Festival Musique du Bout du Monde 2022 | Quand la nature et la musique ne font qu’un

À Gaspé, on prépare depuis plusieurs mois le retour à la normale du Festival Musique du Bout du Monde, qui se tiendra du 11 au 14 août prochain, après une année de jachère, et une autre d’adaptation pandémique. Joint au bout du fil, le co-directeur général Steve Pontbriand jubile à l’idée que son festival puisse se déployer dans toute sa splendeur comme avant la pandémie, tout en adaptant certains concepts développés l’an dernier.

« Depuis que je suis arrivé à la direction, ce qu’on met de l’avant, c’est l’alliance entre la majesté du territoire et la musique, voire même les arts sous toutes ses formes », nous explique le d.g.

Le FMBM est reconnu pour ses mix entre les artistes et les plateaux de diffusion. « C’est important les choix qu’on fait : on mise sur l’expérience du festivalier, pas seulement ce qu’il va avoir dans les oreilles, mais ce qu’il va vivre, le décor, tout ça. »

Un bon exemple sera la Scène TELUS au sommet du Mont-Béchervaise, accessible avec une chaise mécanique.

* Photo par Ricochet Design.

Avant la pandémie, le festival était déjà engagé dans la réflexion d’imaginer un nouveau lieu. « La pandémie nous a obligé à penser à des lieux plus éloignés du Centre-Ville pour éviter les attroupements. Le sommet d’une montagne, c’est parfait. »

« On réitère l’expérience cette année, parce que ça permet de programmer un type de musique introspectif », explique-t-il, en donnant l’exemple du projet néo-classique Flore Laurentienne, qui s’y produira cette année.

L’an dernier, c’était Simon Léoza qui y jouait, autre excellent artiste néo-classique, qui oeuvre plutôt au piano pour sa part. Une expérience fort charmante grâce à la beauté du paysage du haut du Mont-Béchervaise : une vue imprenable sur le parc national Forillon, et la baie de Gaspé, un point de vue qu’on voit rarement. « Tu vois venir les nuages de loin, la température évoluer devant toi… »  Ce genre de contexte permet de tenir des « shows d’écoute », pour reprendre les mots de Pontbriand. On est loin du spectacle dans un bar avec des gens qui jacassent dans la foule…

* Photo par Ricochet Design.

 

Se coucher tard et/ou se lever tôt (ou pas dormir du tout)

Ce jumelage du territoire et de la musique est devenu en quelque sorte la marque de commerce du Festival Musique du Bout du Monde.

L’événement phare qui a servi de terreau d’exploration pour ce genre d’expérience, c’est le traditionnel concert du levée du soleil qui se tient à chaque année. Entre 4h et 5h du matin, au moment où le soleil commence à poindre sur le magnifique décor naturel du Cap-Bon-Ami, dans le parc national Forillon, le public se rassemble et un artiste donne un spectacle intimiste, avec l’éclairage le plus naturel qui soit.

Cette année, c’est Vieux Farka Touré qui accompagnera le levée du soleil avec sa musique, le 14 août prochain. Héritier du légendaire Ali Farka Touré, l’artiste malien de 41 ans est un choix parfait pour ce contexte, même si ce n’est pas nécessairement une vedette connue de tous.

« Les gens attendent ce moment-là, et nous font confiance, explique Steve Pontbriand, visiblement fier de cette programmation. Ils achètent l’expérience, et ressortent avec un album de plus qu’ils vont écouter souvent. Ça ajoute à l’ancrage émotif de découvrir dans ce contexte-là. »

* Photo par Ricochet Design.

C’est ce qui était arrivé avec Alash Ensemble, en 2018, et le co-directeur général est convaincu que c’est ce qui va arriver avec Vieux Farka Touré. « Je l’ai découvert au tout début de son existence artistique plus grand public, évoquant l’époque de son album homonyne paru en 2007.  Il vient de sortir Racine, le 10 juin dernier, et c’est très organique comme album. Il faut que ce soit épuré. La mise en scène, c’est le décor naturel. Le nouvel album est en plein dans cet esprit-là. »

Si plusieurs festivals peuvent se targuer de faire veiller les festivaliers jusque tard dans la nuit, le FBMB est possiblement le seul à se vanter… de les faire lever aussi tôt !  « Certains ne se couchent juste pas, explique Steve Pontbriand. On a programmé Zoon au Centre Culturel Le Griffon, à 12 minutes de là, à 23h59. Ça va se poursuivre jusqu’à tard. Certains vont certainement assister à ce concert, se rendre au Cap-Bon-Ami ensuite et assister au spectacle de Vieux Farka Touré ! »

 

L’appui de la région et de sa population

Non seulement le Festival Musique du Bout du Monde compte sur la richesse de son décor naturel, mais aussi sur une autre ressource renouvelable : l’implication de sa population !

Environ 65% des festivaliers proviennent de la région, dont une bonne proportion dans un rayon de 40 km autour du grand Gaspé. Bon an mal an, on estime qu’environ 250 bénévoles viennent donner du temps. « C’est le coeur de l’existence de cet événement-là qui est déployé sur plusieurs sites. C’est carrément une communauté. »

Parmi les spectacles à noter, le d.g. souligne celui de Ghetto Kumbé, qui se produira le samedi soir sous le gros chapiteau, ainsi que Lido Pimienta en première partie. « Ce sera une expérience en soi. On va être un peu plus festifs !  Ça va bien starter une soirée festive ! »

La programmation compte aussi sur P’tit Belliveau, The Franklin Electric, Les Louanges, ODREII, Laura Niquay, LaF, ainsi que Les Deuxluxes au Bar La Voûte. Ce dernier s’inscrit dans une série de spectacles donnés dans une douzaine de lieux : des petits cafés, restos, centres communautaires qui vont accueillir des shows. « Le bar La Voûte, c’est un tout petit lieu au sous-sol avec beaucoup de souvenirs associés pour les Gaspésiens. Un autre parfait mix ! »

L’effervescence reprendra aussi sur la rue de la Reine, qui n’a pas été animée depuis 3 ans. Les arts de la rue, les installations et le mobilier urbain feront revivre cet axe important. « C’est l’occasion de voir le monde qu’on n’a pas vu depuis tant de temps. C’est un lieu de rencontre, de partage d’expérience. »

Détails et billets au musiqueduboutdumonde.com

* Photo par Roger St-Laurent.