crédit photo: Thomas Mazerolles
Tanztheater Wuppertal Pina Bausch

Palermo Palermo de Pina Bausch à la Place des Arts | Fracassant, renversant

Si le maire de Palerme vous invite à créer une œuvre sur sa ville et que vous insistez pour y inclure la mafia envahissante et le trafic de drogue, comment faites-vous ? Pina Bausch l’a fait d’une façon renversante, surprenante, un peu comme ce mur qui s’effondre dès l’ouverture pour nous plonger dans un univers si singulier.

Palermo Palermo, pièce majeure de Tanztheater Wuppertal, dépeint une réalité singulière de la Sicile. Réalisée en 1989, peu de temps après la chute du mur de Berlin, la pièce nous donne à voir un monde complexe, cru, sensible et haut en couleur.

La vie de tous les jours à Palermo

Lors de la première visite préparatoire à Palermo, Pina et ses danseurs ont gratté le superficiel pour y découvrir des strates de vie particulière, y développer une représentation de la culture et des mœurs en recueillant des impressions de la vie quotidienne faites de rencontres fortuites et surprenantes. C’est cette réalité propre à Palermo que la chorégraphe, journaliste, interprète qui nous a quitté en 2009 laisse derrière elle au travers de cette pièce présentée pour la première fois en 1989.

Cette œuvre majeure du répertoire du Tanztheater Wuppertal et ses 21 danseurs retrace ainsi le quotidien de Palermo dans un style propre à Pina. Entre poésie du quotidien, gestes et répétitions, la chorégraphe a su nous présenter avec une sensibilité étonnante de ce qu’est la Sicile dans les années 1990.

Dans un décor de briques éclatées au sol, les images et les scènes de vie se succèdent. Talons hauts, chemises blanches et vêtements du quotidien donnent lieu à des scènes cocasses, drôles et touchantes dans une scénographie spectaculaire propre au répertoire important de Bausch.

 

Une scénographie aussi fracassante que le quotidien de Palermo

On ne peut parler de Palermo Palermo sans mentionner le travail spectaculaire réalisé par Peter Pabst, habitué aux collaborations avec Tanztheater Wuppertal, qui nous surprend depuis 1979 en tant que créateur indépendant de décors et de costumes pour le théâtre, l’opéra, la danse, le cinéma et la télévision.

La scénographie est fracassante, ce mur qui s’effondre, ces sorties, ces explosions et pour finir ces arbres qui viennent atterrir paisiblement après deux heures de spectacle sont littéralement à couper le souffle.

On retiendra tout particulièrement l’entracte et l’installation de la nouvelle scène, qui se poursuit sous les vas et viens des techniciens et des danseurs qui ne s’arrêteront qu’une fois les lumières allumées, sous les yeux hypnotisés des spectateurs.

 

21 interprètes et tant d’histoires à raconter

Il y aurait tant à raconter de cette œuvre majeure du répertoire du Pina, tant d’histoires, de lenteur et de frénésie dans les corps et les interprètes qui se succèdent sur scène. Entre danse, humour et théâtre, on retient bien évidemment le répertoire chorégraphique de Pina, ces lignes et ces corps qui répètent jusqu’au dernier souffle, ensemble, des gestes et des scènes si particulières.

On ne peut parler de Palermo Palermo sans mentionner le jeu époustouflant de Andrey Berezin, membre de la compagnie depuis 1994. Ainsi que la présence de Nazareth Panadero, danseuse majeure du Tanztheater Wuppertal entre 1979 et 2021 qui a participé à l’élaboration de 19 pièces de Pina Bausch. Aujourd’hui, invitée spéciale Tanztheater, son jeu et sa présence sont si précis, remplis de force et de douceur. Quelle artiste! Quels artistes!

2h50 avec entracte, c’est presque aussi long que le Titanic, et malgré des passages qui s’étirent de temps en temps en seconde partie, il n’y a pas à dire que le spectacle reste permanent. Vous l’aurez compris, c’est une oeuvre marquante de Pina Bausch qui est présentée jusqu’au 25 février par Danse Danse à la Salle Wilfrid-Pelletier, qu’il faut voir au moins une fois dans sa vie (idéalement au balcon s’il vous reste des places, afin de pouvoir admirer toute cette scénographie majestueuse).

Palermo Palermo est présenté à la Place des Arts jusqu’à samedi.

Bon spectacle!


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