Duchess Says

MEGAPHONO 2016 | Quand Ottawa met en lumière la scène canadienne…

Austin a son SXSW. Reykjavik a son Iceland Airwaves. Même Rouyn a son FME. Désormais, Ottawa n’est plus en reste : pour la deuxième année consécutive, on nous proposait Megaphono, festival intérieur mettant en lumière les talents d’ici dans divers lieux de spectacle de la capitale nationale. Et ça lève déjà.

Lancé par Jon Bartlett de Kelp Records (une étiquette franchement cool d’Ottawa), Megaphono est quelque chose comme un petit miracle : un festival de 4 jours, sans grosses têtes d’affiche, qui parvient à faire sortir les mélomanes de l’Outaouais en pleine semaine (du mardi au vendredi) en plein hiver. Vraiment, chapeau.

Nous y sommes allés le mercredi, au beau milieu de l’élan de 4 jours, question d’aller voir ce qu’il en était. On s’attendait à une virée d’initiés, un événement « industry only » avec des salles à demi-pleines de gens qui réseautent au lieu d’écouter la musique. Nenni.

La qualité d’écoute y est franchement surprenante, surtout lors de notre première saucette, au St. Alban’s Church – genre de Fédération ukrainienne version ottavienne. À notre arrivée, la violoniste de Timber Timbre, Mika Posen, proposait son nouveau projet Merganzer : formation synth-pop indé planante et relativement expérimentale, rappelant tour à tour Beach House, Warpaint et Timber Timbre. Le lieu était bondé, la lumière tamisée, le silence respecté. Le son était bon, les chansons aussi.

Suivait Andy Shauf, auteur-compositeur-interprète installé à Ottawa, petit protégé de Jon Bartlett, justement. Son premier album est paru en 2015, et il est dangereusement sous-estimé. Impossible de passer sous silence les échos d’un Eliott Smith ou d’un Jeff Buckley, mais les compositions délicates de Shauf sont si habiles et son interprétation si sincère qu’on peut carrément ignorer les ressemblances. Dans cet environnement feutré de l’église rue King Edward, les plus sceptiques auraient été confondus tant le charme opérait. À noter qu’il sera en première partie de Lou Doillon le vendredi 19 février prochain au Métropolis, dans le cadre de Montréal en lumière.

Petit détour du côté du Dominion Tavern afin d’y voir Boyhood, projet bruyant mais relativement accrocheur. Du mieux qu’on pouvait juger, ça a du chien, même s’il nous a fallu tout notre petit change pour nous faufiler dans la foule touffue de la taverne pleine à craquer.

Parlant de faire du bruit, Fet. Nat. suivait pour faire freaker les matantes. Et croyez-nous, les matantes freakèrent. Iconoclaste serait le bon mot pour décrire ce projet gatinois punk post-moderne au croisement de John Zorn, Deerhoof et The Melvins. En français de surcroît.

À noter que Jon Bartlett a fait la part belle aux artistes francophones également (grâce à un coup de main de l’APCM) : Mehdi Cayenne, Kristine St. Pierre, Yao, Règlement 17 et, justement, Fet.Nat, étaient de la partie au cours des quatre jours.

Annie-Claude Deschenes et sa bande de Duchess Says concluaient le tout vers minuit-trente. Un mercredi. Et la salle était encore pleine. (Encore une fois, chapeau, Ottawa).

Sans surprise, la foule est virée dingue, encouragée par une Annie-Claude complètement barjo. Elle a même recouvert la foule d’une pellicule de plastique transparente – juste parce que pourquoi pas – et évidemment, elle a crié, beuglé, chanté (parfois) et dansé comme si le plafond allait s’écrouler d’un moment à l’autre. Ce qui aurait très bien pu arriver, remarquez.

C’était là qu’une partie de soirée sur quatre jours de festivités, qui comprenaient non seulement des spectacles en masse, mais aussi des conférences, ateliers et moments de speed-meetings entre artistes et professionnels.

Bien joué, Megaphono. L’an prochain, on y retourne et pas seulement pour un soir.

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