crédit photo: Marie-Claire Denis
Santa Teresa (festival musique)

Santa Teresa 2022 – Jour 2 | Festival fantôme

Il y avait quelque chose d’apocalyptique dans cette deuxième journée de Santa Teresa 2022. C’est sûr que de recevoir des alertes gouvernementales par texto qui nous urgent de, et je cite, nous « mettre immédiatement à l’abri », ça fait assez fin du monde merci. Mais il n’y avait pas que ça.

Non, en fait, au-delà de la panique météo (qui au final n’aura été qu’une averse), ce qui conférait à cette journée sa vibe Mad Max, c’était le déstabilisant manque de personnes dans l’assistance.

Ça s’est amélioré vers la fin, pour Loud et la tête d’affiche Princess Nokia, mais même là, on parle d’une foule clairsemée qui ne remplissait pas vraiment l’espace qui lui avait été alloué.

Fait qu’imaginez de quoi ça avait l’air à 15h50, quand High Klassified a commencé à jouer. 

Vingt personnes? Peut-être trente? Dont un couple assis au premier rang dans des chaises de camping.

« C’est la plus belle journée de ma vie », a d’ailleurs lancé le DJ et producer en constatant qu’il y avait plus de représentants Guru que de festivaliers devant lui.

Ça ne l’a par contre pas empêché de faire un excellent set, truffé d’hommages aux grands, dont un à Pop Smoke, et un autre à Michael Jackson (qu’on ne cautionne pas, by the way). Il nous a même fait l’honneur de jouer, en world premiere, son remix pas piqué des verres d’une pièce de Kaytranada et Pharrell.

On se console en se disant qu’il y a quelque chose de cool à savoir qu’on est d’un nombre très exclusif de personnes à avoir entendu cette toune.

Puis, juste comme High Klass finissait sa performance, arrivent les deux textos gouvernementaux. Un moment de pur surréalisme dans lequel, je répète, notre gouvernement nous demande d’aller nous mettre à l’abri au plus vite. Fait qu’on a fait ça. Les quelques bars et restos de la rue principale ont donc servi de « refuge » à la poignée de gens présents, le temps de… ben le temps de pas grand chose pour vrai. Il a plu. Puis il a arrêté de pleuvoir.

 

L’après-fin-du-monde

Donc une fois ce CATACLYSME AUX PROPORTIONS BIBLIQUES passé, on a pu retrouver la scène où SLM a tout de même eu la chance de performer deux chansons, malgré le précédent déluge. Deux énormes track, d’ailleurs. Chapeau à elle d’avoir gardé son enthousiasme et son énergie.

Arrive alors, quelques secondes après, Tizzo et son habituelle bonne humeur. Ainsi que son habituel énorme joint à la bouche. Et son habituel White Migz à ses côtés. 

Il affiche un beau grand sourire et se donne comme si le show était sold out, White Migz lance même par excitation sa casquette dans la foule. Et ça, les ami·es, ça fait plaisir à voir. Un artiste qui est content d’être là, ça rend les gens du public contents d’être là. 

Et là, on va skipper quelques étapes chronologiques pour parler tout de suite de Princess Nokia (on reviendra à $not, Skiifall, les invités surprise et Loud dans quelques paragraphes).

Princess Nokia, à l’inverse de Tizzo, n’avait pas le goût d’être là. Une mauvaise journée peut-être. Ou un manque d’entrain face à la petite envergure du show. Qui sait? Mais en tout cas, on la voit aller side-stage entre chaque pièce pour se plaindre et/ou souffler un peu. Elle coupe en plus certaines chansons avant leur fin en disant genre « aight next one ». Elle se siffle aussi des bières qu’elle quémande au public, mais pas dans une ambiance genre « hey c’est le fun on boit des bières ensemble, cheers! » Non, plutôt dans une ambiance de « là j’aurais besoin d’une bière parce que j’t’à boutte ».

Ce fut donc un set très expéditif qui laisse tout le monde un peu sur sa faim.

