Festival L’Appel Montréal | Half Moon Run peut dormir sur ses deux oreilles
Ce n’est pas le festival Metro Metro, ni Fuego Fuego que le Parc Olympique hébergeait hier, mais plutôt la toute première édition de L’Appel Montréal, un festival d’une journée porté de bout en bout par le bien-aimé groupe montréalais Half Moon Run en collaboration avec Evenko.
En décembre dernier, on apprenait qu’après quatre albums et autant de succès, la formation rock montréalaise Half Moon Run ajoutait une nouvelle corde à son arc : la création de festivals. Ou de micro-festival? De journée de musique? La veille de L’Appel, le batteur Dylan Phillips admet à Sors-tu? que la confusion a régné à l’annonce de l’évènement : « est-ce qu’on peut vraiment appeler ça un festival? » Une fois l’analyse linguistique passée, tout ce qui comptait, c’était la musique : « on voulait juste un bon line up », lance simplement Dylan.
Sur ce point, mission accomplie : après l’annonce de leur propre performance et de celle de Men I Trust, L’Appel a complété sa programmation avec Ariane Roy, Nick Hakim, Gabrielle Shonk, Alex Nicol et Sandra Contour, en plus de compagnies montréalaises qui seraient sur place jeudi pour mousser l’achat local. Pour dénicher le doux folk de Sandra Contour, Dylan s’est armé d’une recherche web simple et efficace (« artiste émergent Montréal »), et a su qu’il était tombé sur une perle. Sandra, remercie l’algorithme!
En dépit de la grande qualité des artistes invité.es, on sentait hier que c’est la présence d’Half Moon Run qui a déplacé les 8000 festivaliers et festivalières jusqu’au Parc Olympique, qui semblait réellement rempli juste en toute fin de soirée. Une forme d’attente plutôt palpable flottait dans la foule de 17h à 21h, malgré un programme bien chargé qui n’a pas laissé une seule minute passer sans musique à consommer.
Et pour cause : Half Moon Run réservait à son public un généreux set de 1h30 où chaque album a brillé, tout particulièrement le récent et excellent Salt, dont la tournée québécoise a pris fin en décembre dernier. Leur apparition éclipse les longues files devant les food trucks ou l’apparence un peu brouillonne de la scène B. C’est une première édition, après tout.
Les transitions entre les morceaux du groupe, l’ajout judicieux d’un quatuor de violonistes sur scène et la joie presque enfantine avec laquelle les trois musiciens habitent la scène ne laissent aucun doute quant au caractère unique de leur performance à L’Appel, « une formule qu’on ne refera peut-être jamais », nous disait Dylan Phillips la veille.
C’est toujours fascinant de voir Half Moon Run sur scène, et hier n’y faisait pas exception : à trois, les membres du groupe assurent sans trop de mal les nombreux arrangements qui permettent à leurs morceaux d’enivrer le Parc Olympique, dans une sorte de gymnastique qui ne peut qu’épater. Sur Can’t Stop Loving You, Conner Molander est assis au piano, harmonica au cou (« I look like I’m at the dentist »), guitare sur ses cuisses, jonglant avec les trois instruments. Plus tard, Dylan Phillips assure le synthétiseur d’une main et la batterie de l’autre (sans oublier les pédales), tandis que Devon Portielje s’amuse de son côté de scène avec un tambour et des maracas, tout en chantant, bien sûr.
Après un tour de piste bien garni à travers leur répertoire, fait de moments forts comme l’électrisante Razorblade ou le refrain de She Wants to Know qui colle aux tympans, le trio montréalais crée la surprise en invitant sur scène Charlotte Cardin, autre artiste chouchou qu’on n’a plus à présenter. Le spectacle emprunte une tournure pop magnétique avec une reprise de Fix You, Charlotte au piano en plein centre de la scène. La foule est en liesse. Pour une bonne partie du public, L’Appel semble avoir atteint son apogée.
