Voivod

Wings Of Metal 2017 | Dernière édition d’un évènement rare et précieux dans la planète heavy metal

Trois soirées de folie métallique, d’épiques décibels, de headbang, de thrash/black/heavy metal avec un public de passionné(e)s. Seize groupes de différents continents finement sélectionnés, des gens de partout dans le monde: Montréal peut se vanter d’avoir hébergé un des festivals les plus uniques dans son genre. Retour sur cette dernière édition du Wings Of Metal aux Katacombes, théâtre d’un évènement rare et précieux dans la planète heavy metal.

Acte III – samedi 9 septembre

L’ouverture du samedi est confiée à Outre Tombe. La formation de Québec officialise la Flying V comme le modèle de guitare le plus utilisé au Wings Of Metal 2017. Le quatuor envoie un death metal à l’ancienne bien lourd avec de très bonnes influences Bolt Throweriennes et Obituaryiennes, notamment dans la voix, mais chantant en français. De bons riffs écrasants et des vocaux à la hauteur. Pas évident d’embarquer à 18h avec deux jours de festival dans les jambes, mais le public est toujours présent et nombreux. Outre Tombe livre la marchandise sans détour et dans la langue de Molière, méritant sans problème une place plus haut dans l’affiche.

On retourne au Chili avec Slaughtbbath qui ouvre le feu tant bien que mal. Malgré un démarrage un peu difficile, la température se réchauffe lors de la prestation. Parce que des guitares BC Rich, ça a de la gueule, mais ça sonne jamais très bien. Et la frappe du batteur manque un peu d’épaisseur. Mais la fin du concert s’améliore, avec des extraits de l’album Hail To Fire comme Awaken To Slay. Slaughtbbath possède cette lourdeur un peu à la Destroyer 666 avec des refrains appuyés par deux chants, des gros bracelets à clous, et un black thrash direct et sans concessions qui veut tout détruire sur son passage. A noter que les trois groupes sud-américains du festival enchaînent avec une tournée au Canada et aux Etats-Unis en ce moment.

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Place à Crypt Sermon, groupe de Philadelphie. Il est peut-être un peu tôt pour du doom aussi lent et pesant, mais les gars sonnent très bien, avec une excellente voix presque classic hard rock. On remarque beaucoup Steve Jansson, guitariste impressionnant qui shredde tout en mélodie, et ça fait du bien d’entendre autre chose que des solos de thrash typiques à la Slayer abusant de whammy bar/vibrato. Pas étonnant que l’homme ait déjà été engagé par Vektor pour une tournée. Un bon concert de la part de Crypt Sermon, même si quelques longueurs se font ressentir vers la fin.

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Et voici un des gros noms du festival. On retourne dans un son plus rock’n’roll avec la Lespaul de Brian Tatler, meneur de Diamond Head depuis 1976. Les Anglais nous gratifient d’un set très concentré sur leur album classique, Lightning To The Nations, seule différence avec leur concert dans cette même salle l’année dernière. Autre différence : une salle pleine à craquer qui chante les classiques It’s Electric ou Helpless. Les solos de Brian sont toujours fabuleux, pendant que le chanteur Rasmus court de partout. Le jeune vocaliste donne tout un spectacle, très professionnel, mais a parfois tendance à en mettre trop au goût de certains. Il n’empêche que Am I Evil restera un des moments forts du festival, chanté à l’unisson par des Katacombes en délire, ou le niveau d’alcool commence à monter sérieusement. Une légende de la NWOBHM qui s’ajoute au beau palmarès du festival.

