Pierre Lapointe

Francos 2018 | Pierre Lapointe flamboyant au Théâtre Maisonneuve

Spectacle de tristesse assumé, La science du cœur, le nouveau spectacle de Pierre Lapointe, ne fait pas dans les arcs-en-ciel et la joie de vivre. En même temps, lorsque l’on connaît un peu le personnage, on sait que sous des dessous colorés et pimpant se cachent un être attiré par la mélancolie et les blessures de l’amour. Rassemblant ses meilleures chansons tristes, l’auteur-compositeur-interprète a su bien doser les choses lors de son passage au Théâtre Maisonneuve vendredi soir dans le cadre des Francos de Montréal.


D’entrée de jeu, Pierre Lapointe est planté derrière son micro, entouré d’une structure formée de tubes lumineux de hauteur variable qui l’encercle lui et ses deux musiciens, Amélie Fortin au piano et Joao Catalao au marimba. Le ton est déjà donné avec Qu’il est honteux d’être humain, la chanson déprimante par excellence.

De prime abord, il était un peu incongru de voir seulement deux instruments sur scène lorsque le dernier album, La science du cœur, en était un beaucoup plus orchestral. Malgré cela, rien n’a semblé manquer, le piano et le marimba remplissaient tous les espaces et comblaient la place de tout autre instrument qui aurait potentiellement pu occuper la scène.

Le marimba était un choix plutôt judicieux à cet effet, car il réussissait à occuper plusieurs rôles, parfois sonnant comme une basse, d’autres fois comme une chorale qui murmure. Sa capacité à prononcer plusieurs sons à la fois rendait rapidement chaque pièce plus profonde et masquait ainsi la différence avec les arrangements de l’album. Bien joué!

Après plusieurs morceaux valsant avec la tristesse, Lapointe a averti le public que deux chansons ranimeraient un peu la joie de vivre dans les cœurs. Semble-t-il que ça créait un malaise, un contraste qui déstabilisait le public lorsqu’il ne l’avisait pas. Cette fois-ci, l’artiste a pris ces précautions avant d’enchaîner L’étrange route des amoureux et Mon prince charmant, le tout agrémenter de mouvements qui faisaient sourire tellement ils étaient collés aux paroles.

Un préjugé qu’on a souvent envers Pierre Lapointe s’est qu’il semble un peu pompeux avec son phrasé maniérée et sa pop intello. Pourtant, sur scène, il a montré tout le contraire à son public. Sans gêne, décomplexé avec une pointe d’humour, Lapointe était visiblement en pleine possession de ses moyens et on sentait son aisance croître au fil des chansons. Une belle complicité est née avec la foule de cette attitude qu’avait l’artiste qui se traduisa par un petit cadeau à la toute fin du spectacle…

Il était également impressionnant de voir Pierre Lapointe et ses musiciens évoluer dans leur cercle de lumière. Parfois suivant les notes du piano, parfois imitant les étoiles ou simplement se promenant de manière déconstruite, cela ajoutait une belle enveloppe aux chansons et participait à recréer les émotions de l’artiste.

Lapointe a également joué quelques pièces en solo au piano telles que Le retour d’un amour, Une lettre et Les joies répétitives. Ces initiatives ont réussi à renforcer le sentiment de proximité entre l’artiste et son public, surtout que c’était souvent avant de s’installer au piano qu’il a raconté les anecdotes les plus personnelles ou les plus comiques. Il était alors difficile de ne pas être charmé par le personnage.

Pour clôre le spectacle, il s’est repris à deux fois pour nous interpréter La science du cœur, mais il était facile de lui pardonner après un spectacle aussi réussi. Il en a même rajouté en revenant pour deux dernières chansons, la première avec une invitée spéciale, l’autrice-compositrice-interprète française Pomme pour nous chanter en duo Tel un seul homme acoustique. Le tout s’est terminé avec son dernier simple, Alphabet.

Après une ovation debout, la foule n’en pouvait plus d’acclamer son artiste préféré et celui-ci revient pour un dernier cadeau au piano, Deux par deux rassemblés, chanté à l’unisson avec le public. Un moment touchant.

Hollydays

Duo électro-pop français (mais trois sur scène), Hollydays s’est bien défendu devant une foule ouverte et appréciative. Les premières pièces étaient plus mordantes que les autres, mais la voix de la chanteuse Élise Preys était impressionnante.

Dans la lignée des dernières chanteuses françaises qui ont fait leur chemin ici comme Fishbach et Clara Luciani, elle nous offrait une voix mature et profonde sur des mélodies pop aux paroles sensibles. À suivre!

Grille des chansons

  1. Qu’il est honteux d’être humain
  2. Un cœur
  3. Nu devant moi
  4. Les sentiments humains
  5. Les lignes de la main
  6. Je déteste ma vie
  7. Le retour d’un amour
  8. Une lettre
  9. L’étrange route des amoureux
  10. Mon prince charmant
  11. La plus belle des maisons
  12. Pointant le nord
  13. Sais-tu vraiment qui tu es
  14. Comme un soleil
  15. Tous les visages
  16. Le halo des amoureux
  17. Les joies répétitives
  18. Pièce instrumentale
  19. Naoshima
  20. Zopiclone
  21. La science du cœur

Rappel

Tel un seul homme (avec Pomme)
Alphabet
Deux par deux rassemblés


Pierre Lapointe foulera à nouveau la scène du Théâtre Maisonneuve samedi 16 juin avec Voyou en première partie. Billets ici.

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