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Just For Laughs 2015 | Gala Howie Mandel : Rebondissements à profusion

Si certains galas Juste pour rire et Just For Laughs semblent formatés et prévisibles, ce n’était vraiment pas le cas lors de la soirée animée par Howie Mandel samedi soir…


Tout semblait pourtant débuter de façon assez conventionnelle lors du numéro d’ouverture du gala. L’animateur, un fier Canadien maintenant installé à New York, fort populaire en raison de sa présence sur le petit écran notamment à la barre des émissions Deal Or No Deal et America’s Got Talent, a déclaré son amour pour Montréal, la première ville à lui avoir donné une véritable chance, apparemment.

Charismatique, Mandel tenait la foule dans sa poche arrière avec un premier numéro en partie basé sur son pied d’athlète et son hypocondrie. Rien de très original, mais fort efficace.

Là où l’animateur est sorti des sentiers battus, c’est surtout lors des interventions semi-improvisées avec les spectateurs, notamment un jeune homme nommé Michael, qu’il a invité sur scène avant de lui proposer une passe backstage, question de démystifier la magie de ce fameux espace arrière-scène. Après une courte visite guidée, Mandel a incité le pauvre Michael à s’étendre parterre afin d’observer un point de vue unique sous un panneau… et de le laisser poireauter là toute la soirée !  À plusieurs moments au cours du spectacle, les humoristes arrivaient sur scène par cet endroit, et l’on revoyait le pauvre Michael encore étendu là, parterre. Très bon running gag.

 

Du très bon, du moins bon et du weird

Les invités étaient pour le moins variés.  Pete Holmes a parti le bal, et comparé les chiens à des bébés dépendants et les chats à des ados désinvoltes. Comique, sans plus.

Barry & Stuart.

Barry & Stuart.

Suivirent Barry & Stuart, duo de magiciens pour adultes, qui ont notamment semé l’effroi avec un numéro bizarre où l’un gardait une pastille à la menthe dans sa gorge, avant que l’autre n’aille la chercher à l’aide d’un fil à fromage en passant par le cou. Imaginez l’image. Un peu dégueu.

Les numéros de Marina Franklin et Vladimir Caamaño ont été plutôt sympathiques, surtout dans l’interprétation. Marina Franklin admet avoir perdu du poids. Parce qu’elle s’apprête à larguer son mec. Et dès qu’elle en attrapera un autre, elle entend s’empiffrer jusqu’à ce que son cul atteigne des proportions majeures, avec de refaire le cycle à nouveau. C’est pas nous qui le dit…

Sur papier, comme ça, ça ne semble pas être très drôle, mais Franklin le raconte avec un détachement et une maîtrise du rythme désarmants.

Caamaño, pour sa part, a abordé ses origines plutôt confuses : un prénom russe pour un jeune homme latino, c’est pas fréquent. Le jeune homme – qui de son propre aveu, a plutôt une face de José ou Carlos – a d’ailleurs fait de son papa latino le personnage principal de son intervention. Typique numéro de fils d’immigrant, mais plutôt bien fait.

 

Jeff Ross vole le show

Ceux qui ont déjà vu un Roast à Comedy Central connaissent Jeff Ross. C’est le king du bien-cuit. Il a la réplique assassine virulente, l’esprit vif et il ne mâche pas ses mots.  Après une courte intervention semi-improvisée – notamment quelques bons gags à la limite du déplacé, au sujet de Bill Cosby – Ross y est allé de sa spécialité : les Roast éclairs (« speed roasting »).  Une dizaine de volontaires sont montés sur scène pour se faire insulter à l’emporte-pièce par un Jeff Ross au sommet de son art.

Jeff Ross. Photo par Richard Mercier.

Jeff Ross. Photo par Richard Mercier.

Parmi eux, il y avait notamment 4 jeunes ados un peu douchebag, un vieil homme qui paraissait tout droit sorti d’un film, une jolie jeune patineuse artistique, et deux jeunes hommes à béquilles. Trop facile. Le petit jeu a duré une bonne vingtaine de minutes, et les rires ne cessaient jamais. Les bitcheries non plus !

Rendu là, il y avait près de 75 minutes de passées, et l’énergie allait forcément redescendre. C’est la pauvre Jen Kirkman, connue pour sa participation à la série Drunk History, qui en a subi les frais. Son numéro plutôt anecdotique n’a pas eu l’effet escompté, et Kirkman ne s’est pas gêné pour culpabiliser la foule pour sa réaction timide. Même Mandel, à l’animation, a ressenti le besoin de rappeler à quel point les humoristes travaillaient fort et méritaient le respect. Petit malaise bien désamorcé par Mandel.

Le bizarroïde Reggie Watts suivait, et il est allé complètement ailleurs, débutant son numéro dos au public, sans micro, avant de se retourner et de proposer une longue série de mots en français complètement déconnectés les uns des autres. Watts aime bien faire ce genre d’anti-stand-up : utiliser les codes du genre et brouiller complètement la logique, provoquant un effet « what the fuck? » très puissant. Peu accessible, mais franchement bien mené, le petit numéro a tenu le public éveillé par son étrangeté, en dépit d’un gala qui commençait à s’étirer.

Photo par Richard

Fortune Feimster.

Il était passé minuit à ce point-ci, et il restait encore 2 humoristes. La première, Fortune Feimster, est une lesbienne de la Caroline du Nord au look un peu grossier, qui s’amuse ferme à jouer avec ces éléments allègrement. Son accent un peu redneck ajoute aux couleurs du personnage.

Le tout s’est terminé par un numéro hilarant mais malaisant de Jim Breuer, qui dédramatise de façon spectaculaire des situations très délicates comme un accident cérébro-vasculaire et un père sur ses derniers miles qui souille son froc. Tout est dans la manière, et Breur est un maître de la grimace et de l’humour physique, et a réussi à conclure ce numéro à la base humiliant pour ce pauvre personnage paternel avec une dose d’amour et de sensibilité.

En somme, un GROS gala, rempli de talents variés, bien mené par un animateur visiblement inspiré et content d’être là.  Ça devrait toujours être ainsi.

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