Festival Petite-Vallée

Festival en chanson de Petite-Vallée | 40 ans de complicités créées, chéries et entretenues!

Le Festival en chanson de Petite-Vallée souffle cette année quarante bougies! Au fil de ces quatre décennies, l’événement a pris la forme d’un concours, d’un festival local puis de portée plus grande, avec un volet de camp pour « chansonneurs ». Quelle que soit la forme, Petite-Vallée a donné lieu à d’innombrables découvertes formidables, des rencontres inoubliables et des liens inséparables qui marqueront à tout jamais autant les spectateurs que les artistes qui y ont pris part.

On connait bien Marie-Pierre Arthur. Autrice-compositrice de renom, elle se passe aujourd’hui de présentation. Mais avant d’être l’artiste accomplie que l’on connaît aujourd’hui, elle était surtout une jeune artiste locale, dont les liens familiaux avec Petite-Vallée remontent à loin.

Son frère, Jean-Sébastien Fournier, surnommé Ti-bass’, est d’ailleurs directeur musical et chef d’orchestre pour le band maison des Chansonneurs, ces artistes invités en camp de création et d’interprétation à chaque année.

« Ça fait 38 ans, estime celui qui a aussi accompagné des artistes de la trempe de Paul Piché et Luce Dufault. J’avais onze ans quand j’ai commencé dans le house band.  Je jouais dans les bars tous les week-ends. Avec Nelson Minville, lors des premières années. C’est mon père qui lui a appris à jouer de la guitare! »

Les Fournier ont grandi à Grande-Vallée, village voisin de Petite-Vallée. Le Festival en chanson fait partie du portrait de leur coin de Province depuis l’enfance.

« Au début, le Festival en chanson, c’était un concours d’amateurs de style karaoké, se rappelle-t-il. N’importe quelle raison pour faire la fête!  Le garagiste du coin venait jouer des chansons de Peter Pringle, des choses comme ça! »

Le co-fondateur du festival, Jean-Maurice Lebreux, avait « fait décollé ça ». « Il jouait de la musique avec mes parents. Au départ, le house band du concours, c’était juste Jean-Maurice et sa femme. Ils sont venus nous recruter, moi et le batteur de mon band. J’étais tellement un flo que je savais même pas ce que ça représentait, le potentiel de quelqu’un! »

Et pourtant, il y a des noms parmi les participants à ce concours qui sont passés à l’histoire! En 1990, par exemple, une certaine Isabelle Boulay tentait sa chance! « C’était spécial, elle était déjà représentée par Josélito, qui travaillait à Radio-Canada à Matane. Elle avait 17 ans, et elle venait avec un gérant! Elle, elle avait déjà la prestance d’une grande de la chanson. Elle avait un standing en elle.  Elle avait une façon de transposer les mots en chanson comme j’ai rarement vu! »

D’autres exemples lui viennent en tête. « Des gars comme Dumas ou Vincent Vallières, qui n’ont pas gagné, étaient destinés à faire leur chemin. Des fois, tu passes une année ou deux trop de bonnes heure dans ton développement. Comme un choix au repêchage.  Dumas, tu voyais le personnage scénique déjà. »

Il se souvient aussi d’un certain Daniel Boucher. « On l’a vu en 1996 en audition. La même année, il a gagné Cégep Rock. Il avait gagné un prix pour jouer en Belgique, en même temps que le festival. Alors il n’est pas venu. L’année d’après, il a fait les auditions, avec des nouvelles tounes, et moi et Alan [Côté, grand manitou du festival], on s’est dit : C’est quoi ça?  C’est donc bin bizarre! Il est arrivé avec La Désise, mais c’était tellement loin de ce qu’il faisait l’année d’avant. Il chantait avec une assurance, il nous l’a crissé dans la gueule! »

Cette année-là, Daniel Boucher n’a pas tout raflé, cédant les honneurs à une dénommée Manon Lévesque. Une certaine Marie-Pierre Fournier, alias Marie-Pierre Arthur, participait aussi dans le volet interprète.

L’année d’après, par contre, il a tout remporté, battant notamment un certain Jean-François Breau. « Il arrivait avec une fraîcheur, une façon de chanter très personnelle, une façon de mordre dans les mots comme personne. C’était le Daniel Boucher qu’on connaît aujourd’hui qui arrivait cette année-là. »

Le Camp en chanson

Stéphanie Boulay a, elle aussi, le Festival en chanson fermement ancré dans ses souvenirs d’enfance.

