Festival FME

FME 2020 – Jour 1 | Nobro, Les Shirley, Corridor et le déluge

En avril dernier, Québec avait exigé l’annulation de tous les festivals jusqu’au 31 août. Le Festival de musique émergente en Abitibi Témiscamingue a probablement poussé un soupir de soulagement, lui qui était prévu pour le premier weekend de septembre. Alors que celui-ci clôt généralement la saison des festivals au Québec, il servira de baromètre, voire d’exemple pour tous les petits festivals qui suivront cet automne.

Alors, comment ça se passe une édition de festival en temps de Covid?

FME comme dans Festival mouillé émergent

Pour lancer le bal, le groupe punk NOBRO s’élançait sur le site de la presqu’île du Lac Osisko à 17h. Dans les estrades aménagées près de la scène, des bénévoles accompagnaient les festivaliers masqués pour leur assigner des places stratégiques, avec une distance réglementaire entre les groupes. Le masque ne pourra être retiré qu’une fois assis à nos places. Évidemment, la pluie et le vent n’aurait manqué ce spectacle pour rien au monde. Certains festivaliers avaient d’ailleurs apporté ponchos et parapluies pour se protéger des intempéries.

*Photo par Louis Jalbert.

Malgré le mauvais temps, les musiciennes de NOBRO ont donné tout ce qu’elles avaient. « Ça fait sept mois qu’on n’a pas fait de show », lance l’une d’entre elles. « Ça décrasse, je suis toute essoufflée! » On entend d’ailleurs parfois la batteuse Sarah Dion reprendre son souffle dans son micro entre les pièces. Qu’à cela ne tienne, le quatuor parvient à livrer de façon fort solide les pièces de leur mini-album Sick Hustle, paru en avril dernier.

En fin de course, Lala, l’une de chansons les plus chaotiques et relevées de leur jeune carrière, donne franchement envie de se lancer dans les murs et de sauter partout. Les festivaliers résistent malgré tout à l’envie de foutre en l’air les codes de conduite. Après une reprise du classique Kick Out the Jams de MC5, le groupe part se cacher dans sa minivan rouge, stationnée à côté de la scène. Les festivaliers, eux, se rendent un peu trempés vers la prochaine destination.

 

FME comme dans Festival de musique évacuée

La pluie fait des allers et des retours sur Rouyn-Noranda un peu avant le prochain spectacle. Cette fois, ce sont le groupe Les Shirley ainsi que Les Deuxluxes qui se relaient sur un plateau double à la plage Kiwanis. Sur ce site, il y a pratiquement autant de barrières de sécurités que de festivaliers. L’idée est de créer une multitude d’enclos pour permettre aux groupes et aux familles d’avoir droit à son espace sans risquer de briser les règles de distanciation.

*Photo par Dominic McGraw

Les Shirley étaient les premières à prendre la scène à 19h. On y reconnait Sarah Dion, maintenant à la basse, ainsi que Lisandre Bourdages, claviériste et percussionniste de NOBRO maintenant installée derrière la batterie. Alors que le groupe offre une performance solide, un énorme nuage commence à s’avancer très rapidement vers le site.

Quelques minutes à peine après le départ des Shirley, une pluie diluvienne s’empare du site. Dans la section VIP couverte à l’arrière, on brise les codes Covid pour y abriter les quelques bambins, qui vivent un véritable déluge. Sans surprise, le site est évacué et les chaussettes sont gorgées d’eau. On demande d’abord aux festivaliers de se mettre à l’abri dans leurs voitures en attendant le spectacle des Deuxluxes, mais l’organisation se ravisera alors que le torrent ne cesse pas. Le groupe avait prévu un autre concert à 22h, mais un conflit d’horaire nous empêchait d’y aller.

 

FME comme dans Festival de musique émerveillant

C’est qu’à 22h, on avait rendez-vous avec Corridor, à l’intérieur cette fois. Afin de permettre à un maximum de festivaliers de voir ses artistes préférés, tous les concerts en soirée sont présentés à deux reprises. « C’est le fun être de retour après une heure d’absence », lance avec ironie l’un des membres du groupe. Devant un public assis au Petit théâtre du Vieux-Noranda, la formation balance un savant mélange de rock aérien et précis. À l’arrière, on projette de magnifiques animations souvent assez psychédéliques. On regrette quand même le manque de promiscuité lorsque le groupe introduit Grand Cheval. « Celle-là est pas Covid-friendly, parce qu’elle donne le goût de frencher. »

*Photo par Christian Leduc

À défaut de danser ou de s’embrasser sur des pièces comme Coup d’épée, les spectateurs se dandinent autant qu’ils peuvent sur leurs chaises. Certains hochent de la tête, d’autres tapent du pied. Et d’autres se laissent complètement emporter par les mille et une envolées instrumentales. À un moment du spectacle, certaines personnes supplient le groupe de jouer Domino, fait saillant de leur album Junior paru l’année dernière. Quelques moments plus tard, la machine Domino se met en marche. Sur l’album, la pièce est déjà assez impressionnante, avec, en son noyau, un passage instrumental de près de trois minutes. Sur scène, les riffs de guitare volent et hypnotisent.

Bref, le genre de moment qui nous rappelle pourquoi on s’ennuyait autant de voir de la musique live.

Ça se poursuit ce soir (vendredi) avec notamment Meggie Lennon (17h), Les Louanges (20h) et Backxwash (23h30). Consultez Sors-tu.ca demain pour un compte-rendu de cette journée faste!


* Photo d’entête par Louis Jalbert.

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