crédit photo: Sophie Prophète
1969 Live

Le Collectif 1969 en version live (ou quand le collectif s’individualise)

Un quatuor à cordes, une harpe, un saxophone, deux flûtes, un band et un­ line-up d’artistes avec du petit feuillage sur scène, y’avait des attentes pour ce show collectif au MTELUS. Malheureusement, l’esprit «communautaire» n’y était pas tant.  Le « party » a commencé deux chansons avant la fin, quand les artistes ont entonné la pièce Tu danses, Condessa, qui sur cette scène réunissait Elliot Maginot, les Soeurs Boulay et Claudia Bouvette alors que sur l’album cette pièce met en valeur la voix de Safia Nolin.

Justement dans les grands absents du spectacle, on notera Safia, Louis-Jean Cormier et Ariane Moffatt qui pourtant font très bonne figure sur l’album concept. J’imagine qu’ils avaient d’autres activités professionnelles en cours.

Toujours est-il que c’est Elliot Maginot qui a ouvert le bal tout en douceur. En arrière-scène sur un écran, on voyait défiler des formes géométriques et autres images se voulant « vintage ». J’ai de sérieuses réserves sur la scénographie et l’éclairage. C’était disons, très conventionnel. Pour un album concept « 1969 », je pense qu’on aurait pu oser davantage pour mettre en valeur ce nombre faramineux de musiciens; Montréal en lumière aurait pu flasher ses lumières davantage, disons.

 

À ce propos, la foule, plutôt bruyante, a accueilli les Soeurs Boulay un brin froidement. Le quatuor à cordes a su cependant intensifier leur performance. Pleure pas pour moi sonne définitivement mieux sur l’album, ceci dit.

Jason Bajada a ensuite fait son entrée. Je dirais avec un esprit plus 70’s dans le ton. Celui-ci a tenté de faire participer la foule à son refrain et il n’en fallait pas plus pour que son charisme enchante la foule. Tour de force, pour sa seconde pièce, Crushed Grapes, il a pu embarquer toute la foule dans l’ambiance (finalement!).

Ce genre de collectif donne l’occasion de découvrir de nouveaux artistes. Pour ma part, ce fut le cas de Claudia Bouvette, dont Post Mortem, une berceuse sur un fond de harpe, se pose calmement sur le disque. Celle-ci a par la suite livré une interprétation très sentie de Suzanne de Cohen.

Matt Holubowski s’est introduit en rendant hommage à l’instigateur de ce projet. Connor Seidel serait le premier à avoir cru en lui en 2015. Assis au clavier, il a livré une performance très appréciée de la foule qui s’est tue juste à temps pour la collaboration phare de l’album: la prestation de Half Moon Run.

La foule extrêmement enthousiaste a sur leur renvoyer leur énergique performance. Ils ont bien sûr fait Fatal  Line (la pièce sur laquelle ils collaborent sur l’album). Cependant, le moment fort fut Grow Into Love, véritable hymne entonné par la moitié de la foule.

Les superbes interludes de Philippe Brault et Joesph Mihalcean ont été savamment intégrées au spectacle. Des petits bijoux de pièces instrumentales permettant de lier tout ce beau monde-là ensemble.

Elisapie s’est ensuite imposée, je dirais, avec ses pièces plus intimistes en inuktituk. Ce trop gros MTELUS a semblé faire perdre l’essence de son paysage sonore. Souveraine, Elisapie gardait le cap dans son interprétation, mais passer après Half Moon Run n’était pas une mince tâche, on va se l’dire.

Les artistes se sont réunis finalement pour Tu danses Condessa, ce qui, à mon avis, aurait dû se produire au début du show. En rappel, le Petit roi de Jean-Pierre Ferland joliment interprétée en gang. Des duos vocaux à chaque couplet avec les Soeurs Boulay, suivi de Maginot et Bouvette ; le genre de perle auditive qu’on a envie de retrouver en spectacle et qui ne se retrouve pas sur le disque.

Il aurait définitivement pu y avoir davantage de mélange entre les interprètes des différentes chansons plutôt que de reproduire fidèlement l’album.

Cet album pandémique, une initiative de Connor Seidel fut un véritable baume à sa sortie en avril 2022.  Enregistré au printemps 2021, l’album a un petit quelque chose d’estival et effectivement on croit y entendre une certaine communion entre les pièces et artistes choisies.

Bref, l’album est formidable et bien enregistré. Ici cependant, c’était la proposition de Montréal en Lumière de rassembler tout ce beau monde-là et faire éclore le collectif en prestation. Je salue le fait d’avoir invité autant de musiciens pour un même événement. Par contre, je pense qu’ils auraient vraiment pu pousser le concept du « collectif » davantage, ou même de l’époque inspirante que constitue les années 60-70. Ce sera pour une prochaine fois le trip de gang.

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