Feist

Festival de Jazz de Montréal 2017 | Feist et le sourire automatique

Ah Feist. Juste le nom donne envie de sourire. Ses chansons juste assez pop pour égayer l’esprit, juste assez indie-échevelées pour être crédibles incitent au fredonnement. Et cette voix. Et cette présence pétillante. Et cette robe jaune qu’elle portait hier soir à la Place des Arts…


It’s a jazz festival, so we do what we want !
And then our Pleasure becomes YOUR Pleasure !

Beau jeu de mots. Leur Pleasure, c’est l’album qu’elle a lancé il y a 2 mois. Notre Pleasure, c’est de l’entendre au grand complet, d’un bout à l’autre. Quarante-cinq minutes sans hit, à part le simple éponyme, qui n’est pas tant un hit.

C’est risqué de faire ça. Le public pourrait s’en moquer. Mais Feist a mérité le respect de ses fans, qui lui laisse sa chance à chaque album. Après tout, Metals n’était-il pas l’un des meilleurs albums de 2011 ?  Il avait remporté le Prix Polaris, rien de moins, en 2012. C’est donc dire que huit ans après L’ALBUM des grandes occasions, l’immense succès commercial Let It Die de 2003, Feist prouvait qu’elle était capable de se réinventer, d’éclipser ses hits du passé et d’habituer son public à du neuf.

Alors soit, hier soir, on plongeait tête première avec elle dans ce nouveau disque, qui comporte quelques excellentes chansons introspectives, et quelques-unes un peu plus bof. Il allait de soi que la prestation allait être à l’avenant.

En formule quartette, Feist paraît bien, mais on ressent moins d’intensité que lors de ses spectacles du cycle précédent, dans les années suivant la parution de Metals. C’est, disons, plus posé, propret, presque cute. Mais moins luxuriant, moins viscéral.

Personne n’en fera de cas. Parce que la voix est là, l’énergie pétillante, le jeu de guitare, et tutti quanti.

C’est juste que la différence d’énergie (et d’intérêt de la foule) était assez notable entre le bloc des 11 premières chansons (l’album Pleasure en intégral) et le segment suivant, bourré de bombes comme My Moon My Man, The Bad in Each Other, How Come You Never Go There, I Feel It AllLet It Die et une reprise de Sealion de Nina Simone.

Et que dire du rappel où Feist est réapparue, seule avec sa guitare acoustique, pour nous présenter des versions remodelées (et d’une fantastique humilité) de Mushaboom et 1-2-3-4, hit parmi les hits, qu’elle a boudé pendant plus de 10 ans avant qu’il ne lui « revienne » avec de nouveaux atours. C’est comme qu’elle en parle : ses chansons ont des vies à elles, et font ce qu’elles veulent. C’est ce qu’elle nous raconte, et c’est comme ça qu’elle les traite.

Bref, on ne s’ennuie jamais dans un spectacle de Feist. L’amour pour l’artiste est trop palpable de toute façon. Sa simple présence fait sourire, ses interactions, son charmant accent lorsqu’elle tente de parler français… Ça n’avait juste pas tout à fait le lustre de ses performances d’il y a quelques années. Mais bon, une Feist à 85%, c’est mieux que la vaste majorité des artistes de toute façon.

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