Taverne Tour

Taverne Tour 2020 | Première croquée du Fruit-Dieu de Fuudge

Après trois jours à remplir de mélomanes les moindres recoins du Plateau, le 5e Taverne Tour est déjà derrière nous. Mais avant de tirer la plug, le groupe Fuudge prenait d’assaut le tout petit Pub West Shefford pour lancer son album Fruit-Dieu.

Même si la dernière galette n’était vieille que depuis quelques heures, le public a tout de suite embarqué dans l’aventure proposée par Fuudge. Le groupe a en effet décidé de commencer le spectacle avec une relecture intégrale du dernier album, comme il l’avait fait au lancement de Les Matricides en novembre 2018.

De Niirvaanaa aux Beeaatles

C’est donc sur l’air de Le goût de ta chair que le concert a enfin commencé aux alentours de 22h20. À ce moment-là, le Pub West Shefford était plein à craquer et l’oxygène se faisait rare par endroit. Le bar est fait sur le long avec une scène aménagée à une extrémité, près de l’entrée. Ainsi, le groupe aurait pu arriver déguisé en gorille que les trois quart de la salle ne l’auraient pas vu. Ou il aurait pu se déguiser en membres du Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band aussi. C’est que le nouvel album ne cache pas ses influences beatlesques, qu’on ressent tant dans les mélodies vocales que les sonorités de claviers dans les moments plus doux.

La référence est particulièrement évidente sur la pièce-titre, deuxième chanson de l’album. Qu’à cela ne tienne : un premier corps se fait transporter par la foule. Seulement cinq minutes et le body surf est déjà commencé. Il faut dire qu’avec une foule aussi compacte à l’avant, la pratique devient un peu moins risquée.

Suit le premier extrait Mourir j’aime trop ça, interprétée avec plus d’urgence que sur la version de l’album. Plus tard, c’est Lave mes péchés qui a droit à une version qui varge beaucoup plus que sur disque. En fin de parcours, Tu peux prendre mon âme est une chanson pop déguisée en chanson rock : la foule en profite pour danser au lieu de simplement hocher de la tête.

Enfin, Din Vidanges II rappelle que le groupe est capable de faire du bruit. On croirait entendre une des chansons noise oubliées d’In Utero de Nirvana. C’est aussi en quelque sorte un retour aux sources pour le groupe sur un album plus tranquille.

Une fois l’épopée Fruit-Dieu terminée, Fuudge lance un entracte, question de pouvoir « aller fumer une cloppe ». C’est aussi l’occasion de faire une véritable cassure entre le nouveau Fuudge, plus expérimental et pop, et le vieux Fuudge.

Tout péter

La deuxième partie du spectacle permet en effet d’aller puiser dans Les Matricides et les deux EP de la formation. Et c’est là que la fête a vraiment commencé. Si le public avait envie d’aimer le nouveau disque, il n’a pas eu à se faire prier pour embarquer dans les succès du groupe qu’il connaissait déjà. Dès le retour, c’est Toé t’as toute fucké la game qui amène le party à un autre niveau. On ne compte plus le nombre de fans qui jouent de la guitare ou de la batterie dans le vide. Ou ceux qui miment le petit riff de clavier qui interrompt la pièce par moments. À ce moment, l’arrière du bar commence à être plus clairsemé, mais c’est assez difficile de savoir si c’est parce qu’il commençait à se faire tard ou si le public s’est entassé à l’avant. Une chose est certaine, le niveau d’énergie était maintenant décuplé.

C’est que si la foule découvrait les chansons en première partie, elle avait eu tout le temps au monde pour absorber le vieux matériel. Ça aide aussi que celui-ci soit encore plus brut que le nouveau : David Bujold crie beaucoup plus sur ses anciennes pièces. Lui-même devait s’en douter, puisqu’il avait appelé le parterre à tout casser avec lui, « mais dans le respect », pendant l’entracte. Un amateur, peut-être un peu chaudaille, a pris sa déclaration un peu trop littéralement, lorsque qu’il a arraché une moulure du plafond en plein body surf.

Minuit était déjà passé lorsque Fuudge passe au rappel. Comme c’est généralement le cas, le concert s’est terminé avec une reprise de 21st Century Schizoid Man, devenu Homme schizoïde du vingt-et-unième siècle pour l’occasion. Cette décision a certainement fait plaisir aux invétérés du groupe, qui scandaient »King Crimson! » sans arrêt tout juste avant. Le classique du rock psychédélique est l’occasion parfaite de réaliser le talent technique des musiciens. Oui, Fuudge, c’est d’abord et avant tout le projet de David Bujold. Après tout, il joue à peu près tous les instruments sur ses albums. Mais cette dernière reprise montre qu’il peut compter, sur scène, sur une équipe incroyable.

Il est maintenant minuit et demi et il est enfin temps de sortir prendre de l’air frais. Celui à l’intérieur était devenu aussi lourd que les guitares du groupe qui vient de passer deux heures sur scène. Peu importe la température extérieure, les gens ne sont pas pressés de fermer leurs manteaux pour l’instant.

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