Loud

Entrevue avec Loud |  Sa place au soleil (avant le coin à l’ombre)

Trois ans après Tout ça pour ça, Simon Cliche Trudeau, alias Loud, rapplique avec un troisième album intitulé Aucune promesse. On y retrouve un rappeur au sommet de son art, libéré des contraintes de la pop, qui sait apprécier la place qu’il s’est taillée, tout en soignant son legs. Entrevue avec un rappeur trentenaire, qui se dit déjà en « pré-retraite » (à la blague).

 

« Le vrai stress, c’est quand on n’a pas encore fini », nous exprime Loud, joint au téléphone quelques heures avant la parution de son troisième album. « Mais là, c’est la meilleure période : entre le moment où on a fini ce qu’on a à faire, l’album est prêt, tout est planifié, et sa sortie. Il y a une petite fébrilité, une anticipation de la réaction des gens. Mais en même temps, le gros du stress est déjà passé. »

On le sent en effet décontracté, et fort à l’aise, disposé à jaser. L’inverse de la personnalité publique farouche qu’on pourrait penser de lui, impression renforcée par sa chanson Un coin à l’ombre, où il rêve ouvertement à l’exil, le retrait du showbizz, des entrevues, de l’attention médiatique.

Son album Aucune promesse ne contient aucun hit évident à la sauce Toutes les femmes savent danser, Devenir immortel ou Fallait y’aller.  « C’était comme un cheval de Troie, les tounes pop qu’on a faites. Particulièrement Toutes les femmes savent danser. Ça a ouvert tout un pan de l’industrie auquel on ne s’attendait pas. Mais une fois que c’est ouvert, c’est ouvert. »

On retrouve donc sur Aucune promesse plutôt dix très bonnes chansons rap, qui font état de sa situation enviable dans l’industrie, mais surtout, du chemin parcouru, du travail acharné, des vétérans qui ont pavé la voie pour lui, et des prochains qui gagneront du terrain après lui.

Cette idée de redonner au suivant tout en célébrant ce qui a contribué à son succès, ça revient autant sur Provider, qui ouvre l’album — et sur laquelle on peut entendre un extrait d’entrevue de Sans Pression — et Win Win, qui clôt l’album.

Sur cette dernière, inspirée d’un extrait du texte de la chanson Moment of Clarity de Jay-Z (« And I can’t help the poor if I’m one of them / So I got rich and gave back, to me, that’s the win, win »), Loud fait bon usage des featurings en offrant un couplet à Imposs, vétéran de la scène hip-hop, et un autre à Raccoon, jeune rappeur en ascension. Ce dernier a d’ailleurs littéralement le dernier mot : son couplet conclut la chanson, et donc l’album. En matière de passage du proverbial flambeau, il ne se fait pas mieux !

Pandémie oblige, Loud a été forcé à prendre son temps, après avoir sorti Tout ça pour ça à peine un an après Une année record. « Avec le temps, on s’est permis de réimaginer l’orientation de l’album. Ça a été un avantage au bout du compte, surtout à ce point-ci de ma carrière. »

La chanson #10, clin d’oeil évident à la pluie d’hommages envers le regretté Guy Lafleur (et en lien avec le n°10 de Booba, qui parlait des personnes ayant porté le n° 10 dans le football), en est un bon exemple.  « La musique existait déjà, mais j’avais peut-être une idée plus ou moins concrète des textes. J’aime quand on est proche de la sortie, et d’ajouter quelque chose d’actualité. Ce que je trouve intéressant d’un album de rap, c’est de sentir qu’on est dans le train of thoughts de l’artiste au moment où tu l’écoutes. Tu veux savoir ce qui se passe en ce moment, dans sa vie ou dans le monde, peu importe. »

* Loud au FEQ 2021. Photo par Normand Trudel.

« Je passerai pas par quatre chemins, je me déplace plus pour 4 chiffres »

Sur la chanson Uber Eats Freestyle, Loud lance ce petit bout de bravade : « Stadium status plus rien m’amuse à ce stade-ci / Je pourrais book une couple de Métropolis par nostalgie ».

Justement, Loud renouera avec les spectacles dès ce week-end dans une panoplie de contextes tous plus différents les uns des autres.

