alt-J

Critique | Alt-J au Métropolis de Montréal

Il y avait longtemps qu’on avait vu le quatuor britannique Alt-J à Montréal. En fait, pas si longtemps – à peine un an et demi – mais après les avoir vus si souvent en 2012-2013, le public montréalais les attendait de pied ferme mercredi soir, et le groupe a répondu avec un spectacle splendide et appliqué dans un Métropolis bondé et enthousiaste. Au menu : quelques titres du nouvel album This Is All Yours, mais surtout une place prépondérante pour le contenu du disque précédent, celui qui a fait sa renommée, l’excellent An Awesome Wave.

Ils sont apparus dans un brouillard rouge, se déployant en rangée, côte à côte. Chacun à sa position, ils ne bougeront pas de leur zone respective tout au long des 75 prochaines minutes. Presque à la Kraftwerk.

Photo par Catherine Rosa.

Photo par Catherine Rosa.

Alt-J n’a jamais été reconnu pour ses concerts « explosifs ». Ils ont plutôt un genre de flegme anglais. Chics types – le claviériste Gus Unger-Hamilton s’est d’ailleurs adressé quelques fois à la foule en français – mais un peu froids, leur présence n’est pas des plus charismatique, et c’est pourquoi il était judicieux de faire appel à des éclairages élaborés pour cette tournée.  Une touche très réussie, par ailleurs : les mouvements et les jeux de couleur sont au diapason de la pop indie raffinée du groupe.

Au départ, le single Hunger of the Pine sert d’apéritif, d’entrée en matière toute en contrôle. Ensuite, on passe aux choses sérieuses avec FitzpleasureSomething Good, Dissolve Me et Matilda, avec au milieu la seule insertion d’un titre du nouvel album, mais non le moindre : l’extrait radiophonique Left Hand Free. Ils savent servir ce que la foule attend, ces Anglais !

Comme on l’imaginait : Bloodflood (sur An Awesome Wave) et Bloodflood Pt 2 (sur This Is All Yours) se rassemblent en spectacle, formant un tout qui prend évidemment tout son sens.

Photo par Catherine Rosa.

Photo par Catherine Rosa.

La deuxième moitié du set contenait quelques temps morts, notamment l’ennuyante The Gospel of John Hurt en guise de conclusion pré-rappel, mais avec Tessellate et Taro insérées aux bons moments, on ne sombrait jamais trop longtemps dans les lenteurs du nouveau disque.

Le rappel, avec Nara et Leaving Nara coup sur coup, a semblé refroidir un brin la foule. Mais avec Breezeblocks comme cerise sur le gâteau, tout est vite pardonné.

Dans l’ensemble, le public a une fois de plus démontré tout son amour pour le groupe en chantant en choeur plusieurs de ses chansons, et Alt-J semblait ravi de retrouver le public montréalais si généreux à son égard. C’est ce qu’on appelle une communion.

Pour les adeptes de spectacles tape-à-l’oeil où l’on prend le spectateur par la main, celui d’Alt-J peut paraître un peu austère. Mais les quatre Anglais ont confiance en leurs chansons, fortes mélodiquement, et fort bien interprétées. Si la beauté de celles-ci vous suffit, c’était le show à voir.

 


Mikky Ekko en première partie

mikky-ekko

Photo par Marc-André Mongrain.

En ouverture de la soirée, le public a fait la rencontre de Mikky Ekko, chanteur américain qui roule sa bosse depuis quelques années, mais que plusieurs ont découvert l’an dernier grâce au single Stay de Rihanna. Sur cette chanson, il chante en duo avec la star barbadienne, en plus de l’avoir co-écrite.

Plusieurs le connaissent pour ce caméo vocal, mais le temps était venu de juger de ses chansons à lui. Le verdict ?  Malheureusement, son mélange de pop indie et de R&B n’atteint pas vraiment la cible, ses chansons n’étant pas particulièrement originales.

Son charisme est évident et il possède certes une belle voix – qu’il pousse au-delà des limites du racolage à plusieurs moments – mais on dirait qu’il cherche sa personnalité. Sa direction artistique n’est pas clairement établie : il nous laisse un peu l’impression de vouloir être The Weeknd et Jason Mraz à la fois, tout en rappelant par moments Maroon 5.

L’extrait Smile pourrait sans doute connaître un certain succès sur les ondes FM. Son premier album officiel, intitulé Time, sera lancé le 20 janvier prochain.

Grille de chansons

Hunger of the Pine
Fitzpleasure
Something Good
Left Hand Free
Dissolve Me
Matilda
Bloodflood
Bloodflood Pt2
Interlude 1 (Ripe & Ruin)
Every Other Freckle
Taro
Warm Foothills
The Gospel of John Hurt

Rappel
Lovely Day
Nara
Leaving Nara
Breezeblocks

Vos commentaires