Messe des Morts

Messe des Morts VII – Génèse avec Profanatica et Asagraum

Une première soirée à guichets fermés au Piranha Bar, qui a vu les Scandinaves d’Asagraum pratiquement voler la vedette à Profanatica, alors que la qualité générale du son et l’atmosphère font amèrement regretter les Katacombes.


Parce qu’au Piranha si tu t’éloignes trop de la scène, en plus de ne rien voir, tu es dans les lumières du bar et de la rue, avec les gens qui parlent autour de toi, perdant l’immersion et la communion avec le groupe. Et si tu t’approches trop, tu en prends plein la gueule et le son est confus. Il n’empêche que la soirée d’ouverture est encore un succès puisque complet.

C’est la horde de Québec, Atroce, qui se voit confier le bris de la glace, chose qu’ils feront avec une grande classe. Le premier groupe de la soirée est celui qui a le plus de mise en scène et décor, avec un attirail impressionnant digne d’un Watain des débuts, crânes d’animaux, drapeaux occultes, chandeliers et autres ossements. Le tout arrosé de sang et envoûté par des encens qui brûlent pour masquer l’odeur de charogne.

Atroce s’approprie également un des meilleurs sons de la soirée, peut-être parce que les guitares sont moins fortes, et qu’elles envoient de très bons riffs maitrisés. Mais surtout, quel frontman, un shaman possédé qui mène sa meute black death avec une conviction et une énergie remarquables. Bonne surprise, un groupe qui aurait mérité sans problème d’être plus haut sur l’affiche.

Atroce-MdM-2017-2

La barre est alors tellement haute qu’il va être difficile de suivre pour le trio Oppression. Formé de membres de Black Scorn et Sovannak Ké, le groupe montréalais manque peut-être encore un peu de bouteille pour s’en sortir et attirer plus l’attention. Un black métal cru, basique et simpliste, presque punk par moments, qui trouvera quand même quelques passages hypnotisants, avec des variations de voix intéressantes. Mais musicalement et scéniquement leur tâche n’est pas facile à ce moment précis de la soirée.

Oppression-MdM-2017-1

C’est au tour des Américains One Master d’investir la scène, mais la pente est encore dure à remonter, surtout avec un son de guitare exécrable et trop fort au début. Bien dommage car le quatuor défend un dernier album très honorable, Lycanthropic Burrowing, dans un black metal plus épuré et une voix moins saturée que la moyenne. Et ça frappe solide et précis derrière la batterie, il y a du niveau, mais une fréquence ne passe pas au niveau des guitares, le tout est confus et plutôt incompréhensible. Et ce n’est pas leur look « casual, je sors du travail » qui les aidera à se rattraper scéniquement. Frustrant, le potentiel était là.

OneMaster-MdM-2017-2

C’est alors qu’on allume de nombreux chandeliers et bougies sur la scène, préparation du prochain rituel : le baptême du feu en Amérique du Nord pour Asagraum.

Auteures d’une des sorties black metal de l’année remarquable avec leur premier album Potestas Magicum Diaboli, les quatre filles donnent une des meilleures (si ce n’est là meilleure ?) prestations de la soirée. Leurs arpèges dissonants à deux guitares et leurs riffs mélodiques ne réinventent pas la roue mais sont très inspirés, d’une efficacité indéniable et diabolique.

Les Scandinaves maquillées captivent une foule compacte emportée dans leurs sombres prières qui résonnent peut-être avec trop d’effets dans la voix, mais les vibrations maléfiques sont là. Il faut dire que les filles ont du métier puisque certaines ont déjà joué avec Nargaroth, Craft, Abyssic ou encore Nattefrost. Un sans faute musical et Asagraum s’affirme comme une des pointures du festival, et un groupe dont on n’a pas finit d’entendre parler.

Grille de chansons Asagraum :

Transformation
Black Triangle Temple
Leviathan
Daar Waar Ik Sterf
Black Sun Prayer
Carried by Lucifer’s Wings
I Burn within the Devil

Asagraum-MdM-2017-5

La tête d’affiche était confiée au trio occulte Profanatica, où on retrouve notamment un membre d’Incantation, ainsi que le sorcier dans le film Holy Graal des Monthy Pythons à la batterie et au chant. Alors que leurs derniers albums font un choix discutable de sur-mixer une basse saturée qui bave sur la guitare, il faut reconnaître que la formule marche beaucoup mieux en live, et que leur son nous met une bonne claque sale.

Mais alors que les Américains commencent à peine à nous marteler leurs blasphèmes et que le mosh-pit explose en écho à leur violente noirceur, un problème de guitare interrompt le concert. De la cire a coulé sur l’ampli, et on dirait que ça fait faux contact quelque part, ce qui fâche le guitariste qui quitte la scène en pulvérisant des bougies alors que l’équipe de son s’agite pour rapidement régler le problème.

Les rock-stars en tenue de prêtres reviennent et la violence recommence. Même si il manque quelque chose pour transcender et que le tout s’essouffle par moment, les riffs et le son de Profanatica ont quelque chose d’à la fois accrocheur, pesant et lourd qui vient nous traîner dans des abysses infernaux pour terminer cette Génèse.

Grille de chansons Profanatica:

Unto us He is Born
Mocked Scourged and Spit Upon
Holy Trinity Done
Your Crucifixion Your Death
Of Holy Sacrament and Semen
Conceived with Sin
Fuck The Messiah
Heavenly Father
Once Removed Savior
Weeping in Heaven
Final Hour
Spilling Holy Blood
I Arose

Profanatica-MdM-2017-3

Une première soirée loin d’être transcendante à cause du son de la salle mais avec de bonnes surprises et découvertes, et tout de même une diversité de genres et de pays encore appréciable et typiques de ce festival unique que Montréal peut être fier d’héberger.

Voici en bonus un best of des phrases entendues dans le public :

(à propos d’Asagraum) :
– Ça me fait penser un peu à Darkened Nocturn Slaughtercult
– Mais non rien à voir, tu dis juste ça parce que c’est des filles !

(à propos de la soirée avec Mortiis en tête d’affiche) :
– Est-ce que tu viens demain ?
– Naaah, too much keyboards…

(à propos des directions sur la ligne verte) :
– Pas l’habitude, le métro en Abitibi on y va juste pour des tomates !

Vos commentaires