crédit photo: Marie-Claire Denis

POP Montréal 2021 – Jour 4 | L’expérience enivrante du supergroupe ALL HANDS_MAKE LIGHT

Pour la quatrième journée de POP Montréal, on nous proposait un menu pour le moins hétéroclite à l’Entrepôt 77.  Dès 15h, les adeptes de métal pouvait voir à l’oeuvre la furieuse formation de Winnipeg Vagina Witchcraft, suivi d’un DJ set passablement plus relax avec Korea Town Acid, deux artistes jazz-pop envoûtantes en Thanya Iyer et Malika Tirolien, puis le projet relativement expérimental ALL HANDS_MAKE LIGHT.  On n’a rien compris de cet enchaînement bizarre, mais pourquoi pas…

Ce qu’on savait d’ALL HANDS_MAKE LIGHT, c’est qu’il s’agissait d’un projet conjoint d’Efrim Manuel Menuck (GodspeedYou! Black Emperor, Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra) et d’Ariel Engle (La Force, Broken Social Scene). Un premier album homonyme a été discrètement rendu disponible à la fin août, seulement en numérique et sur cassette. Ce qu’on peut y entendre est pour le moins déroutant : un genre de collage sonore relativement abstrait et parfois très chargé, puisant dans les sons de courants électriques en loops et les synthés triturés, sur lesquels se déposent l’exquise voix d’Engle, qui entonne des mélodies éthérées presque fantômatiques.  Apparemment, Engle et Menuck ont travaillé sur ce projet à distance, en pandémie. Si on nous disait que ce projet tentait de recréer l’angoisse d’un monde pandémique en un amalgame de sons évoquant le sentiment de perdition qui nous a tous habités et nous hante encore, on le croirait. Plus que jamais, on cherche la beauté dans le chaos, et c’est ce qu’Engle nous transmet, mais la musique de Menuck, complètement dénuée de rythme (et de percussion) nous ramène à la charge mentale écrasante d’un monde incertain et astreignant.

Le spectacle prévu ce samedi à l’Entrepôt 77 dans le cadre de POP Montréal était leur tout premier sous cette appelation. Ce qu’on ignorait, c’est que sur scène, Jace Lasek (The Besnard Lakes) et Erika Angell (Thus:Owls, également choriste pour plusieurs projets, dont pendant longtemps Patrick Watson) complètent le groupe. Ça nous donne un genre de superband des projets les plus audacieux et pertinents de Montréal, en quelque sorte.

 

Leur performance d’environ 50 minutes a littéralement figé le public, captivé par une espèce de transe.  Côté cour, Angell harmonise avec Engle, créant des consonnances envoûtantes. Côté jardin, messieurs, impassibles, assis devant leur appareillage électronique, remplissent l’air sous le chapiteau de l’Entrepôt de textures sonores à mi-chemin entre le solennel et le cauchemardesque.

Une expérience pour le moins singulière.

 

Thanya Iyer et Malika Tirolien

Dans un registre beaucoup plus accessible, les chanteuses et musiciennes Thanya Iyer et Malika Tirolien se produisaient tour à tour juste avant.

On connaissait un peu Thanya Iyer pour avoir écouté à plusieurs reprises son excellent album Kind, une oeuvre relativement jazz mais qui s’aventure dans plusieurs palettes de couleurs, et dont les compositions alambiquées ajoutent une bonne valeur de réécoute. La voix d’Iyer y est également chaude et maîtrisée.

Sur scène, ça se corse un peu. Du moins, c’était le cas samedi, en début de soirée. On sentait une certaine timidité, voire une nervosité, qui rendait plus ou moins bien les complexes détours des compositions, si bien que l’ensemble paraîssait un peu confus par moments. Dommage, mais on donne la chance au coureur : les spectacles en période pandémique souffrent parfois de manque de préparation, voire de manque de pratique.

En revanche, Malika Tirolien s’en est très bien tiré.  Sa musique plus soul et R&B est un peu plus conventionnelle, mais son rendu est nettement plus convaincant. Les choristes poussent parfois la note avec une intensité plus ou moins maîtrisée, mais on sent que Malika est elle-même prête pour les grandes occasions, alternant du chant soul au rap, en français et en anglais, appuyée par de très bons musiciens qui groovent comme il le faut. Chapeau d’ailleurs au batteur, dont on a loupé le nom, qui est apparemment venu prêter main forte en remplacement à la dernière minute. La section rythmique était pourtant très solide.


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Photos en vrac du Jour 4 de POP Montréal à l’Entrepôt 77 :

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