M pour Mtl (festival)

M pour Montréal 2022 – Jour 4 | La tournée des perfos féminines

Sors-tu? était partout pour ce dernier sprint du festival M pour Montréal. Au Club Soda, mais aussi au Quai des Brumes et au National, où les femmes étaient à l’honneur. Le doux folk de Shaina Hayes et de Lonny a démarré la soirée avant qu’elle ne soit marquée de la pop dansante de Chiara Savasta, Lili-Ann de Francesco et Clodelle.

La Gaspésie, d’où est originaire Shaina Hayes, semble avoir fait son chemin jusqu’à la scène. On y entend entre les cordes de guitare qui se grattent ses étendues d’eau, les bourrasques qui fouettent ses rochers, son calme. Surtout son calme. Hayes chante la nature et l’incarne aussi.

Sa présence douce et presque effacée laisse la quasi-totalité de la place à la musique. Son regard communicateur, extrêmement humain, semble nous dire : écoutez-moi, comprenez-moi, nous sommes tous les mêmes. Seule avec sa guitare et sa discrétion, l’autrice-compositrice-interprète country-folk pige dans une setlist composée de morceaux de son dernier album To Coax a Waltz, applaudie par la critique, et de pièces plus récentes.

Hayes maîtrise sa voix et ne connaît aucun dérapage. Elle l’exploite dans un registre souvent assez grave et restreint, mais brille aussi dans les chansons plus haut perchées. Un doux country qui se calque à merveille sur son répertoire s’en imprègne à quelques reprises.

Celle qui est agricultrice avant d’être chanteuse sort tout juste d’une retraite d’écriture en vue d’un second opus. En résulteront peut-être des œuvres aussi berçantes et enveloppantes que ce qu’on lui connaît déjà – du moins, on l’espère.

Lonny

C’est à l’artiste française Lonny de clore la soirée. L’autrice-compositrice-interprète ne s’éloigne pas trop des sentiers déjà battus par Shaina Hayes en pondant un folk toutefois un peu plus écorché, un peu plus lo-fi.

Elle est accompagnée d’une musicienne et d’un musicien, ce qui mène le nombre de guitares sur scène à trois, électrique comme acoustique. Le squelette des chansons se fait donc complexe, vibrant, mais jamais trop. Les riffs sont nostalgiques et pesants, excellente nouvelle, car la voix de Lonny est enveloppée de quelque chose de très émotif, presque dramatique.

Bien triste que le public placote et s’exclame une bonne partie de la performance, comme si un spectacle n’était pas en train de prendre forme sur scène. C’est tout un contraste avec le « soft, sweet, intimate party » qui a précédé, comme Shaina Hayes l’a elle-même qualifié. La musique de Lonny, tout en retenue, nécessite pourtant un silence quasi complet.

N’empêche, elle performe ce qu’elle a à performer avec douceur et générosité. « C’est émouvant pour moi d’être là », chuchote-t-elle presque. Son dernier (et seul) album, Ex-Voto, a été enregistré à Montréal aux côtés du réalisateur et auteur-compositeur Jesse Mac Cormack. La magie de la métropole semble avoir marqué Louise, de son vrai prénom, qui a même écrit une chanson sur l’hiver. « J’ai vécu ma première neige », s’enthousiasme-t-elle. Cliché canadien? Bon. Mignon tout de même.

Chiara Savasta, Lili-Ann de Francesco et Clodelle : pop-réconfort

Une fois la programmation enivrante du Quai des Brumes passée, c’est le National qui tombe dans notre mire, avec Chiara Savasta, Lili-Ann de Francesco et Clodelle à l’horaire. Trois femmes (!) au son pop et entraînant, dont deux avec une importante tribune sur les réseaux sociaux : on s’attend à un National plein à craquer, et pourtant. Seul un petit amas de spectateurs et spectatrices chante et se déhanche au devant de la salle. Un lieu plus intime aurait été de mise, c’est certain.

Le sommet de la soirée a sans aucun doute été la performance de Lili-Ann de Francesco, connue entre autres pour son passage à La Voix et son travail comme actrice. Son dernier album remonte à 2019 ; depuis, elle a fait paraître trois singles, tous en 2022, qui ont été de passage sur scène hier. Lili-Ann, si elle ne réinvente aucune roue, offre une pop solide doublée d’une voix riche et extrêmement juste. Ajoutez à cela une prestance pétillante et tous les ingrédients sont réunis pour un accueil favorable et enthousiaste au Québec.

Chiara Savasta et son band ouvraient la soirée. La jeune autrice-compositrice-interprète n’a qu’un pied dans le monde professionnel de la musique, elle qui a fait paraître son premier microalbum SummerHood, Pt.1 il y a un peu plus d’une semaine seulement. Sa mince expérience se ressent sur scène en raison de quelques notes qui ne sont pas totalement atteintes, peut-être faute d’assurance, et d’une excitation palpable et charmante d’enfin livrer ses morceaux devant public. Sa bedroom pop grandement (peut-être trop?) influencée du début des années 2000 est flottante et agréable, et dresse la table pour ce qui suivra.

Le dernier segment était réservé à Clodelle, connue notamment pour son passage à Occupation double dans l’Ouest. La pop trilingue (qui se transforme parfois en trap) qu’elle chante sur son dernier album Gemini avait de quoi piquer la curiosité. Sur scène, cependant, le résultat est moins flamboyant qu’espéré. La présence de Clodelle est plutôt statique et réservée. Sa voix crémeuse et son vaste registre ne sont pas entièrement exploités et on peine souvent à comprendre les paroles qu’elle prononce.

Notons la présence de Claude Bégin, réalisateur de son album, qui l’accompagne pour quelques chansons, dont L’amour de leur ami Karim Ouellet. Un hommage gorgé d’amour et de douceur.

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