Backxwash

FME 2020 – Jour 2 | Meggie Lennon, Le Couleur, Les Louanges et l’exorcisme de Backxwash

Le jour 2 du Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue est derrière nous, et il faut à tout prix parler de Backxwash.

Covid-19 oblige, la programmation du FME est 100% locale cette année. Certains peuvent donc être déçus du manque de prises internationales de cette édition. Cela dit, la présence de Backxwash à elle seule permet d’oublier le tout. Avec une nomination sur la courte liste du Polaris cette année, son profil est sur le point d’exploser. Comme le disait notre collègue Louis-Philippe Labrèche du Canal Auditif, il ne faudra pas attendre longtemps avant de la voir faire la tournée des grands festivals internationaux.

Backxwash est une rappeuse zambo-canadienne trans établie à Montréal. Son concert dans le minuscule Cabaret de la dernière chance n’avait toutefois rien d’un concert de rap typique. Plutôt, on croyait y vivre un exorcisme.

* Photo par Louis Jalbert.

C’est que son hip-hop est teinté de punk, de métal et de chaos drôlement contrôlé. Les chansons peuvent prendre des virages inattendus, les échantillons sont éclectiques à souhait et sa présence est carrément imposante. Déjà qu’elle est grande, son énorme robe noire touffue lui donne des allures de sorcière, alors que ses cheveux gigantesques frappent presque le plafond lorsqu’elle se balance la tête.

Bref, le genre d’artiste qui a une chanson nommée Devil in a Moshpit dans son spectacle. Et je vous garantis que le public ne souhaitait que de le rencontrer lui aussi. Si ce n’était des chaises et de la distanciation, nous serions tous sortis du spectacle trempes de sueur avec quelques bleus.

Son album God Has Nothing To Do With This Leave Him Out Of It est en train de la propulser sur le radar de tout le monde. Mais pour l’instant d’un concert intime, Backxwash semblait être notre petit secret à nous.

 

L’arc-en-ciel de Meggie Lennon

Après le choc initial d’une journée de festival en temps de Covid, on commence à s’habituer aux différentes mesures. Oui, certains festivaliers réalisent encore à la dernière minute qu’il faut mettre son masque, mais au Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, tout le monde reste solidaire. Leurs efforts ont été récompensés par un climat beaucoup plus clément que la veille.

C’est au Club de golf Noranda que notre journée a débuté. Au terrain de pratique nous attendait la jeune artiste Meggie Lennon. À ses côtés, son fidèle collaborateur Jules Henry, mieux connu pour son projet Super Plage, l’accompagnait tantôt au deuxième clavier et aux boucles, tantôt à la guitare. Le résultat était une dream pop coulante et langoureuse qui demande les rapprochements. Les tempos sont souvent lents, les notes sont longues et le plaisir est grand. Les arrangements préenregistrés sont aussi très riches, et on se demande s’il sera possible un jour de voir ce projet dans une formule avec un groupe complet.

*Photo par Thomas Dufresne.

Le portfolio de Meggie Lennon n’est pas immense : elle n’a que deux chansons sur sa page Spotify. Il était donc logique qu’elle laisse Super Plage présenter certaines de ses chansons. Surtout que Meggie a prêté sa voix à quelques chansons de son premier album, dont Pillow Talk. Elle se retrouve également sur sa pièce Mush, qui sortait le jour même. « Si jamais il y a des fans de microdosing, vous viendrez me voir après le show », lance-t-elle.

Si le ciel est resté bleu durant la presque totalité du concert, un énorme nuage gris est venu tremper la foule lors de la dernière chanson. Mais voilà qu’un énorme arc-en-ciel au loin s’est manifesté, au grand bonheur de Meggie Lennon et des festivaliers présents. Comme le disait presque le grand Boom Desjardins, « après la pluie le beau temps, mais l’orage dure pas si longtemps que ça dans le fond, c’est chill. »

 

Le Couleur sous les rayons

Le soleil est resté pour le concert impromptu de Le Couleur, en plein sur l’avenue Principale. C’est donc sur les teintes dorées de son coucher que la formation est venue présenter les derniers extraits de leur album Concorde, à paraître le 11 septembre. Si la formation contient officiellement trois membres, ils étaient six à prendre la petite scène. Avec les cinq claviers, les pédales de guitare, la batterie et toutes les percussions, c’est à se demander comment ils ont pu tous entrer sur les planches.

*Photo par Christian Leduc.

Parmi les nouvelles additions, on note JC Tellier à la guitare : le membre de Gazoline ajoute ainsi beaucoup de mordant et de psychédélisme au concert. « On n’aime pas ça l’étiquette électro-pop, on est rock! » lance Laurence Giroux-Do. Avec de nouveaux morceaux comme Silenzio, on ne peut que lui donner raison.  Reste que les claviers ne sont pas en reste, surtout lors d’un très long jam à la fin de L’amour le jour. Pour l’occasion, JC Tellier laisse sa six cordes pour une cloche à vache pendant que l’autre nouvelle addition Sheenah Ko menait un assaut à trois claviers. Décidément, cette nouvelle formule fonctionne très bien pour Le Couleur.

 

Les Louanges

La nuit commence à se faire sentir lorsque le premier de deux concerts de Les Louanges débute à l’Agora des Arts. Durant le spectacle, Vincent Roberge rappelle d’ailleurs que c’était au même festival, il y a deux ans, qu’il commençait à jouer avec son nouveau groupe son album La nuit est une panthère. Cette fois encore, la grande majorité de son premier album sera interprétée devant le public assis. L’ordre des pièces est plutôt respecté à quelques différences près. Aussi, trois chansons de son mini-album Expansion Pack se fraient un chemin dans la liste des chansons, dont Attends-moi pas.

*Photo par Christian Leduc

Bien installé au centre de la scène entouré de ses musiciens, Vincent Roberge alterne entre des chansons avec sa guitare et des chansons sans. Jupiter se fait sans guitare, et on peut le voir se laisser tenter par des pas de danse mettant en valeur ses petits souliers blancs. Ceux-ci ne parviennent toutefois pas à voler la vedette à son saxophoniste, qui mérite de grands applaudissements et des cris chaque fois qu’il s’élance dans un solo.

Les Louanges sont toutefois un peu pressées par le temps ce qui explique peut-être pourquoi certaines pièces de la fin de La nuit est une panthère n’ont pas pu être présentées. Il termine tout de même avec Tercel, déplacée en queue de parcours pour en faire une belle finale.

Il faut dire qu’en 2020, la phrase « c’est pas la fin du monde messemble, même si on y arrive pas à ‘fin d’la s’maine » semble avoir une symbolique encore plus forte.

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