Rod Stewart

La Bonnefemme sort #3 | Virer su’l top au show de Rod Stewart

C’est en ricanant comme une fillette et en textant Jesse, notre photographe, que je me rends au Centre Bell pour assister au show de Rod Stewart.

Il est 18h48 et nous sommes excités.

Même si on sait que nos parents nous ont probablement conçu sur une toune de Rod. Même si on a un peu peur d’être confrontés à la version South Park de Rod.

Je sais que le fait que je trippe à l’idée d’être dans la même pièce que Rod Stewart me fait perdre la totalité de mon street cred, mais je m’en fous: j’me suis bouclé les cheveux, j’ai mis des jeans propres, je sens l’antiflogistine pis je m’assume. Ce soir, j’ai 67 ans. Pis je m’en vais voir un show qui commence à 19h30.

Premièrement, je capote parce que j’ai une super bonne place. Je vois la projection d’une vidéo d’éléphants qui courent derrière les musiciens. Je ne comprends pas pourquoi y’a une projection d’une vidéo d’éléphants qui courent derrière les musiciens, mais je la vois vraiment bien.

Le décor est excessivement sexuel: un beau plancher carreauté noir et blanc, lascivement étendu, tel un jeu d’échecs que tu regrettes d’avoir acheté sur un trip de MDMA.

Les pions: deux choristes, deux violonistes, une percussionniste, une harpiste et un saxophoniste qui ressemble un peu trop au rappeur Sans Pression pour que ça ne soit pas lui.

Les filles sur scène sont jeunes, talentueuses et belles. Belles, niveau « Je laisserais tout derrière et referais ma vie avec toi si tu me le demandais. ». Normalement, je trouverais ça cliché de s’entourer de pitounes. Mais Rod a 73 ans. C’est capoté, quand même: le gars part en tournée à 73 ans! Oui, il danse comme mon fils de trois ans, mais man, À 73 ANS, IL FAIT UNE TOURNÉE MONDIALE. Les filles ajoutent le p’tit kick qu’il ne peut plus exécuter avec ses p’tites jambes fatiguées.

Pourquoi il fait ça, d’ailleurs?

Je comprends en observant la foule. Ce show-là fait du bien à ben du monde. Ça doit être cool, procurer ce rush-là à d’autres humains. Je pense au couple de septuagénaires dans la rangée voisine. Le bonhomme, collé sur sa p’tite chérie, a visiblement sa vie dans l’corps; y’a l’air brûlé ben raide. Mais il sourit, à chaque toune qui embarque, pis son sourire crie: « Eille, j’avais donc besoin de t’ça. ». Je le surprends même à faire timidement danser sa main pendant Forever Young. C’est peut-être à cause de la bière à 12 piasses que je bois à la paille, mais c’t’homme-là a failli me faire brailler. Je me vois en lui, dans trente ans, alors que j’assisterai au show du restant de Wu-Tang.

 

La nostalgie fait son temps…

Le show est correct. Mais j’ai envie de rire. Vivre la nostalgie du monde, c’est touchant, mais après une demi-heure, j’en ai mon casse. Même le guitariste qui ressemble à un chat sphynx ne me fait pas assez rire pour que j’oublie que j’suis tannée.

Rod vient à mon secours: il quitte la scène et revient dans un complet avec des petits brillants À GRANDEUR. Pis il est content de son suit. Pour une raison qui m’échappe, je suis la seule qui rit à chaudes larmes, mais coudonc. C’est pas tout le monde qui saisit l’humour fin.

J’ai pas fini de rire qu’il s’arrête et crie, out of nowhere: « Are you having a bloody good time? Good, now, rest your bottom! », pis il se donne une grosse tape sur la fesse. Voir! Il nous crie de nous reposer l’cul pis il se tape les founes! Une chance que je porte un chandail long, parce que mon deuxième éclat de rire est accompagné d’une p’tite fuite urinaire.

Moment touchant: l’interprétation de Rhythm of My Heart, en l’honneur des soldats qui ont perdu la vie lors de la deuxième guerre mondiale. C’est sans sarcasme que j’affirme que les projections renforcent la puissance du message porté par la chanson. Du début à la fin, on a vraiment l’impression de se faire gunner dans la face.

 

Indémodable Rod

Ceci dit, je dois avouer que pour un homme de 73 ans, Rod a du charme sur scène. Son accent britannique, son audace et sa coiffure qui vit selon ses propres règles sont à faire fondre. Personnellement, c’est pas mon genre d’homme, mais une des madames de Boucherville assises derrière moi a dit qu’elle lui ****** pendant qu’il la ***** avec un toaster en lui ******* une paire de Converse rose dans la ***** après le show. Bref, Rod a encore la touch.

Malgré le flop de l’interprétation de Do ya think I’m sexy que je qualifierais, fémininement, d’asséchante.

Quand j’écoute Do ya think I’m sexy en mettant mes leggings à maison, je suis turned on. Logiquement, l’entendre live devrait me faire exploser la fourche, mais malheureusement, mon espace pelvien n’a subi aucun dommage. Rod est à bout de souffle, les ballons tombés du plafond m’empêchent de me concentrer pis l’odeur d’antiflogistine est totalement envahissante: je ne suis pas la seule à s’être crémée au Bengay avant de partir.

En conclusion: assister à un show de Rod Stewart, c’est comme assembler une table IKEA. C’est drôle quand t’as bu une bière à la paille. Mais après une demi-heure, t’es tanné.

Mais gueuler « QUI C’EST QUI CAPOTE SUR ROD STEWART ICITTE À SOIR?!?! » dans la file du show, c’est un trip que je recommencerais n’importe quand!

Photos du show en vrac :

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