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L’acte suivant est unique et mystique. Les trois membres originaux de Pagan Altar rendent hommage au défunt groupe sous le nom Time Lord, avec Brendan Radigan de Magic Circle au chant, et de loin dans une salle sombre, Dave Mustaine à la basse (c’est en fait Diccon Harper de plus près). Sans oublier Andres Arango à la seconde guitare, également batteur de Muertos, et bassiste de Metalian, on se demande de quel instrument il ne sait pas jouer. Résultat de cette chimie inédite ? Un concert absolument magique, transcendant la musique unique de Pagan Altar dans le plus bel hommage qu’on aurait pu imaginer. Le son est parfait, et le jeu de guitare unique d’Alan Jones va envoûter une salle en transe aux sons des riffs et mélodies de Pagan Altar, de Lords Of Hypocrisy à Mythical and Magical, sans oublier des extraits du dernier Room Of Shadows. Brendan donne une superbe performance au chant, avec une assurance, une présence et une humilité remarquables. Le mélange unique de hard rock, doom et heavy metal avec des solos épiques et des refrains entrainants va conquérir même les non-initiés au groupe culte. Un concert unique, d’où une aura mystique se sera dégagée, comme si Terry Jones était quelque part avec nous, dans la fumée envoûtante. En tout cas il serait fier, et Annick en a les larmes aux yeux. Fantastique.

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Comment apporter meilleure conclusion à la dernière édition d’un festival montréalais qu’avec un des groupes québécois les plus légendaires dans la planète métal ? Il est minuit passé, et il devient difficile de se déplacer dans la salle, même à l’étage, tellement il y a de monde. Voivöd est ovationné alors que Killing Technology fait exploser un mosh-pit des plus intenses. Les quatre musiciens trippent devant la folie ambiante. Snake trouvera le cri de ralliement du festival en hurlant entre les morceaux « Wings of metaaaaal ! » en imitant Judas Priest. Un extrait de l’album Roaaaaar ! crée le même effet dans la foule qui rugit dans un mosh-pit increvable. « Voyons donc, ça peut pas être la dernière ! Annick elle est comme Ozzy Osbourne en fait, elle dit que c’est la dernière, mais elle va revenir !» Le chanteur ne manque pas de remercier l’organisatrice, soulignant que quand on est passionné, sky has no limits. Il remercie également tous les gens présents qui ont voyagé de partout dans le monde d’être présents ce soir. « Somehow, we are connected. »

Et le groupe d’enchaîner le morceau du même nom, avec un Away qui martèle ses futs de plus belle, et un Chewy souriant toujours incroyable à la guitare. Un des rares sinon l’unique guitariste à être capable de faire sonner le thrash progressif et dissonant de Voïvod et les riffs singuliers de feu Piggy. Les gars terminent avec un Voïvod d’anthologie, des centaines de poings dans les airs et un mosh-pit final qui frôle encore la bagarre. Voïvod remonte sur scène pour un rappel avec Overreaction, avant de saluer une dernière fois la foule en ébullition. Quelle soirée encore.

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Set-list Voivod

Killing Technology
Post Society
Psychic Vacuum
Inner Combustion
Blackguards
The Prow
Ravenous Medicine
Fall
Korgull
Lost Machine
We Are Connected
Voivod

Rappel: Overreaction


Ainsi s’achève l’ultime édition du Wings Of Metal. Dur de mettre les mots sur ce qui se dégage de cet évènement, outre la superbe énergie et folie échangées lors des concerts. On doit bien sûr parler du public incroyable et varié, de la passion d’une musique qui pousse les gens à voyager si loin. Le Wings Of Metal prouve encore une fois que la flamme brûle plus que jamais, et qu’il existe toujours une culture heavy metal authentique. Mais surtout, le Wings Of Metal donne de l’espoir quant à l’avenir et la pérennité d’un style musical, et à l’existence d’un vrai public avide de musique, et par-dessus tout, prêt à découvrir et supporter de nouveaux groupes, à encourager la création et l’écriture. De l’or, à une époque où les derniers dinosaures fondateurs s’éteignent après avoir rempli des stades de publics familiaux, et où les bars s’entêtent à engager des tribute bands, la culture heavy metal survit dans l’underground, prête à porter les nouvelles générations de groupes qui prendront la relève. Bravo à Annick et son équipe, bravo aux groupes, bravo au public : que le Wings Of Metal trône à jamais au panthéon du heavy metal.

Consultez également : notre entrevue avec Annick Giroux de Wings of Metal

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