Ceci étant dit, elle a aussi verbalement DÉMOLI un gars qui gossait tout le monde dans la foule avec son gros chien en plastique qui faisait mal quand on le recevait en arrière de la tête. Fait que y’a au moins ça de positif.

Ok, rewind. 

$not arrive sur scène après Tizzo. L’artiste, reconnu pour sa capuche de hoodie serrée au max autour de son visage, a décidé d’aujourd’hui pousser le concept une coche plus loin et de complètement se cacher le visage derrière un genre de chandail-masque. L’effet est très Kanye. Et peut-être que de justement pouvoir performer sans trop se dévoiler lui a permis de se laisser aller, parce qu’il semble visiblement très à l’aise autant sur la scène qu’en plein milieu de la foule (yep, il est sauté en bas du stage pour venir performer une pièce direct sur l’asphalte avec nous. Un des meilleurs moments de la journée).

Puis c’est autour de Skiifall, le jeune prodige montréalais à qui toutes les portes s’ouvrent dernièrement. Mais force est d’admettre qu’après $not et son rap quasiment punk, il est difficile pour Skiifall de garder l’énergie au même niveau avec son style plus calme. Un set musicalement très bon, parce que les compositions de l’artistes sont excellentes et qu’il les rend bien en live, mais qui tombera un peu à plat vu ce qu’il l’a précédé et, encore une fois, la petitesse de l’audience.

 

Invités surprises… drumroll…

Arrivent ensuite une minivan Guru dans l’audience. Ça sent l’invité surprise. Et le marketing, mais surtout l’invité surprise. 

LES invités surprises, devrait-on dire, parce que ce n’est pas un, ni deux, mais bien trois personnes qui sortent, en rappant, de la van pour se rendre sur le toit de celle-ci.

Knlo, Eman et Claude Bégin, dans toute leur splendeur, seront donc nos invités surprises aujourd’hui. Les coqueluches du rap québ performeront quelques morceaux sur le véhicule avant d’aller rejoindre leur confrère Vlooper sur scène pour un set flamboyant qui couvre quand même large sur l’oeuvre de ce que fut jadis Alaclair. Et comme tout le monde aime Alaclair et que les gens commencent à arriver en plus grand nombre sur le site, leur performance marque un peu le VRAI début de la journée.

Mais le peak viendra après. À l’arrivée de Loud sur le stage. 

L’homme qui a lancé son nouvel album littéralement hier est accompagné de son fidèle Ajust, qui semble dans une forme olympienne, et d’un drummer qui appuie et intensifie chaque production.

Loud sera rapidement rejoint par, vous l’aurez deviné, Lary Kidd, le temps de quelques pièces ensemble puis d’une pièce solo par Lary.

Ceux et celles qui étaient là la dernière fois que Loud était à Santa Teresa ont enfin pu avoir leur moment LLA, là où la fois précédente on attendait impatiemment que Kidd se pointe jusqu’au moment où Loud avait annoncé « Lary est pas là, y’est en train de vendre des t-shirts. »

Ajust sera, quant à lui, rapidement rejoint par le chien en plastique dont on parlait plus tôt. Il l’a d’ailleurs gardé sur le stage avec lui parce que le jouet ressemble effectivement pas mal à son vrai chien. 

Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il est en train de créer un monstre et que le propriétaire du chien de plastique est en train de se convaincre que tout le monde aime maintenant tellement son jouet qu’il peut se permettre de l’imposer à toustes par la suite.

Mais on s’égare. 

Le set de Loud, rempli de hits et mené avec une confiance et une expérience que peu de rappeur·euses québ ont, est un franc testament de l’emprise qu’il a sur la scène musicale actuelle dans la province.

Plus parlant encore était de le voir jouer des pièces sorties il y a 24 heures et de voir les gens en réciter les paroles. 

Maintenant reste à voir de quoi aura l’air ce même set aujourd’hui à Métro Métro.

 

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