Ibrahim Maalouf

Ibrahim Maalouf à la Maison Symphonique | Métissages

Dans le cadre de la série Jazz à l’année, le trompettiste franco-libanais faisait son grand retour à Montréal vendredi soir à la Maison Symphonique, quelques années après un dernier passage au Québec durant l’édition 2010 du Festival International de Jazz.


Ibrahim Maalouf jongle entre les projets actuellement. À vrai dire, on ne sait pas vraiment comment le monsieur gère son emploi du temps.

Tantôt en trio, tantôt avec son groupe de toujours (plus « hard-rock » comme il aime le présenter), l’instrumentiste était accompagné vendredi soir par les protagonistes de son dernier album Kalthoum enregistré l’an passé à New-York, la même équipe qui l’avait suivi pour son hommage à Miles Davis sur l’album de 2011, Wind.

Le quintet présentait donc l’interprétation au complète de ce dernier opus, une retranscription originale d’une pièce de la chanteuse d’origine egyptienne Oum Kathloum, intitulée Alf Leila Wa Leila (« les Mille et une Nuits »). Maalouf présentait cet album comme une célébration à une des figures féminines les plus influente de la musique arabe et de son propre parcours musical.

Que dire. Musicalement le travail est prodigieux. Contrairement à ce que l’affiche proposait, le trompettiste n’était absolument pas mis en avant face à ses quatre comparses qui ont tout autant (voir plus) brillé sur scène. Comme sur l’album, les musiciens d’exceptions Mark Turner (saxophone), Frank Woeste (piano), Larry Grenadier (contrebasse), Clarence Penn (drums) ont contribué à l’interprétation d’une pièce aussi fantasque qu’audacieuse.

Kathloum est construit comme une symphonie classique. On y trouve une ouverture, une introduction, et une suite de mouvements. Un refrain y est répété à plusieurs reprises, mais fidèle à la suite originale, Maalouf et sa cohorte ont également laissé beaucoup de place à l’improvisation. Très rythmée et cadencée, la pièce fut tout aussi ardue à déchiffrer que plaisante à écouter. Les mouvements proposent le plus souvent des signatures irrégulières empruntées au folklore arabe, qui s’enchainent et se mêlent avec une précision saisissante. L’ensemble est traduit dans un jazz assez conventionnel, aux sonorités latines parfois, et parachève donc un long travail de métissage musical amorcé par Maalouf depuis le début de sa carrière.

Aussi spontané dans la vie que sur scène, Maalouf séduit. Pour répondre à l’accueil des Montréalais vendredi soir, il propose une interprétation collaborative de Will Soon Be a Woman, titre déjà culte composé pour sa fille sur l’album de 2011, Diagnostic. Avec deux nouveaux albums cette année, Kalthoum et Red & Black Light, Maalouf prolifère dans les esprits et s’impose définitivement comme une des personnalités fortes parmi instrumentistes jazz actuellement.

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