Rétrospective 2010-2019

Rétrospective 2010-2019 | Nos 10 albums instrumentaux de la décennie

La deuxième décennie des années 2000 tire à sa fin, et plutôt que de vous servir l’habituelle rétrospective des albums qui ont marqué notre équipe cette année, on a plutôt décidé d’y aller pour une rétrospective… de la décennie! Consultez maintenant nos Top 5 des albums instrumentaux qui ont fait vibrer le cœur et les oreilles de notre équipe de rédaction au cours des dix dernières années.

5. Chilly GonzalesSolo Piano III (2018)

Chilly Gonzales et sa carrière indescriptible ne pouvait pas être absent de notre article. Le Montréalais a, dit-il, terminé son cycle des albums Solo Piano avec ce troisième opus. Si les deux précédents l’ont fait connaître pour ses talents de pianiste, c’est le troisième qu’on choisit de garder dans cette rétrospective, pour sa recherche musicale qui s’étend vers des influences musicales plus inattendues les unes que les autres.

Si l’ambiance générale de l’album nous fait penser au compositeur Erik Satie, on a aussi apprécié d’être continuellement surpris par des hommages, des références et des clins d’œil faits par Chilly Gonzales tout au long de ses explorations pianistiques. La musique est souvent nostalgique. Les morceaux se succèdent avec des variations rythmiques et de style : on passe du jazz au nocturne, et on prend plaisir à se laisser bercer par les propositions délicates et tendres du pianiste.

– Ambrune Martin

4. Godspeed You! Black Emperor‘Allelujah! Don’t Bend! Ascend! (2012)

Godspeed You! Black Emperor est un monument dans la riche histoire du post-rock. À la fin des années 1990, le mystérieux collectif montréalais a posé les pierres de base de ce qui allait devenir un phénomène pour tout mélomane ouvert à cette approche instrumentale née d’un mélange d’art rock, de noise, de musique expérimentale et de compositions classiques contemporaines.

En 2012, après 10 ans d’absence, GY!BE était de retour avec Allelujah! Don’t Bend! Ascend!, un court album qui fait l’effet d’une bombe. Godspeed démontrait qu’il n’avait pas pris une ride, et pouvait toujours faire ce qu’il fait de mieux : ériger, à partir d’échantillonnages, de drones et d’instrumentation truffée de petits détails qui s’assemblent comme des atomes, des constructions sonores uniques et imposantes, qui déploient toute leur force dramatique en prenant tout leur temps. L’auditeur doit s’adapter au rythme auquel Godspeed fait les choses… mais la patience rapporte lorsque les crescendos atteignent leur apogée.

– Marc-André Mongrain

3. Jean-Michel BlaisDans ma main (2018)

Il y a un moment vers la fin de Chanson, dernière pièce de l’album, où on sort un peu de la bulle. Comme le moment où les lumières s’allument dans un long parcours de bus pour dire que le trajet est sur le point de se terminer. Pendant une quarantaine de minutes, Jean-Michel Blais crée un univers où les émotions prennent le dessus sur la réalité. On se retrouve seul en sa compagnie aux travers des multiples pianos. Puis, dans ce rêve éveillé, un téléphone cellulaire rappelle le monde extérieur. Une amie appelle le pianiste en plein enregistrement. Au diable une nouvelle prise, Jean-Michel Blais décide de garder l’appel sur l’album final. C’est qu’au cœur de toutes les émotions qui sont explorées, tant tendres que farouches, il y a l’humain, les proches, la famille. Roses fait écho au décès de la mère d’une amie ; A Heartbeat Away ramène le décès prématuré du père d’une autre amie à l’avant-plan. On pense à la mort, la religion, le monde, le cosmos, l’univers… jusqu’à ce que le vrombissement d’un téléphone, d’une tentative de connexion vienne mettre fin au rêve.

– Estelle Grignon

2. Ludovico EinaudiElements (2015)

Pour être honnête, je n’ai découvert le monsieur que très récemment. J’ai ainsi pu me plonger dans sa discographie et je dois dire que chacun de ses albums est un chef d’œuvre dans le genre. Sans paroles, il arrive à retranscrire des ambiances, des sentiments, faire naître des paysages, et Elements n’échappe pas à la règle. Le son de son piano est vraiment reconnaissable, à la fois charnel et parfois presque métallique suivant l’émotion qu’il veut créer. Ça change des productions instrumentales qui sont parfois proches des compilations de musique d’ascenseur. Forza Italia!

– Pascal Sain

1. Alexandra StréliskiInscape (2018)

Notre album instrumental préféré de la décennie s’avère être possiblement le plus simple, le moins chargé en terme d’instrumentation. Mais avec une économie de notes de piano, Alexandra Stréliski a réussi à toucher un large public et à contribuer grandement à ouvrir la porte toute grande pour le néoclassique auprès du monsieur et madame tout-le-monde. À preuve, à l’automne dernier, Alexandra Stréliski remportait 3 prix Félix au Gala de l’ADISQ pour cet album encensé, et pas les moindres : Album instrumental de l’année, mais aussi Découverte de l’année et Auteur ou compositeur de l’année. Pensez-y : non seulement ce prix Félix s’est rarement retrouvé entre les mains d’une femme ces dernières années, mais le prestigieux prix a également été remporté par une compositrice qui n’est pas autrice. Inscape est un phénomène populaire fascinant, et il suffit d’une écoute ou deux pour comprendre toute la portée émotive de ce petit bijou de musique instrumentale pour en comprendre tout le charme.

– Marc-André Mongrain


Mentions honorables à :

  • Colin Stetson – New History Warfare Vol. 3: To See More Light
  • Estas Tonne – Internal Flight
  • Jonny Greenwood – Phantom Thread
  • Nils Frahm – Spaces
  • Ólafur Arnalds – For Now I Am Winter
  • Echoes from Jupiter – Kosmonavt
  • Pawa Up First – Missing Time

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