crédit photo: Jérôme Daviau
Blanche Baillargeon

Blanche Baillargeon au Verre Bouteille | Un concert intimiste en version épurée

En cette journée internationale du Jazz, quoi de mieux que de se rendre au Verre Bouteille pour le lancement de l’album complet de Blanche Baillargeon, Le nid. Avec un public conquis d’avance, c’est une version épurée que le quintette nous livre ce soir où les morceaux prennent corps dans une ambiance chaleureuse et enveloppante.

Blanche Baillargeon est une contrebassiste et bassiste que l’on a pu entendre avec Clémence DesRochers, Misses Satchmo et Christine Tassan et les Imposteures. Elle a également joué avec Marco Calliari, la Fanfare Pourpour et DJ Champion.

L’album Le nid est sorti en deux temps, la face A est parue en novembre 2022 et la face B est parue ce vendredi. Le concert de ce soir est donc le lancement de l’album au complet.

La prestation reprend l’équipe du disque avec Alex Dodier (L’Abîme, Charbonneau ou les valeurs à’ bonne place, Sport National) à la flûte et aux effets sonores ainsi que Guillaume Bourque (Charles Papasoff, Érik West-Millet, La Fanfare Pourpour, Pierre Lapointe, Philippe B) à la clarinette basse. Bien caché derrière sa grande cymbale ride, Sacha Daoud (Chic Gamine, Lisa Leblanc, Simon Denizart, Marianne Trudel) est à la batterie et le piano est joué par Chantale Morin (Benoit Paradis Trio, Franck Sylvestre).

En début d’année, j’avais pu entendre une version sophistiquée de l’album lors d’un concert à la Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal et qui clôturait une semaine de résidence. Il y avait alors des projections sur les silhouettes d’oiseaux et un énorme travail de spatialisation et d’effets sonores particulièrement réussi. Ce soir, c’est une version plus dépouillée des titres qui nous est proposée mais dans un endroit plus chaleureux qu’est le Verre Bouteille. D’ailleurs, la salle est pleine ce soir et impatiente d’entendre le concert. Sur scène, on retrouve encore le thème des oiseaux avec quelques silhouettes d’oiseaux sous le nouveau système d’éclairage qui est fort apprécié.

Le répertoire de ce concert navigue entre chansons intimistes, des titres jazz plus enlevés, des titres aux accents brésiliens, dont une reprise de Chico Buarque et les «hits» de son premier album. L’ambiance de l’album est retrouvée sur scène avec ces ambiances variées mais toujours enveloppantes.

Si le début du concert est un peu tendu sur scène, l’ambiance se détend rapidement pour prendre son envol. C’est avec plaisir que je retrouve les excellents musiciens qui accompagnent Blanche. Quelle belle idée d’avoir Guillaume Bourque à la clarinette basse, un instrument pas aussi entendu que le saxophone mais qui s’intègre pourtant parfaitement dans le jazz et particulièrement dans le répertoire de ce soir. Chantale Morin nous livre quelques interventions et solos toujours captivants avec facilité sur le piano droit du Verre Bouteille, au son plus Honky Tonk que jazz.

La batterie de Sacha Daoud assoie le tout souvent discrètement, mais il est capable de relancer un morceau avec quelques accents bien placés. À la flûte, Alex Dodier brille notamment sur les derniers titres avec des solos fougueux. Et sa maîtrise des effets est à noter, là où cela peut tourner rapidement au quétaine ou au mauvais goût. Dodier place ces bruitages de manière délicate et subtile, s’assimilant idéalement aux titres. Des effets qui peuvent être marqués comme lorsqu’il reprend le son de la clarinette de Bourque par le micro de sa flûte pour en travailler la matière à travers différentes pédales d’effet. Une belle intégration.

Blanche Baillargeon chante doucement ses titres, d’une voix chaude et enveloppante ses paroles notamment inspirées de la poésie du Franco-Ontarien Patrice Desbiens et nous présente quelques titres aux arrangements sobres, accompagnées uniquement par le piano. Alternant entre basse et contrebasse, elle assure la fondation des titres avec décontraction et assurance.

La version plus dépouillée du concert de ce soir laisse plus de place aux titres pour s’épanouir. Et cela montre que les titres sont assez solides pour vivre sans artifices. Si j’avais aimé les nombreux effets et le travail de sonorisation lors du concert à la Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal que j’ai vu en il y a quelque mois, l’ambiance intimiste du Nid rentre très bien dans le cadre chaleureux du Verre Bouteille et nous touche encore un fois au cœur et à l’âme.

L’album complet Le nid est sorti le 28 avril 2023 et est disponible sur Bandcamp. Il existe également une magnifique version papier sous forme de livre accordéon avec des collages de Marin Blanc qui comprend l’album en téléchargement.

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