La Bohème d’Alain Gauthier et James Meena | Version à découvrir sous les étoiles

Samedi soir avait lieu la première de La Bohème à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Célèbre opéra de Puccini, il a été cette fois-ci revisité par le metteur en scène Alain Gauthier et le chef d’orchestre James Meena. Présenté à guichet fermé, nous avons eu la chance d’assister à la générale jeudi soir et l’enthousiasme du public à l’issue de cette dernière répétition témoigne d’une version plutôt convaincante avec des solistes particulièrement éloquents.


Un décor ambivalent

Bien que l’on se soit senti vraiment chez Puccini après les premiers grands airs, on a toutefois mis un petit temps avant d’y pénétrer. En effet, l’opéra s’ouvre sur un décor difficilement identifiable. On sait qu’il s’agit de Paris, d’une mansarde et d’une veille de Noël, mais on regrette le côté intimiste, misérable et froid dépeint dans le livret. Le 3ème acte en revanche offre un décor beaucoup plus clair, poétique et sobre – un grand portail noir, deux arbres et des flocons de neige – la recette parfaite pour nous réconforter avec le vrai hiver. On a par ailleurs apprécié la très belle ouverture en contre-jour du 2ème acte démontrant subtilement la vie trépidante du Café Momus.

 

Un jeu légèrement timide

Dans cet opéra où s’entremêlent joie et tristesse, amour et haine, richesse et misère, on regrette quelque peu le manque de contraste de caractères et le côté parfois un peu timide des interprètes. Dans le 2ème acte par exemple, alors qu’il se déroule dans un café dynamique, on a senti un manque d’énergie, en particulier de la part des enfants censés faire preuve d’un esprit joueur et insouciant ; de même lors de l’arrivée du tambour-major, on a pu constater la volonté du metteur en scène Alain Gauthier, de créer quelque chose de brillant et grandiloquent, mais l’ambiance artificielle semblait quelque peu rigide, et presque trop lourde jusqu’à la tombée du rideau.

On a pu faire le même constat dans le dernier acte avec Rodolfo, Marcello, Schaunard et Colline qui se livraient à des jeux de gamins, et si Justin Welsh (Marcello) semblait particulièrement à l’aise, les trois autres l’étaient un peu moins.

 

Des chanteurs convaincants et un orchestre de caractère

Dans la mesure où il s’agissait d’une générale, on peut excuser le manque de puissance des solistes à certains endroits notamment lors de la première apparition de Mimi (France Bellemare), durant laquelle l’orchestre se faisait un peu trop présent. Elle s’est par la suite imposée davantage et on ne peut que la féliciter pour sa voix pure et lumineuse. On a également beaucoup apprécié Lucia Cesaroni dans le rôle de Musetta, très à l’aise dans son numéro de séductrice et davantage lorsqu’elle feignit une soudaine douleur au pied…

Par ailleurs, Luc Robert dans le rôle de Rodolfo a su donner une grande valeur au caractère tragique de l’œuvre, particulièrement dans la toute fin de l’opéra, aussi bien dans son jeu scénique que dans son émotion vocale.

Tout au long de la pièce et particulièrement à la fin, l’Orchestre Métropolitain a joué son rôle à merveille. Placé sous la baguette du chef états-unien James Meena dirigeant par cœur et avec enthousiasme, l’orchestre a fait preuve de beaucoup de répondant et de dynamisme. 

Quoiqu’il en soit, cette version de qualité s’avère tout à fait intéressante. Dans le cadre des festivités du 375e anniversaire de Montréal, elle sera projetée sur écran géant lors de l’événement gratuit Sous les étoiles, le samedi 27 mai au Stade Percival-Molson.
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