«Ma famille vient du côté nord de la gaspésie. Ma soeur et moi, on se faisait dropper à la Vieille forge, on chillait là à regarder des shows et rencontrer des artistes. Dès l’enfance, c’était mythique », se souvient-elle.

« En tant que Gaspésiennes, on n’avait pas accès au showbiz. Je me sentais seule et isolée, mais [le Festival en chanson] est un endroit où c’est permis de rêver, de m’imaginer un jour en faire partie. Il y avait des photos de plein d’artistes à l’entrée du Théâtre de la vieille forge. Je les voyais en croyant que c’était tellement inaccessible, mais d’une autre manière, ici, c’est accessible. Ça m’a aidé à y croire. Et je me rappellerai toujours le jour où notre [les Soeurs Boulay] photo a été ajoutée. »

Elle avait d’abord participé au Camp en chanson, à un très jeune âge.

« J’avais 16 ans, mais j’ai fait le camp adulte, raconte-t-elle au bout du fil. Je m’étais organisée avec Annie Lebreux pour qu’on mente sur mon âge! J’avais une expérience et une certaine maturité, une connaissance du répertoire aussi. On a trafiqué mes papiers pour faire le camp adulte. Ça me tentait pas de faire le camp pour les bébés la la, j’étais prétentieuse! », lance-t-elle en riant.

« J’avais un front de boeuf à cet age-là, malgré toutes mes insécurités. Aujourd’hui, je n’aurais pas ce guts-là! »

Son objectif était clair : se rapprocher de Marie-Claire Séguin, qui accompagne les Chansonneurs et leur donne une formation qui semble laisser sa marque pour toujours.  « Je voulais absolument travailler avec Marie-Claire. Je n’écrivais pas encore des chansons, mais des textes. J’ai rencontré Marc Chabot pour le volet écriture. J’avais pris un moment avec lui pour lui faire lire mes textes. Il m’avait vraiment encouragé. J’ai écrit ma première chanson plusieurs années après. Ça a été marquant. »

Je voulais absolument vivre cette rencontre mythique, cette expérience transformatrice. C’est quasiment de la sorcellerie. Je me sentais prête, j’avais besoin de vivre ça.

En 2008, elle s’est retrouvée en camp de chanson avec un jeune Patrice Michaud, ainsi que Geneviève Morissette, Mélanie Guay, Sonia Johnson et Félix-Antoine Couturier.  Tous des artistes avait qui elle estime avoir toujours un lien. « Tu passes vraiment du temps avec les gens. On habitait dans une maison ensemble. Le soir, on se réunissait.  C’est inoubliable. Je me disais : voilà, ça va être ça mon métier. »

Et comme Petite-Vallée prend un soin unique de ses relations créées, en 2017, Les Soeurs Boulay était invitées au festival à titre d’artistes passeur.es. « Je me rappelle que quand ils nous ont approchées, je me disais qu’il était trop tôt. Je pensais qu’on ne méritait pas encore ça. Moi, dans mon imaginaire de jeunesse, c’était les artistes vraiment établis qui ont ce rôle-là. Mais on aurait été niaiseuses de dire non par fausse modestie, alors on y est allé à 100%, totalement assumées. C’était tout un honneur. »

Le point culminant, cette année-là, c’était le spectacle de La Petite École de la chanson, moment au cours duquel 450-quelques enfants chantent à l’unisson des mélodies de l’artiste passeur.

Des moments comme ceux-là, Ti-Bass’ en a aussi vécu beaucoup au fil des ans, grâce au Festival en chanson. Et il compte en vivre encore beaucoup en accompagnant les Chansonneurs.

« Ce qui sera peut-être un frein un jour, c’est si je perds les codes pour comprendre la musique des vraiment plus jeunes que moi. »

Jean-Sébastien Fournier croit fermement en la transmission de la chanson, et se plait à accompagner des jeunes artistes qui se prêtent au jeu. « L’affaire qui m’écoeure le plus dans la vie, c’est les gens qui disent : la musique était meilleure dans mon temps. C’est jamais vrai! Tu peux chérir ta connection avec ta musique. Mais les bons créateurs, il y en a tout le temps. Moi j’ai encore autant d’émerveillement, d’amour inconditionnel pour les fronts, les artistes qui se mettent la tête sur le billot. J’ai un respect immense, qu’ils aient 14 ans ou 74 ans. Et tant que je vais être pertinent à leur côté, je vais être là. »

Pour en savoir plus au sujet de la 40e édition du Festival en chanson de Petite-Vallée, rendez-vous par ici.


* Cet article a été produit en collaboration avec le Festival en chanson de Petite-Vallée.

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