Wallows

Wallows au Théâtre Corona | Sans ennui

Le groupe Wallows s’est offert non pas un mais deux spectacles la même journée au Théâtre Corona en vue de sa tournée Nothing Happens, qui vient soutenir l’album éponyme sorti il y a un peu plus d’un an. Fleurs, peluches et même brassière ont été projetées sur la scène, marquant définitivement le statut de boys band de ce groupe qui a su donner une performance dynamique et entraînante à un spectacle qui a affiché complet.

Le tout est plus grand que la somme des parties

Il ne serait pas étonnant que le visage du chanteur Dylan Minnette vous soit familier : l’homme de 23 ans interprète Clay Jensen dans la série 13 Reasons Why, série diffusée sur Netflix. Du même coup, il ne serait pas malhonnête d’imputer une partie de la popularité du groupe Wallows au succès de cette série. Néanmoins, le succès du groupe originaire de Los Angeles réside bien au-delà du minois du protagoniste d’une série Netflix. Wallows incarne une pop rock rafraichissante en alliant des textes légèrement décalés à des rythmes entraînants, rappelant parfois Cage the Elephant. Le tout se voit souvent accompagné de clips épurés et souvent cocasses, bien que peut-être parfois conventionnels.

Ceci est le résultat d’un équilibre parfait au sein même du trio, autant dans l’écriture que dans la composition et la signature visuelle. Et ça a même transparu sur scène, alors que Braeden Lemasters, regard pétillant et cheveux hirsutes, contrastait significativement avec Dylan Minnette, plus policé et plus théâtral. Sans oublier Cole Preston à la batterie qui, malgré son emplacement sur scène et la timidité à laquelle on l’associe généralement, a partagé quelques mots aux spectateurs et a su marquer sa place. Ces contrastes entre les membres n’ont aucunement miné le rendu et ne donnaient pas non plus une impression de froid ou de division. Plutôt, ces différentes approches ont donné un aspect complet et varié au groupe et à sa musique, merci à la participation active des trois membres au processus de création, mais merci aussi aux harmonies entre Braedan et Dylan et à la variété d’instruments utilisés (telle que démontrée dans la vidéo ci-bas).

Le trio Wallows aura beau avoir donné deux spectacles la même journée, il semble souhaiter que l’expérience de chaque spectacle soit unique et un brin personnalisée. D’ailleurs, le groupe effectue des collectes de denrées pour des organismes locaux, change au fil de la tournée la programmation (setlist) des soirées, et avait d’ailleurs promis à Montréal deux spectacles « les plus différents possibles ». Résultat: un spectacle qui paraît plus chaleureux et original, bien qu’il puisse également y avoir des déceptions. Je ne serais pas surpris d’apprendre que je n’ai pas été le seul déçu de ne pas avoir entendu 1980s Horror Film, Uncomfortable ou Drunk On Halloween, chansons pourtant jouées quelques heures auparavant. Néanmoins, le groupe s’est permis d’accepter une demande spéciale d’une personne dans le public. Classe.

Le boys band réinventé

Somme toute, la scénographie simpliste (seulement quatre panneaux lumineux installés aux coins de la scène et deux bandes lumineuses par terre) aura laissé place à une mise en scène remarquable : le groupe enchaînait souvent directement les chansons de manière fluide et astucieuse, ne permettant ainsi aucun vide, en plus d’ajouter une nouvelle teinte aux chansons du groupe, qui ne compte à son actif qu’un EP (Spring) et un album (Nothing Happens). Sans parler de l’apport visuel créé par les panneaux lumineux, qui prouvent qu’on peut faire beaucoup avec presque peu. Wallows aura su donner des allures de groupe de garage à son équipe déjà bien rodée, de quoi rester dans une apparence simple et authentique, en évitant les redondances et les conventions.

De ce fait, Wallows réinvente le boys band à sa manière, évitant les dérives naïves de Beach Boys tout en rejetant le spleen de Tame Impala ou The National. On y retrouve alors à travers différentes déclinaisons des traditionnelles chansons d’amour de l’autodérision (Scrawny) et des questionnements (Uncomfortable, Treacherous Doctor). De quoi varier la narration des chansons d’amour en y ajoutant une saveur plus moderne, originale et moins prétentieuse.

En première partie, Penelope Isles a su faire lever la foule en proposant une pop rock forte et assumée, malgré l’apparente humilité de ses membres. Proposant une musique s’apparentant drôlement à Foster the People et optant parfois pour des harmonies rappelant parfois Milk & Bone, Penelope Isles s’est imposé de manière fulgurante dans un spectacle senti bien que parfois un peu redondant, le tout sous un style campagnard qui a indubitablement su charmer le public. Chapeau (de cowboy).

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