crédit photo: Marc-André Mongrain
Santa Teresa (festival musique)

Santa Teresa 2022 – Jour 1 | Parfait trio pour lancer les festivals

Le désormais fameux week-end de mai qui lance la saison des festivals est là !  Celui-là même qui nous cause des maux de tête à devoir choisir entre Metro Metro, Pouzza Fest et Santa Teresa, mais peu importe, qui permet aux festivaliers de se dégourdir enfin… surtout après deux ans de retenue !  Du côté de la Rive-Nord, le festival banlieusard-cool Santa Teresa misait sur un triplé local pour attirer les adeptes de festivals à Sainte-Thérèse : Lydia Képinski, Choses Sauvages et Hubert Lenoir. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’était un pari judicieux.

Dame Nature s’est fait clémente pour l’occasion : il faisait beau, plus chaud que la normale pour un 20 mai, et le soleil préparait un couché paresseux comme on les aime, pendant que Lydia Képinski lançait la soirée sur la scène extérieure.

Celleux qui n’avaient pas suivi la métamorphose de Lydia ont dû faire le saut : le nouvel album Depuis, lancé en avril dernier, se veut une « pop alternative satirique, où l’on retrouve des nouvelles déclinaisons de l’époque disco converties en richesse harmonique inventive ».  En d’autres mots : Lydia s’est ennuyée de danser avec ses ami.es durant la pandémie, et a soutiré de ce sentiment un nouveau son plus pop, plus dansant, souvent disco, sans perdre du charme oblique et un peu champ gauche de son approche, disons, alternative.

Vêtue d’une robe noire aux manches paillettées, on sent, du look à l’attitude sur scène, que son charisme est désormais plus assumé que jamais, et qu’elle a pris en confiance, des hanches au chant !

Le répertoire interprété en ce vendredi soir est principalement tiré de ce nouveau disque tout chaud : les excellentes L’Imposture et Deux jours explorent toutes deux ce petit côté « Dalida-disco » dont on parlait, incarnant bien cette dualité typique du disco entre la danse débridée et le côté tragique de ce qu’on tente d’oublier en dansant, alors que Vaslaw est très certainement ce qu’elle a de plus près d’un hit.

Bien entourée de musiciens expérimentés — dont Blaise Borboën-Léonard aux claviers, qui a réalisé l’album et contribué à son virage sonore — on la sent totalement investie dans cette approche plus électro-disco, sur son X sans sa guitare. Sa voix est plus juste, plus puissante, plus mature. Mais surtout, Lydia Képinski est devenue une frontwoman, et toute une !

Durant une retentissante relecture de 360 jours en fin de prestation, elle se dirige vers l’étrange section/cabane VIP (nommé Les Subversifs, on sait pas trop pourquoi), puis s’épanche sur une balançoire à la surprise d’une spectatrice qui mangeait un burrito, avant de se joindre à la foule pour danser avec eux.

C’était comme un triple-point exclamation à la fin d’une phrase en MAJUSCULES.

Lydia n’a pas raté sa chance de faire bonne impression, et d’avertir le public que la Képinski 2.0 est prête à faire sa place parmi les Louanges, Klô et, justement, Hubert : l’élite des nouveaux porteurs du flambeau de la chanson québ.

 

Choses Sauvages

C’est presque ingrat de devoir suivre cette prestation de feu, mais Choses Sauvages était le bon groupe pour bâtir sur cette énergie !

Chanteur et frontman hors-pair, Félix Bélisle prend les choses (sauvages) en main, soutenu par la troupe de musiciens qui active la machine à groove électro-dance.

Avec des chansons comme Homme-machine et Chambre d’écho, Choses Sauvages a ce qu’il faut pour faire danser la foule, et parvient parfois à atteindre la zone plus sexy avec quelques titres plus lascifs.

On se demande toutefois s’il était judicieux de les insérer en sandwich entre deux artistes qui ont des propositions artistiques aussi explosives que Lydia et Hubert…

 

Première québécoise de Hubert Lenoir

Il nous a fait languir : son nouvel album PICTURA DE IPSE : Musique directe est paru en septembre dernier, et malgré le relatif déconfinement-temporaire de l’automne dernier, et la réouverture plus convaincante du printemps, Hubert Lenoir n’avait encore jamais donné de spectacle officiellement au Québec.

On est allé le voir à Toronto. Il est allé cruiser la France et la Belgique aussi.

Mais le voilà enfin, qui multiplie les annonces de shows en festivals au Québec pour tout l’été !

Ça commence avec Santa Teresa, et force est d’admettre que si ça virait drôlement plus punk sur scène que sur disque avec les chansons de Darlène, le constat est encore plus vrai avec Pictura ajouté à son répertoire !

Muni d’une canne, vêtu d’une robe, coiffé d’un chapeau d’hiver et maquillé comme une catin, il se pointe en grande forme avec sa gang costumée comme des ouvriers. L’énergie primale de ses excès sur son plus récent album donne lieu à une ouverture époustouflante et déroutante avec Golden Days, et ça ne va pas se calmer !  Il s’en dégage une ambiance digne des meilleures années du nu metal, et la foule est en délire complet en avant !

 

 

Ça va se calmer ici et là, notamment lors d’une interprétation de Si on s’y mettait de Jean-Pierre Ferland, ou la downtempo MTL Style Libre. Mais dans l’ensemble, il se dégage du show de Hubert Lenoir une volonté punk de faire à sa tête, et de proposer un spectacle partiellement chaotique, comme un gros party avec des moments un peu confus, comme ce jam vaguement ska qui nous a largué un peu, pendant quelques instants.

Mais avec des titres comme Sucre et sel et Quatre Quarts, Hubert et sa troupe peuvent se permettre de laisser quelques moments de désordre pour le charme punk que ça apporte. Quand ça fonctionne, ça fonctionne assez fort pour compenser les instants plus décousus.

Un show d’Hubert Lenoir ne serait pas complet sans une interprétation tout feu tout flamme de l’hymne Fille de personne II.

Laissez-moi vous dire une chose : I’m Back Baby!

On demande pas mieux !

La foule, d’ailleurs, en redemandait après le rappel, si bien que les gens ont entonné Recommencer presque en entier une fois la sonorisation éteinte. On voulait prolonger la fête au-delà du couvre-feu du festival !  C’est toujours bon signe.

Ce sera intéressant de voir comment Hubert Lenoir et ses musiciens vont façonner ce spectacle au fil des opportunités en festivals. On retournera assurément les voir à l’automne prochain, en salle, si ça se trouve…

En ce qui a trait à Santa Teresa, ça se poursuit samedi soir avec une programmation hip-hop fort intéressante sur la scène principale : Princess Nokia en tête d’affiche, mais aussi Loud en remplacement de Pressa, $Not, Skiifall, Tizzo, SLM et High Klassified.  Ou encore, dans l’Église Ste-Thérèse-d’Avila, Safia Nolin et The Weather Station.

Dimanche, Santa a eu la drôle d’idée de confier la tête d’affiche au one-hit wonder à peine pertinent il y a 20 ans, Jimmy Eat World, alors que la sous-carte aurait mérité mieux comme locomotive : Plants and Animals, Corridor, FANCLUBWALLET (à découvrir), Douance et Les Hôtesses d’Hilaire (qui lançaient leur nouvel album avec un concert surprise à Montréal cette semaine). Cette enfilade à elle seule vaut le détour.

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