Patrick Watson

Patrick Watson au Festival Santa Teresa | Divine lueur musicale

Dans le cadre du néophyte festival Santa Teresa, Patrick Watson a de nouveau été excellent. Rarement décevant, le groupe montréalais détonne toujours en jouant cette fois-ci dans l’imposante église de la ville de Sainte-Thérèse. Soutenu admirablement par Wilsen en première partie samedi soir — il était également en concert vendredi avec Louis-Jean Cormier et Safia Nolin en ouverture — le quatuor s’est démultiplié sur scène pour proposer une prestation majuscule, sans accrocs et avec passion.


On ne présente plus Patrick Watson. En compagnie de son groupe, le chanteur montréalais détonne toujours son public, que ce soit dernièrement lors d’un concert-bénéfice surprise organisé au Divan Orange ou à l’Église Saint-Jean-Baptiste en novembre 2013, qui a d’ailleurs donné lieu à un vinyle live paru lors du plus récent Record Store Day.

Quatre ans plus tard et un excellent Love Songs for Robots dans les bacs, c’est une nouvelle expérience ecclésiastique qui est menée, à raison puisque le style atmosphérique nous fait monter littéralement aux cieux. Ou presque. Une nouvelle forme de messe est donc née, celle où la Bible devient piano, celle où la profession de foi fait adhérer les fidèles à la parole de Watson.

 

Wilsen pour ouvrir la messe

Interrogé dans les colonnes de Sors-tu.ca, Wilsen envoûtent le monde qui l’entoure, eux qui s’inspirent de la tête d’affiche du soir Patrick Watson. C’est ainsi que le collectif new-yorkais joue quelques titres de son nouvel album I Go Missing in My Sleep durant une quarantaine de minutes. Et dès les premières notes, la haute bâtisse fait son effet et augure une soirée fantastique. La réverbération amplifie les subtiles notes de guitare tandis que les vitraux laissent apparaître les derniers rayons du soleil provenant de l’est.

Wilsen transparaît cette douceur imagée tant bien même que le guitariste use d’un archer et le batteur de maillets pour caresser leurs instruments. Réceptif, le public de Sainte-Thérèse offre même un tonnerre d’applaudissement lorsque Tamsin Wilson conclut seule avec sa guitare les dernières notes qu’elle siffle sur Final. Magique.

 

Patrick Watson illumine les lieux

Comme toujours, il est difficile de résumer l’heure et demie de concert de Patrick Watson tant la totalité de son répertoire joué est excellent. Parfaitement maîtrisé du début à la fin, l’expérience sonore est totale (jouer sur une scie, chanter dans un mégaphone). Celle visuelle l’est aussi puisque s’élève sur les parois du chœur et de la nef des lumières chaudes et lasers verts rendant l’espace scénique unique aux côtés de l’autel. Et même si la gestion des aigues fût parfois difficile (notamment sur certaines notes de guitare et voix féminines) et que l’on entendait de lourdes basses provenant de la scène extérieure, la qualité sonore fût au rendez-vous dans l’édifice.

Tout commence d’ailleurs fort avec une introduction menée tambour battant par l’une de ses choristes dont la voix résonne au plus haut des cieux. S’enchaînera la touchante Love Songs For Robots avant que le jeu de lumière s’intensifie sur Good Morning Mr. Wolf en fonction des breaks menés par le batteur Robbie Kuster. La puissante Bollywood sera ensuite là, avec son dédoublement rythmique, à intensifier les fumées qui s’extraient des imposantes ampoules fumantes entourant les musiciens. Et si le public ne s’électrise pas, ce n’est pas pour autant qu’il semble amorphe en témoigne les regards fascinés par les fumées qui se diffusent comme l’encens dans la liturgie. L’effet est magnifique, surtout dans un contexte pareil.

Dans cette messe particulière, Patrick Watson s’éclate avec son groupe. Il s’imagine prêtre avant Hearts en prêchant des mots inventés. Et derrière sa bonne humeur contagieuse se cache un excellent parolier capable de composer sur l’instant un titre dicté par trois mots extraits de l’imagination du public : « Muffin », « Reach Out » et « Blip On the Screen ». Rien que ça.

 

Une expérience unique

Passant l’exercice d’improvisation avec succès, Patrick Watson revient ensuite vers ses compositions en présentant notamment une toute nouvelle chanson Dreaming (selon la setlist). La gestion de sa voix de tête est excellente et conjugué à une instrumentalisation envoutante, le titre risque d’être un franc succès tout comme le sera sûrement le rappel Broken et ses mélodies mélancoliques jouées au piano.

Si l’Église Sainte-Thérèse-d’Avila détient un des plus hauts clochers de la province, Patrick Watson pourrait quant à lui se targuer d’être l’un de ceux qui se positionnent au sommet de la chaire musicale québécoise. « Take your time » dit-il d’ailleurs dans son titre Places You Will Go. Et c’est effectivement en prenant le temps d’écouter tous ces arrangements réussis que l’on mesure à quel point l’expérience Patrick Watson en concert est unique, comme cette clôture par Lighthouse où bien que toutes les lumières soient éteintes, elles laissent toutefois transparaître une divine lueur musicale.

Liste des chansons

  1. Love Songs For Robots
  2. Good Morning Mr. Wolf
  3. Hearts
  4. Bollywood
  5. Grace
  6. Man Like You
  7. Impro
  8. Dreaming (Nouvelle)
  9. Places You Will Go
  10. Turn Into The Noise
  11. Adventures in Your Own Backyard
  12. Broken (New)
  13. Into Giants
  14. Lighthouse

 

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