crédit photo: Jérôme Daviau
Blanche Baillargeon

Blanche Baillargeon nous accueille dans son nid douillet pour une belle soirée intimiste mais recherchée

J’avais malheureusement raté le lancement de novembre du bel album contemplatif de Blanche Baillargeon intitulé Le Nid mais je me reprend ce jeudi soir, dans la petite salle de la Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal. Le concert est l’aboutissement d’une semaine de résidence où a été effectué un gros travail sur la spatialisation et les effets sur les instruments, pour emmener ailleurs les beaux titres de l’album.

Blanche Baillargeon est une contrebassiste que l’on a pu entendre avec Clémence DesRochers, Misses Satchmo et Christine Tassan et les Imposteures. Elle a auparavant sévi à la basse électrique avec Marco Calliari, la Fanfare Pourpour et DJ Champion.

Le Nid est un album, moitié chanson, moitié jazz, qui entre en nous tout en douceur et donne envie d’y revenir. La sortie du disque s’échelonne en deux étapes, par volonté d’en faire parler davantage. La face A est sortie en novembre 2022 et la face B ne devrait plus tarder. Il est à noter que les paroles sont notamment inspirées de la poésie du franco-ontarien Patrice Desbiens.

Sur la scène où le thème des oiseaux est repris, comme sur les titres du disque, on retrouve quatre silhouettes d’oiseaux où sont projetées des images de nuages et d’oiseaux qui volent. On retrouve Alex Dodier (l’Abîme, Charbonneau ou les valeurs à’ bonne place) à la flûte et aux bruitages ainsi que Guillaume Bourque (Charles Papasoff, Érik West-Millet, La Fanfare Pourpour, Pierre Lapointe, Philippe B) aux clarinette et clarinette basse. Sacha Daoud (Chic Gamine, Lisa Leblanc, Simon Denizart, Marianne Trudel) est à la batterie et le piano est joué par Chantale Morin (Benoit Paradis Trio, Franck Sylvestre).

 

Le résultat d’un beau travail en résidence

Le concert débute avec le premier titre de l’album Si tu n’entends pas, une chanson qui permet d’entrer dans l’univers de la contrebassiste. Avec le titre suivant, Dix oiseaux sur un fil, le travail de la semaine de résidence nous est exposé avec le son du piano qui passe à travers une Leslie (un gros meuble où tourne deux haut-parleurs et génère un effet Doppler marqué) comme un clin d’œil lointain au Echoes de Pink Floyd. Et tout au long des titres, il y a divers effets appliqués aux instruments parfois fortement marqués et assumés mais avec bon goût.

En complément, il y a aussi un gros effort sur la spatialisation du son distribué à travers divers amplificateurs et qui garde l’ensemble à la fois homogène et toujours musical, une belle réussite du travail de Jérémy Roy. Sur le duo piano-voix entre Chantale Morin et Blanche Baillargeon, l’ensemble est noyé de réverbération et distordu avec un son quasiment de piano-bar.

Mais encore une fois, c’est une autre vision de la pièce qui nous est présentée, sans jamais tomber dans une parodie pop outrancière ou de mauvais goût. J’ai également apprécié les lumières, sobres et enveloppantes qui collent parfaitement à l’ambiance chaleureuse de la soirée.

Bon, je parle technique mais il reste que si le spectacle est magnifique, c’est aussi par les compositions intimistes de Baillargeon et la prestation des musiciens : la flûte d’Alex Dodier est toujours bien placée et j’apprécie particulièrement la clarinette basse de Guillaume Bourque, un instrument que l’on n’entend pas assez à mon goût. La batterie de Sacha Daoud sait laisser la place aux autres et rester tranquille mais elle n’hésite pas à sonner pour relancer un titre. Et le piano de Chantale Morin est époustouflant, avec ses solos pertinents et bien exécutés, des idées toujours bien placées et originales. Je me demande encore comment est-ce possible que je ne la découvre seulement qu’aujourd’hui…

La deuxième partie du concert propose des titres présentés comme « les hits qui ont beaucoup tournées sur Radio-Canada » du premier album Paysages du jour tranquille (2015) de Blanche Baillargeon, joués principalement à la basse électrique. (parenthèse gearporn, c’est une jazzbass Fender de 1964 donnée par son beau-père!) Quelques titres en portugais nous sont également joués et le concert se termine dans l’allégresse avec le morceau La Joie (je connais la joie qui habite chez toi) aux accents brésiliens « parce que c’est la meilleure musique au monde »

Si Le Nid (face A) m’avait déjà charmé avec son côté intimiste et ses compositions enveloppantes, la version en concert de ce soir a amené les compositions au-delà du disque, autant par les interprétations impeccables avec des musiciens de talents mais aussi avec ses trouvailles sonores recherchées, qui ont intégré le concept avec bonheur comme une agréable surprise et projetées le son différemment pour une expérience aboutie et maîtrisée.

 

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