crédit photo: Laurie-Anne Benoit
Dominic Fike

Dominic Fike à l’Olympia | Contre toute attente, un show doux-amer

Dominic Fike, ce petit joyau américain du rock propulsé par son rôle dans la très populaire série Euphoria, qui inclut dans sa tournée nord-américaine un arrêt à l’Olympia? Après un passage à Osheaga cet été dont on n’a entendu que des bonnes choses? Ça ne peut qu’être excellent, non?

Et pourtant. On finit la soirée avec une évidente déception, un arrière-goût légèrement amer, quelque chose comme… un show qui aurait pu être fracassant, mais qui s’est déroulé sans jamais atteindre de sommet.

Je n’avais jamais vu Fike en spectacle avant hier soir, bien que son dernier album What Could Possibly Go Wrong figure parmi mes œuvres musicales préférées, tous genres confondus. Les guitares déchaînées sur certaines pièces, la douce naïveté sur d’autres, les mélodies accrocheuses et parfois si nostalgiques. La réalisation impeccable.

C’est sur ce dernier point qu’il faut s’arrêter. La réalisation de What Could Possibly Go Wrong, bien plus que celle de son premier album Don’t Forget About Me, Demos, d’ailleurs, manipule et distortionne la voix du chanteur sur plusieurs pièces. D’autres sont simplement interprétées dans un registre assez haut perché, mais avec une faible intensité, ce qui se traduit plus ou moins bien sur scène.

Le résultat? Pendant la presque entièreté du spectacle, Fike ne parvient pas à plancher sur ses propres notes, et comme grande admiratrice de son répertoire, c’est plutôt frustrant. Les excellentes (et populaires) Politics & Violence, Vampire et Why (si vous la connaissez, imaginez l’entraînant refrain… quelques octaves plus bas) n’en sont que quelques exemples. La percutante Florida, elle, a eu droit à un micro (trop) bourré d’Auto-Tune, de façon bien plus évidente que sur l’album.

Et la foule, ironiquement, était la révélatrice parfaite de ces irrégularités. Jeune, enthousiaste, bruyante, toutes paroles en main, elle était la seule à chanter les morceaux de l’artiste comme ils se présentent sur ses albums. On assistait alors à un drôle de décalage entre le brouhaha ambiant et les notes qui émanaient du micro. Souvent, celui qui est aussi mannequin encourageait son public à chanter à sa place. Désir d’un moment touchant ou d’une pause dissimulée? Qui sait.

Bête de scène

Bon. Reste que Dominic Fike a livré une grille de chansons variée, au détriment de son dernier album cependant, dont juste la moitié a atteint la scène. L’artiste a pigé dans Don’t Forget About Me, Demos, aux sonorités très pop, pour interpréter 3 Nights, She Wants My Money et Babydoll. Les singles Rollerblades (au piano : audacieux), Açaí Bowl et Phone Numbers y étaient aussi. Fike est bien au fait que son public connaît sa discographie sous toutes ses coutures : revenir à ses premiers morceaux n’est pas risqué. C’est même gagnant.

Certaines chansons de What Could Possibly Go Wrong marquent des moments forts du spectacle, comme la première de l’opus et sans doute la plus rock, Come Here. On avait hâte de l’entendre, et les attentes sont accotées. La seconde partie de Joe Blazey, où la guitare électrique distortionnée et les percussions lourdes sont reines et libératrices, est réussie. Dominic Fike est efficace et tranchant à la guitare, et sa présence est contagieuse. Si bien que la foule hurle et se satisfait tout au long du show, ne semblant pas du tout affectée par la performance vocale moyenne de son bien-aimé.

« Merci, Montréal. Vous avez été l’un des meilleurs publics de la tournée », remercie-t-il en anglais, en déclenchant pour une énième fois un festival de cris dans l’Olympia. Décidément (et à la suite de quelques discussions après le show), la grande majorité de la foule a passé une agréable soirée. C’est probablement ce qui importe le plus.

Étonnant Baird

C’est le chanteur et multi-instrumentiste Baird qui a ouvert le bal, entouré d’un band d’une énergie remarquable. Un peu comme Fike, Baird propose des mélodies bondissantes, accrocheuses et parfois agréablement naïves sur fond rock. Quelques pièces vont même jusqu’à rappeler un Jack Johnson, en bien plus cassant.

Multiples guitares au cou (pas toutes à la fois, quand même), Baird, 26 ans, est habile comme celles et ceux qui ont des années de scène dans le baluchon. Agréable surprise!

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