Critique | Enslaved aux Foufounes Électriques de Montréal

Au grand plaisir des fans fidèles, les guerriers norvégiens d’Enslaved sont finalement arrivés à Montréal vers 1h du matin, dans la nuit de mercredi à jeudi, après 40 heures de bus depuis Winnipeg, pour donner un show mémorable. Malheureusement sans le reste des groupes de la tournée…

Déjà, la veille, des rumeurs fusaient après l’annulation du spectacle de Toronto. Les conditions difficiles dans le nord des Etats-Unis provoquant la fermeture de certains postes de frontières, Pallbearer, Royal Thunder et Ancien Wisom décident d’abandonner le Canada et de se rendre directement à Boston pour la suite de la tournée. Pas Enslaved.

En vrais guerriers scandinaves, ils décident quand même de traverser les tempêtes de neige pour venir honorer la présence de leurs fans au Québec.

 

Des groupes locaux pour compenser les annulations

Photo par Renaud Sakelaris.

Alcoholator. Photo par Renaud Sakelaris.

Le producteur BCI prend alors les choses en mains et en profite pour combler le début de soirée avec deux groupes locaux qu’on salue pour avoir répondu à l’invitation de dernière minute.

C’est d’abord Alcoholator qui monte sur scène avec son thrash metal « old school » qui ravira notamment les fans de Tankard pour le son et la thématique de bière, sans oublier de bonnes influences Exodus et Kreator, période 1980.

Le tout servi par un son crade et aigu, mené avec une superbe énergie par un Matt Butcher effaçant presque le reste de sa troupe ! Le public apprécie, mais on est loin des crowd-surfings sur des tables pliantes comme on avait pu voir lors de leur dernier show à l’Hémisphère Gauche.

Photo par Renaud Sakelaris.

Karkaos. Photo par Renaud Sakelaris.

Après une intervention de BCI pour nous rassurer que Enslaved était bien en route, Karkaos est annoncé. Avec un death mélodique plus moderne et technique, les six musiciens se donnent à fond, maîtrisant leurs instruments, mais un son assez confus ne les mettra pas vraiment en valeur. Le public est peu réceptif.

En effet, dans la foule ce soir, il y a beaucoup d’amateurs de doom metal, plus down tempo et atmosphérique. Dommage, car la scène montréalaise regorge de bonnes formations de ce genre et ils auraient pu bien mieux satisfaire le public. En discutant avec un membre de l’association Pelecanus, très active dans ce milieu, on nous confirme la présence de plusieurs musiciens de la scène doom montréalaise ce soir dans la foule… il ne manquait que les instruments !

Plus de photos de Karkaos

Plus de photos d’Alcoholator

 

Pendant ce temps, quelque part entre Winnipeg et Montréal…

23h, la scène est vide. On attend Enslaved. Un membre de BCI remonte sur scène, en pleine conversation avec le groupe et plaçant son téléphone devant le micro pour que le public entende! Enfin, après une attente interminable, c’est vers minuit que le bus des Norvégiens se pointe sur Sainte-Catherine, et les musiciens et leur équipe arrivent dans la salle sous une ovation.

Aidés par l’équipe de BCI en renfort d’urgence, les techniciens montent le plateau en un temps record, pour qu’enfin le spectacle débute, à 1h30 !

Les Scandinaves se donnent à fond, fatigués mais honorés de voir qu’autant de monde est resté jusque tard pour les voir ! Obligés d’écourter la set-list, seuls 2 morceaux du nouvel album seront joués, laissant place aux morceaux plus anciens. Malgré un son au début approximatif pour la basse et le chant, un peu en arrière-plan, les musiciens livrent une superbe prestation, chargée d’émotions… et de deux jours de voyage dans les tempêtes de neige !

Les gars ont du métier et exécutent parfaitement leurs morceaux aux dynamiques assez spéciales, avec un feeling remarquable, notamment sur les passages lourds et planants. Le show se termine, heure oblige, à 2h40, avec les classiques Isa et As Fire Swept Clean the Earth.

Le chanteur remercie encore le public, pose sa basse et saute de la scène, imité par le reste du groupe. Les Norvégiens vont ainsi à la rencontre des Montréalais, se prêtant au jeu des photos et autographes, fatigués mais heureux d’être là, et soucieux de montrer leur reconnaissance aux fans.

L’attente aura valu le coup (et le coût). Saluons l’attitude de Enslaved et leur dévotion aux fans, leur combat pour avoir finalement réussi à jouer au Québec, aidés par l’équipe de BCI, pour une soirée dont on se souviendra !

Vos commentaires