GAMIQ 2024 | P’tit Belliveau, DVTR, les gagnants et les poètes disparus
Dimanche soir, il régnait aux Foufs comme un sentiment de bien-être de se trouver ensemble. Un réconfort dans le deuil, une douce volonté de se planquer ensemble dans la chaleur du bar punk de la rue Ste-Catherine avant que l’hiver nous avale tout rond. Punks, métalleux, gens de l’industrie-qui-paie-pas, artistes qui ne comptent pas gagner un Félix un jour et fans de la scène locale étaient rassemblés pour célébrer ce qu’ils font, ce qu’ils écoutent, et souvent les deux.
C’était apparemment la toute première fois que le Gala Alternatif de la Musique Indépendante du Québec se tenait dans ce lieu culte de l’underground québécois. Pour une 19e édition, ça étonne : le GAMIQ semble taillé sur mesure pour se tenir aux Foufounes Électriques. Et les perfos sonnent bien sur cette scène-là. Lucien aurait été fier.
Parce que cette 19e édition du GAMIQ survient tout juste quelques semaines après le décès du freak de Montréal, le parrain de la poésie punk qui incarnait si bien « l’alternatif » qu’on a nommé les statuettes en son nom. Le GAMIQ a fait les choses comme il se doit en préparant un numéro musical en l’honneur de Francoeur : une prestation de son band Aut’Chose, « pour la dernière fois de l’histoire de l’humanité », avec trois front(wo)men remplaçants : Martin Dubreuil (alias Johnny Maldoror) des Breastfeeders, Charles Laplante de Chou et Rox Arcand d’Enfants Sauvages. Du genre de prestation qui marque les esprits.
Comme si le départ de Lucien à 76 ans n’était pas assez, on apprenait aussi la semaine dernière le décès du poète de Sainte-Foy Jean-Sébastien Larouche. À 51 ans, lui. Bon sang que c’est jeune… Il n’est peut-être pas associé au milieu musical, mais sa disparaition a visiblement secoué bien des gens présents hier soir.
La poésie a donc été le fil conducteur de la soirée, puisque tous les présentateurs des prix étaient appelés à lire un extrait de poème au moment de faire leur présentation, une jolie touche qui a donné lieu à de beaux moments, notamment une lecture crève-coeur d’un poème de Larouche par JP Tremblay.
Une formation musicale des années 1980 a aussi fait l’objet d’un hommage bien senti : le duo de garage rock Deja Voodoo formé par Gerard van Herk (guitare et chant) et Tony Dewald (batterie). Deja Voodoo est reconnu pour avoir créé le « sludgeabilly », en combinant l’imagerie de l’horreur des années 1950 avec des influences musicales rockabilly et country. Lors du GAMIQ, on a même eu droit à une rare apparition de van Herk qui a interprété une chanson du projet en compagnie de Bloodshot Bill.
Des statuettes à gauche et à droite
Au terme d’un gala une fois de plus très très long qui s’est terminé aux petites heures, le GAMIQ aura récompensé une bonne trentaine artistes en tout en remettant des statuettes. Étant donné que les catégories sont presque toutes dédiées à des genres musicaux précis, c’est toujours difficile de déceller un-e grand-e gagnant-e quantitatif, mais soulignons tout de même que P’tit Belliveau a été sacré Artiste de l’année, en plus d’avoir remporté le prix Lucien Album/EP Hors-Québec.
Le duo DVTR a pour sa part rapporté trois prix à la maison, étant sacré Révélation de l’année, en plus de voir son album Bonjour être sacré Album/EP Punk de l’année et de constater que leur vidéoclip pour Les flics sont des sacs à merde (réalisé par Romy Côté) était nommé Vidéoclip Animation de l’année.
L’excellente formation de math rock Population II a aussi mis la main sur deux prix, soit ceux de l’Album Rock de l’année pour Électrons libres du québec, et aussi EP Rock avec Serpent-Échelle. De mémoire, il ne nous semble pas qu’un groupe ait déjà gagné deux prix au GAMIQ pour un album et un EP. Un doublé impressionnant mais mérité.
Parmi les autres gagnants, soulignons que Kaya Hoak a été nommée Espoir 2025, et sa prestation musicale plutôt sympathique laissait croire qu’en effet, l’année qui vient sera sans doute celle où elle se démarquera.
