Les Voisins

Les Voisins | Une comédie aussi efficace 40 ans plus tard

Les Voisins, pièce du répertoire théâtral québécois, a été jouée sur les planches à maintes reprises, mais la plus récente mouture de banlieusards saura marquer l’Histoire autant que l’originale. La version montée pour célébrer le 40e anniversaire de l’œuvre écrite par Claude Meunier et Louis Saia, qui était présentée en grande première au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts le 23 janvier, mérite l’ovation qu’elle a obtenue.

Pour les plus vieux, c’est une pièce nostalgique des années 80. C’est une époque pas si lointaine pour beaucoup, mais plusieurs éléments – mis à part peut-être les coiffures, les vêtements, les décorations, ou les soirées diapositives – sont encore d’actualité. Que ce soit Laurette qui s’ennuie à la maison et pense faire une dépression ou Suzy, l’ado qui trouve sa mère rushante, on retrouve dans la légèreté et l’absurdité les préoccupations quotidiennes de monsieur et madame Tout-le-Monde.

On replonge d’ailleurs 40 ans en arrière avant même la levée du rideau grâce à la musique dans la salle, une belle touche. Au niveau de la mise en scène, André Robitaille est resté fidèle à l’œuvre de Meunier et Saia dans son intégralité et ça fonctionne : c’est ainsi que l’on veut voir ou revoir Les Voisins. Le fait que certains propos des hommes envers les femmes soient si grinçants en 2020 rend le tout encore plus comique.

*Photo par Martin Ouellette.

Parfaite distribution

Les comédiens ont été choisis à la perfection. Ceux que le public a l’habitude de voir au petit écran, soit Rémi-Pierre Paquin (Fernand), Guy Jodoin (Bernard),  Marilyse Bourke (Luce), Brigitte Lafleur (Laurette), Jean-Michel Anctil (Georges), Marie-Chantal Perron (Jeanine), Pierre-Luc Funk (Junior) et Catherine Brunet (Suzy) sont tous impeccables et rendent justice aux personnages et aux répliques que l’on connaît à peu près par cœur. Lorsque résonnent le pain tranché «qui se coupe donc bien», la mayonnaise «qui goûte donc bon» ou Bernard qui fait l’éloge de la haie qu’il «a mise au monde et allaité», on entend littéralement le public réciter la fin des phrases.

La seule petite déception aura été le personnage de Fernand, pourtant censé être flamboyant et détonner du voisinage bien rangé, qui semble un peu effacé dans sa façon d’être campé par Rémi-Pierre Paquin.

Les comédiens ont un don pour faire rire en silence, les vides sont joués de façon juste et le texte est rendu à la virgule près. Si certains pourraient trouver irritant d’entendre chaque ligne récitée de façon mécanique, ceux qui apprécient le classique québécois — comme l’auteure de ces lignes — y trouveront leur compte.

Des instants inoubliables

Mention spéciale à Pierre-Luc Funk qui vole la vedette lorsqu’il est sur scène sans même ouvrir la bouche grâce à son costume et à sa posture d’adolescent sans aucune confiance. Il ne suffit que d’un «ça roule?» pour que la salle entière s’esclaffe.

*Photo par Martin Ouellette.

Parmi les nombreux meilleurs moments, on retiendra les scènes exquises entre Guy Jodoin et Jean-Michel Anctil, pleines de malaises et d’absurdités hilarantes, les rires aigus et exagérés de Brigitte Lafleur et de Marilyse Bourke qui sont contagieux ainsi que les segments où la majorité des personnages se retrouvent ensemble sur scène et interagissent maladroitement.

La pièce affichait complet à chaque représentation à Drummondville cet été et risque d’être à guichets fermés pour le reste de sa tournée qui se poursuivra toute l’année et ce, jusqu’en février 2021.

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