On a fait un petit tour d’horizon avec lui :

Festival Metro Metro – ce dimanche 22 mai

« Les festivals, c’est toujours gros. C’est une parfait vibe pour recommencer à faire de la tournée! Je n’ai pas à me plaindre. »

C’est tout de même particulier, pour un rappeur aussi établi et populaire, de jouer dans son propre patelin, mais un peu dans l’ombre des Playboi Carti et Lil Tecca. « J’approche ça complètement différemment. Je préfère ne pas l’être [tête d’affiche] quand je suis avec Playboi Carti. Le festival était sold out en quelques jours grâce à Lil Baby et tout ça. C’est un autre fanbase aussi. La plupart des gens seront là pour autre chose que moi. J’aime mieux comprendre ma place dans ce cas-là. On est capable de faire des gros shows à Montréal, mais l’offre est différente ici. »

Loud disposera de 55 minutes pour faire bonne impression. Pas le temps de niaiser ! « Ça va être un set extra hype : pas de mouvements dans ce show-là, ça commence à 100 et ça finit à 100. Je l’approche comme si je n’étais pas chez nous. »

 

Francos de Montréal 2022 – Le retour de Loud Lary Ajust le 9 juin au Club Soda

Afin de souligner les 10 ans de l’album Gullywood de Loud Lary Ajust, les trois acolytes se paient la traite et s’offrent un retour d’un soir… au Club Soda !

Le choix de salle n’était pas anodin. « C’est symbolique ! On voulait faire un rappel à la première fois qu’on l’avait fait. On aurait pu faire le Métropolis, mais personellement, je pense que c’est [le Club Soda] la salle où j’ai eu le plus de fun à Montréal. Je garde bien sûr des souvenirs incroyables du Centre Bell. Mais il y a un genre de magie dans une salle juste assez grosse — avec genre 1000 personnes — mais assez petite pour que ce soit intime. Et il y a de quoi de trashy dans une vieille salle de Montréal pas toute retapée, toute belle. »

Festival d’été de Québec – 12 juillet sur les Plaines d’Abraham

Le Festival d’été de Québec a l’habitude de réserver une soirée sur les Plaines d’Abraham à un.e artiste québécois. Mais pour la première fois, le 12 juillet, ce sera un artiste rap.

« Ils nous ont donné les moyens, et on les prend aussi ! Pas question de faire un show minimaliste dans ce contexte-là. Ce sera un show unique : je l’approche comme un Centre Bell, mais une coche au-dessus. »

Ce sera le plus gros show de ma carrière.  C’est une célébration de tout ce qu’on a fait jusqu’à maintenant, et une manière de montrer qu’on est capable de faire des shows à la hauteur de Maroon 5 ou les autres acts internationaux.

* Loud au FEQ 2019. Photo par Valérie Dionne.

Dans les Maritimes et au Québec à l’automne

Questionné à savoir si sa phrase « Je passerai pas par quatre chemins, je me déplace plus pour 4 chiffres » dans la chanson Uber Eats Freestyle a fait obstacle à son booking dans les plus petites salles du Québec, Loud répond du tac-au-tac : « Oh, ils trouvent l’argent ! »

Plus sérieusement, il admet qu’après n’avoir fait aucun show depuis presque trois ans, « n’importe quelle salle va être excitante ». Le fait d’avoir joué au Centre Bell et au Centre Vidéotron en 2019 n’a pas éteint son appétit pour les plus petits lieux, au contraire. « Personnellement, j’aime les petites salles, admet-il. Je suis toujours content d’être sold out à huit heures de route. Souvent, on a vraiment du fun dans ces shows-là. »

 

2023 – La France

Et finalement, Loud renouera avec la France au début de 2023, après une absence de trois ans. « J’y suis allé la semaine dernière en promo. Mais pour des shows, c’était à Paris la dernière fois, juste avant le début de la pandémie. J’ai été agréablement surpris que les billets à Paris se soient bien vendus [pour le spectacle prévu en 2023], ça nous donne un indice que ce n’est pas tout à recommencer. On a encore un certain following. Mais le rap français va tellement vite, tu ne peux pas maintenir l’intérêt en étant absent pendant 3 ans. »

Loud sera aussi en spectacle :

  • ce samedi 21 mai à 20h30 sur la Grosse Scène Loto-Québec de Santa Teresa, en remplacement de Pressa
  • le 30 juin à La Noce
  • le 21 juillet à la Fête du Lac des Nations de Sherbrooke
  • le 24 juillet au Festif! de Baie Saint-Paul
  • le 22 août à l’International des Montgolfières de St-Jean
  • le 27 août au Festival de la Poutine

C’est tout ?

Non pas du tout.

Loud nous promet que d’autres annonces de spectacles surviendront sous peu. Faudra rester à l’affût.

 

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