait monter une scène, deux dans ce cas-ci, sur un site encore jamais exploité à ces fins, et accueillir des dizaines de voitures disposées de façon à ce que tous puissent voir le spectacle, tout en syntonisant une fréquence radio permettant d’entendre le son du show.

Contrairement à lors de notre passage à Bromont en juin pour voir Bleu Jeans Bleu, le site de Zibi est plus ou moins adapté pour ce genre d’exercice : un vaste terrain asphalté trop plat, sans dénivellation qui permettrait aux voitures plus loin de voir mieux. Les scènes sont aussi beaucoup trop basses, ce qui rend la vue d’une majorité d’automobilistes obstruée. Il faut donc regarder le spectacle sur les écrans, ce qui revient pas mal au même que de le regarder chez soi, sur Facebook Live, puisque le programmation #CanadaEnPrestation comprend justement une diffusion gratuite sur la plateforme FB.

Heureusement, les agents de sécurité n’étaient pas zélés et ont laissé les spectateurs sortir de leurs véhicules afin d’ajuster leur position et de mieux voir, même si les règles de base interdisaient aux spectateurs de sortir de leur véhicule sauf pour aller aux toilettes ou s’acheter des rafraîchissements.

Il aurait aussi été mieux de placer les deux scènes côte-à-côte plutôt que de biais. La petite scène Vidéotron était hors de vue pour la vaste majorité des véhicules présents.

 

Watson égal à lui-même et quelques belles découvertes

Tout ça pour dire qu’au final, on se débrouillait tous pour voir quelque chose, tout en crinquant le volume de la radio de char pour bien entendre. Pour une fois, les chaises pliantes étaient la meilleure solution, tant qu’on ne s’éloignait pas trop du véhicule.

À l’image du Bluesfest, on nous proposait une programmation variée, avec pas moins de 6 artistes par soir, de 19h à 22h30. D’où les deux scènes ci-haut mentionnés.

Clou de la soirée lors de notre présence vendredi soir, Patrick Watson (en mode groupe complet) nous a ravi avec une sélection de chansons principalement pigées dans son plus récent album, le très très bon Wave paru l’an dernier. Dream For DreamingLook At YouHere Comes The River et la délicate Melody Noir ont fait leur effet, empreintes de mélancolie et souvent porteuses de grands souffles. La bande nous a aussi gracié d’Adventures in Your Own Backyard, et bien entendu, The Great Escape en solo au piano au rappel. Une belle heure-et-quelques en bonne compagnie.

Sans surprise non plus, Basia Bulat a charmé le public avec ses excellentes chansons interprétées en formule solo, elle qui a lancé un nouvel album à la fin mars – le sous-estimé Are You In Love? – sans pouvoir en jouer les chansons en spectacle depuis. Du très très beau de la part de la chanteuse montréalaise à la voix dorée et au jeu de guitare diablement efficace.

Mais fidèle à ses habitudes, le Bluesfest s’est aussi appliqué à nous faire découvrir des artistes du coin, comme le duo de chanson-pop francophone Geneviève et Alain, et le très bon emcee ottavien Asuquomo. Anciennement à l’oeuvre sous son vrai nom, Morris Ogbowu, l’artiste d’origine nigérienne donnaient beaucoup de valeur à ses chansons hip-hop teintées d’afrobeats et de grime avec son débit et son assurance.

On a également eu un coup de coeur pour la chanteuse électro-pop Zaki Ibrahim, ses choristes et ses danseurs costumés – on s’ennuie du « sens du spectacle » après tous ces Facebook Live trop souvent terre-à-terre… – ainsi que pour le duo Silla and Rise qui mélange habilement les chants de gorge inuits et la musique électro (souvent trip-hop), avec l’appui musical de leur DJ Eric « Rise Ashen » Vani.

Mine de rien, on estime que 350 voitures étaient réunies sur le site – donc estimons environ 1000 spectateurs sur place – alors que la vidéo sur Facebook (qu’il est possible de visionner par ici) aurait généré plus de 165 000 visionnements, en date du dimanche 9 août à 17h.

Belle façon de compenser l’absence du Bluesfest en ces temps difficiles. En attendant l’été 2021…

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