Bon enfant, Arielle Soucy, comment debord, Maude Audet, Malaimé soleil, Hawa B et Anachnid font partie des autres gagnants, tout comme le controversé groupe metalcore de Rouyn-Noranda, Guhn Twei, qui a remporté une catégorie Album/EP Metal très fournie grâce à son disque Glencorruption, un brûlot anti-Fonderie Horne. Son chanteur Simon Turcotte a marqué les esprits en admettant humblement qu’au moment d’écrire ces chansons, il combattait une rare forme de cancer et ne croyait pas qu’il « se rendrait jusqu’ici, encore moins de remporter [un prix] ».
Des prestations ont ponctué la soirée, notamment une tardive mais convaincante interprétation de Sherpa par l’iconoclaste duo de surf rock / math rock microtonal Angine de poitrine, et une version rock franchement décapante de Le chien ne meurt jamais par Dany Nicolas.
Le gala était animé avec brio, humour et naturel par un Benoit Poirier décontracté mais mordant.
Bravo à tous les gagnant-es, et un merci tout particulier à Larissa Souline, qui a remporté le prix des relations de presse de l’année, et qui a pris soin de souligner son appui aux médias culturels qui « n’ont pas de fun pentoute ces temps-ci ». « Lâchez-nous pas, sinon on va tous finir par flipper des burgers! » On fera pas ça, Larissa. On fera pas ça…
Gagnants dans les diverses catégories du GAMIQ 2024
Artiste de l’année – P’tit Belliveau
Révélation de l’année – DVTR
Espoir 2025 – Kaya Hoax
Hommage – Deja Voodoo
Simple de l’année – Aire de Plastique – Bon Enfant
Album Rock de l’année – Population II – Électrons libres du québec
Album Folk – Arielle Soucy – Il n’y a rien que je ne suis pas
Album Indie-Pop – comment debord – monde autour
Album Indie-Rock de l’année – Malaimé Soleil – Tempête
EP Rock – Population II – Serpent-Échelle
EP Folk – Maude Audet – Chansons pour toi
EP Indie-Pop – Zea Calla – Le monde brûle, mais moi aussi
EP Indie-Rock – pataugeoire – chansons de piscine vol.1
Album/EP Hip Hop – Calamine – Décroissance personnelle
Album/EP Soul R’n’B – Hawa B – Sadder but better
Album/EP Electro – Anachnid – Freak of nature
Album/EP Post-Punk/Post-Rock- Yocto – ZeptaSupernova
Album/EP Experimental – Melissa Fortin – Prismacolore
Album/EP Metal – Guhn Twei – Glencorruption
Album/EP Punk – DVTR – Bonjour
Album/EP Mondo – Boogat – Del Horizonte
Album/EP Jazz – Carl Mayotte – Carnaval
Album/EP Musique Classique – Lydia Clapperton – Lumière dans la forêt
Album/EP Country de l’année – Alex Burger – Ça s’invente pas
Album/EP Trad – Les Rats d’swompe – Pause Gorgée – Vol.1
Album/EP Hors-Québec – P’tit Belliveau – P’tit Belliveau
Vidéoclip Pro de l’année – Alex Burger – Allés-Retours
Vidéoclip Animation de l’année – DVTR – Les flics sont des sacs à merde.
Vidéoclip Budget de l’année – Rouge Pompier – Vendredi
Vidéoclip Auto-Production (DIY) de l’année – Calamine – Backlash
Festival de l’année – Music 4 Cancer
Média de l’année – Le webzine punk Le Bad Crew (félicitations, collègues!)
Podcast/Émission de radio de l’année – La Paire d’Écouteurs
Salle de spectacles de l’année – Café du Clocher
Organisme ou initiative pour la communauté de l’année – Gueuleuses (un répertoire numérique recensant plus de 1500 groupes punk et métal qui font place à des femmes oeuvrant dans « les chants saturés »)
Services aux artistes – Doze
Relations Médias – Larissa Relations Médias
Étiquette de disques de l’année – Bravo Musique
- Artiste(s)
- Alex Burger, Anachnid, Arielle Soucy, Bon Enfant, Boogat, Calamine, Carl Mayotte, DVTR, Guhn Twei, HAWA B, Kaya Hoax, Les Rats d'Swompe , Lydia Clapperton, Maude Audet, Mélissa Fortin, P'tit Belliveau, Pataugeoire, Population II, Rouge Pompier, Yocto, Zéa Calla
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Café du clocher, Foufounes Électriques
- Catégorie(s)
- Alternatif, Country, Electro, Electropop, Folk, Gala, Garage rock, Indie, Indie Rock, Jazz, Métal, Musique du monde, Pop, Punk, Québécois, R&B, Rap, Rock, Rock 'n' roll, Rockabilly, Soul,
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