Critique album | Lindi Ortega – Tin Star

La chanteuse canadienne Lindi Ortega est une artiste prolifique. Voici un troisième album en moins de trois ans. Et des albums solides, de surcroît – pour preuve, les deux précédents ont chacun fait partie de la longue liste des prix Polaris. Sur Tin Star, Ortega fait état des écueils relatifs à la vie de musicien professionnel, et elle le fait avec la fougue et le sentimentalisme qu’on lui connaît bien.

Si sa relocalisation de Toronto à Nashville lui a fait vivre une foule d’expériences nouvelles, et si la vie de tournée lui a donné beaucoup de matériel pour ses textes (les autobiographiques Gypsy Child et Tin Star), ses chansons peuvent tomber parfois dans la redite, musicalement parlant. On a constamment l’impression d’entendre le fantôme de chansons passées, ses propres chansons. La limite de ses talents de compositrice se ferait-elle sentir?

Ceci dit, la réalisation de Dave Cobb (Rival Sons, Secret Sisters) donne beaucoup de corps aux chansons. L’économie des moyens, sur Live and Die Alone par exemple, confère à cette chanson une texture exquise. L’ensemble de l’album est très bien dosé et la réalisation épouse à merveille les couleurs uniques d’Ortega.

I Want You est un succès quasi assuré, avec la voix puissante de la chanteuse qui domine un ensemble country rock vigoureux. Voodoo Mama et ses accents louisianais fera taper du pied la personne la plus récalcitrante.

Cet album est beaucoup plus rythmé que le précédent Cigarettes & Truckstops, qui puisait son inspiration dans la musique blues. Tin Star possède une attitude davantage batailleuse, ses propos sont directs, sa critique du milieu musical virulente. Par contre, le style d’Ortega nous apparaît pour la première fois quelque peu limité. Sauf qu’avec une durée totale de 34 minutes, on n’a pas vraiment lieu de se plaindre. Ça demeure très plaisant à l’oreille.

* Lindi Ortega sera de retour à Montréal le 6 décembre prochain, pour un concert au Quai des Brumes.