L’auteure-compositrice-interprète reste sur scène pour deux morceaux supplémentaires : Daddy, sa propre chanson, qui s’agence plus ou moins bien au registre grave de Devon, puis la magnifique Grow Into Love de Half Moon Run, à laquelle le timbre de Charlotte se marie à merveille.
Le trio livre un bref rappel pour la populaire Full Circle, puis laisse son public dans le vent frais et les restants de mélodies qui balaient le Parc Olympique. L’électricité aura chatouillé l’air jusqu’à la toute fin.
Men I Trust, Ariane Roy et Nick Hakim
Mis à part la qualité de la musique servie, on salue L’Appel Montréal pour le déroulement efficace des performances. Sauf une brève pause entre Nick Hakim et Men I Trust, qui se produisaient sur la scène principale, les festivaliers et festivalières n’ont pas chômé.
Alex Nicol poussait sa dernière note sur la petite scène au moment où Ariane Roy débarquait sur la grande, à une centaine de mètres à l’autre extrémité du site. Cette dernière, en pleine production de son deuxième album, a offert à L’Appel un de ses seuls spectacles solo du moment. C’est plutôt le trio Le Roy, la Rose et le Lou[p] qui l’occupe cet été, avec des performances dans (pratiquement) tous les festivals. Après un début de set à l’ascension plutôt lente, malgré la petite nouvelle Si je rampe, elle s’est abandonnée à la fougue qu’on lui connaît.
A suivi le folk psychédélique de l’Américain Nick Hakim, seul artiste international programmé, et performance que les membres d’Half Moon Run attendaient avec impatience. Mettre sur pied un festival, c’est aussi choisir des artistes qu’on affectionne. Nick Hakim teinte leur univers musical depuis leurs débuts, et jouait en boucle dans le studio pendant l’écriture de leur premier album Dark Eyes, nous apprend Dylan. « On ne lui avait jamais parlé avant, on l’a contacté pour L’Appel et il a dit oui », se réjouit le batteur, scénario qui s’est d’ailleurs produit pour tous les artistes contacté.es. « Est-ce que c’est si simple que ça, faire un festival? », rigole-t-il.
Nick Hakim et son band, notamment composé de l’excellente multi-instrumentiste et choriste June McDoom, ont livré un spectacle d’une grande douceur, presque méditatif, porté par une voix feutrée. Le chanteur, en apparence timide, a limité les interactions avec le public pour se concentrer sur la raison de sa venue : la musique. Men I Trust, fidèle à son habitude, a fait de même. Le groupe de pop montréalais, dont Dylan est un fan fini, a livré une honnête performance sous un ciel rosé, sans faux pas ni surprise. En dehors de quelques solos de basse et d’un peu de folie aux synthés, voir Men I Trust sur scène correspond à ce qui se trouve sur leurs albums.
« Je ne sais même pas comment tenir debout après cette journée, lance un Dylan reconnaissant à la foule avant de clore la soirée. C’est fou d’avoir reçu tous ces artistes et de vous avoir réunis, merci. »
Tous les ingrédients semblent en place pour une seconde édition l’été prochain. On vous appelle quand on apprend la nouvelle.
Grille de chansons – Half Moon Run
- You Can Let Go
- Hotel in Memphis
- Everyone’s Moving Out East
- 9beat
- Razorblade
- Flesh and Blood
- Seasons of Change
- Call Me in the Afternoon
- Need It
- Hands in the Garden
- Can’t Stop Loving You
- Goodbye Cali
- I Can’t Figure out What’s Going On
- She Wants to Know
- Fix You
- Daddy
- Grow Into Love
- Full Circle
Photos en vrac
Sandra Contour
Nick Hakim
Men I Trust
Alex Nicol
Ariane Roy
Gabrielle Shonk
Half Moon Run
- Artiste(s)
- Alex Nicol, Ariane Roy, Gabrielle Shonk, Half Moon Run, Men I Trust, Nick Hakim, Sandra Contour
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Parc Olympique de Montréal
- Catégorie(s)
- Festival, Folk, Indie, Pop, Psychedelique, Québécois, Rock,
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Lieu : Salle Claude-Léveillée -
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