Mehdi Cayenne

Mehdi Cayenne lance Radio Batata | Un carnaval de couleurs musicales

Après l’excellent « Aube » paru en 2015, Mehdi Cayenne avait visiblement trouvé sa voie, le ton juste pour aborder la chanson pop-rock avec son mélange d’épices bien à lui. Sur son nouvel album « Radio Batata », lancé lors d’un spectacle gratuit au Ministère jeudi soir, le sémillant chanteur exploite la même recette en y injectant de nouvelles saveurs disco, funk et même hip-hop, qui ajoutent des cordes à son arc bien garni.


 

Radio Batata

Ce qu’on constatait au contact de l’artiste en spectacle jeudi, c’est que ces nouvelles chansons s’intègrent bien aux compositions antérieures : les incontournables La pluie, Rivière, Les heures impossibles. Mehdi a désormais l’embarras du choix en matière de matériel original pour construire un show en crescendo, qui fait d’abord sourire, puis taper du pied, puis remuer le bassin, la musique demeurant un véhicule diablement efficace pour la poésie douce-amère du jeune-homme-gamin.

Il y a de ces tournures de phrases qui collent au cerveau:

  • « Le paradis est une prison privée fait maison où il fait bon survivre»
  • la jolie naïveté d’un couplet comme « Avec ma raquette de tennis en guise de guitare / Je t’empêcherais d’être triste , je te donnerais espoir»
  • ou encore « Je vais danser jusqu’à ce que mort s’ensuive / Pour plus penser et que qui m’aime me suive » sur la lumineuse Sasseville, hommage de bon coeur à la défunte Andréanne Sasseville, animatrice à la chaîne SiriusXM et véritable marraine spirituelle de moult jeunes artistes canadiens

La foule d’abord timide n’a pas tardé à se réchauffer. Difficile de ne pas embarquer dans le petit jeu de Mehdi Cayenne. Charmeur à souhait, son petit côté busker fait de lui un showman engageant et débordant d’énergie, même si on le sent un peu moins high pitch que par le passé. Le courant passe, mais se canalise mieux.

Il apprivoise aussi beaucoup mieux la complexité de ses origines — cet article du quotidien Le Droit le qualifie d’ailleurs, à juste titre, de « musicien algéro-parisien-franco-ontarien aux azimuths montréalais » — et en intègre les influences avec beaucoup de finesse. La valse Waitsienne Ça marche pas comme ça en est une belle illustration, tout comme la rythmique de Bibo. La richesse des parfums musicaux de Radio Batata gagne à être explorée au fil des écoutes.

Avec ses deux fidèles complices, soit le batteur Olivier Bernatchez et le claviériste François Gravel, Mehdi nous a ainsi fait visiter une bonne douzaine de chansons, révélant de nouveaux classiques, comme la très mélodieuse Croque-pomme, la groovy Bye Bijou, et la très amusante Dieu est à temps partiel depuis qu’on l’a remplacé(e) par une machine. On aurait aimé un peu plus de volume dans les guitares, mais somme toute, le trio parvenait à recréer fidèlement les arrangements ingénieux de l’album.

Après une belle heure passée en compagnie du trio, un rappel sympathique s’imposait. Guitare acoustique à la main de Gravel et oeuf-shaker dans celle de Bernatchez, les trois musiciens ont formé un triangle au milieu de la foule, afin d’interpréter Ederlezi, une magnifique chanson folklorique traditionnelle des Roms des Balkans.

On l’a déjà dit et on le répète, ce gars-là mérite davantage de reconnaissance… À découvrir, si ce n’est déjà fait.

 

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