crédit photo: Jérôme Daviau
Les Hôtesses d'Hilaire

Concert surprise des Hôtesses d’Hilaire à Montréal | Pas l’temps d’niaiser (mais we’re gonna have some fun today!)

On retrouve les Hôtesses d’Hilaire après la pandémie en ce concert « surprise » à la Sala Rosa… Bon, la date surprise entre Gatineau et Québec laissait peu de doute que le show serait dans la métropole ! Mais un show des Hôtesses, c’est une offrande et un voyage dans leur rock entre prog et psychédélisme et ça ne se refuse jamais.

Le band nous avait laissé en 2018 avec leur grosse production Viens avec moi, opéra rock ambitieux avec la coopération des amis des Deuxluxes et des Hay Babies. On les retrouvait mercredi soir après la pandémie et ses revirements et errements qui nous ont tous frappés plus ou moins fort. Le groupe nous présente donc son nouvel album Pas l’temps d’niaiser, une assertion qui n’étonne pas ceux qui les ont déjà vus ou entendus. Quand les Hôtesses arrivent, on range les enfants et on sort les bouteilles, les bongs, les champis et les guitares avec les bons gros synthés analogiques.

D’ailleurs, si le band n’a jamais caché ses influences prog, on leur saura gré de ne jamais sombrer dans les ornières du genre, à savoir des compositions trop longues et indigestes, parsemées de solos à n’en plus finir. Pas l’temps d’niaiser est condensé : 11 titres en 40 minutes avec des instrumentaux. Ça respire et c’est dense à la fois.

Le groupe venait en faire le lancement à Montréal dans une Sala Rosa bien pleine et bouillante. Ils entrent en scène le visage tout pailleté comme des fans de Kiss sans maquillage et habillé en combinaison de mécanicien. Même Serge Brideau, chanteur et icône du groupe, en a fini de la robe qui faisait hurler si fort les madames de Mascouche et Saint-Bruno après l’avoir vu dans une émission de Véronique Cloutier. « J’en ai plein mon cass de jouer à la mascotte… Ben, j’veux dire porter des robes, pis m’vider de la bière su’ la tête » nous téléphonait-il dans son opéra rock. C’est dit, tournons la page. Pu d’robe, pu d’fun ? Voyons donc !

I think it’s safe to say we’re gonna have some fun today!

Le show commence par l’intégral du nouveau disque et dans l’ordre, s’il vous plaît.

Si ce nouvel album ne décevra pas les amateurs de la gang acadienne, la prestation en concert nous permettra de nous assurer de la solidité du groupe rejoint par un nouveau bassiste, Rémi Arsenault, parfaitement à son aise avec le répertoire. Et le Brideau des grands jours est lâché, cachez vos poules!

Avec Washed Up Rock Band, le groupe se présente comme un outsider du rock. Sur Safe to say, Serge nous annonce « I think it’s safe to say we’re gonna have some fun today! » et c’est une promesse qui sera tenue par le groupe.

Serge se plaint que « ça pourrait sentir un peu plus le swing, mais c’est le fun icitte à soir! »

Avec Canoë Camping, le swing monte donc d’un cran avec même une timide tentative de mosh pit. Mais l’ambiance se fait plus réfléchie avec Autour du trou, un morceau tout en ambiance planante, construit autour de messages téléphoniques enregistrés de Serge avec un flat en plein hiver. Serge s’allonge sur scène et tweet ses messages sur son cell avec son tag fétiche #PostTaShit, en référence à ceci :

S’ensuit un morceau de bravoure avec un texte aux mushs plein d’inspiration avec This Is My Pencil, un hymne à… son crayon!?

Pour terminer la présentation de l’album, voici les deux morceaux de résistance : en premier un hommage senti et plus introspectif que d’habitude avec les funérailles de sa grand-mère qui tournent mal : « J’étais trop chaud, j’pouvais pas faire face »

Et l’ode à Hilaire, Hilaire à Joe Brideau, père de Serge, muse du band, présent sur toutes les pochettes de leurs albums et personnage charismatique avec ses folies et travers, disparu l’année dernière. Le texte se fait émotif et plus personnel qu’habituellement, à la fois fâché et cathartique.

Après le nouvel album, le show continue avec quelques grands titres du groupe dont une version de MDMA de 10 minutes, un titre qui me fait toujours autant tripper avec sa lente évocation d’errance sur les bords du fleuve un soir d’été et ses envolés lyriques pour finir sur un solo de guitare à un rythme effréné. Pas forcément novateur comme construction, mais quand c’est bien fait comme ça, ça se déguste avec plaisir.

Puis vient Super Chiac Baby dédié au PM néo-brunswickois Blaine Higgs, porte-étendard de la pétrolière Irving et fervent adversaire du bilinguisme… Charmant personnage qui nous ferait presque apprécier François Legault. Ou pas.

Pour terminer ce show intense, deux morceaux tirés de l’opéra rock Viens avec moi : la susmentionnée Post ta shit, incantation aux influenceurs du quotidien sur instagram, et le très country et enlevé Petit paradis au bord de l’eau.

Les Hôtesses d’Hilaire valident leur position de band de scène avec une performance toujours impressionnante avec d’excellents instrumentistes au service des morceaux. J’ajouterai que le travail des chœurs est toujours impressionnant, comme avec les Hay Babies qui ont en commun le guitariste Mico Roy.

Et si le côté théâtral voire caricatural du groupe est mis de côté, on retrouve plus d’émotion. Parce qu’au fond, derrière un personnage aussi grand que nature que Serge Brideau, on devine toute la sensibilité cachée derrière la grande gueule.

 

Grille de chansons

Pas l’temps d’niaiser – en intégral et dans l’ordre

1. Washed Up Rock Band

2. Safe To Say

3. Inconfortable

4. Pas l’temps d’niaiser

5. Canoë Camping

6. Autour du trou

7. This Is My Pencil

8. Zötessës

9. Mémére

10. Étude No 2

11. Hilaire à Joe Brideau

 

Ensuite

12. Mangez toute un char

13. Club Deauville

14. MDMA

15. Super Chiac Baby

16. Post ta shit

 

Rappel

17. Blues en G

18. Petit paradis au bord de l’eau

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