Philippe Berghella

Juste pour rire 2015 | François Pérusse hommagé comme il se doit

À travailler isolé dans son studio de son depuis 25 ans, François Pérusse n’a pas eu l’occasion de se faire acclamer souvent. Surtout pour l’humoriste culte d’une génération entière, le ratio impact/reconnaissance est carrément injuste. C’est là où Juste pour rire a su remplir son mandat en lui rendant un vibrant hommage par le biais d’un gala de près de trois heures.


Vingt-cinq ans de carrière déjà pour Pérusse fils. Et des chiffres hallucinants :

  • 2700 capsules radio
  • 12 heures de travail par capsule de 2 minutes
  • 12 Albums du peuple
  • 2 millions de copies vendues (2e Québécois à en avoir vendu le plus… après Céline!)
  • 6 Félix, 3 Olivier, 3 Gémeaux, 4 Rubans d’or, même un prix Juno

Son oeuvre est immense, et son impact sur le milieu de l’humour titanesque. Et pourtant, il a rarement eu l’occasion de goûter à l’amour fou que lui voue son public. « C’est le plus grand humoriste qu’on a jamais vu au Québec », de lancer l’animateur Stéphane Bureau. « Non, mais littéralement : plusieurs Québécois ne l’ont jamais vu! »

En ce sens, ça faisait du bien de le voir ému, ovationné à tout rompre, acclamé à coups de « On t’aime, François! »  Même s’il est réservé, même si on le dépeint comme un ermite peu habitué, voire désintéressé de la scène, on le sentait tout de même grandement reconnaissant de toute cette affection à son endroit, tout sourire qu’il était aux côtés de sa petite famille dans la foule.

 

Le show du peuple

Une douzaine d’humoristes et plusieurs musiciens ont donc rendu hommage à l’homme de 54 ans qui continue à créer à un rythme fou des capsules humoristiques aux personnages mythiques.

Mais la question à cent piasses : comment transmettre cet univers sur scène. Pérusse lui-même n’avait jamais osé.

Comme le disait si bien Stéphane Bureau :

Vous avez peur que ça va briser la magie ?  Fermez vos… yeux !

Les numéros musicaux étaient plus faciles à transposer. Vincent Vallières s’en est donné à coeur joie avec un Snack Bar Chez Raymond bien senti, Sylvain Cossette a dépoussiéré Hutchison Fairmount de l’époque Bleu Poudre, et Patrick Norman, apparemment le chanteur préféré du fêté, a chanté C’est dont belle une fille.

Côté sketchs et personnages, c’est moins évident. Les fans de la première heure ont côtoyé ces bébittes attachantes sans jamais les voir pendant plus de vingt ans. C’est pour ainsi dire délicat…

Évidemment, certains numéros fonctionnaient mieux que d’autres. On savait d’ailleurs reconnaître les vrais de vrais fans de Pérusse parmi les humoristes et comédiens conviés à jouer le jeu.

L’ex-Chick’n Swell, Ghyslain Dufresne a visiblement écouté à répétition l’Album du peuple – Tome 7, comme en témoignait son numéro de croupier. « François joue. En fait, il a un problème de jeu. Il joue à la télé, il joue à la radio, il joue dans son studio… »  Les jeux de mots à la Pérusse abondaient, très punchés, finement écrits, bravement livrés.

Ghyslain Dufresne en croupier

Ghyslain Dufresne en croupier

Dominic Paquet en « gars qui magasine » était aussi tordant, et tout à fait dans le ton du personnage original. Même pas besoin d’accélérer sa voix, on aurait cru que c’était lui tout ce temps.

Dominic Paquet en Gars qui magasine

Dominic Paquet en Gars qui magasine

Philippe Laprise en Tristan Direct, Olivier Martineau en Rodrigue le chansonnier, ainsi que Léane Labrèche-D’Or et Korine Côté dans le duo des Recettes à Pierrette maîtrisaient aussi tout à fait la formule Pérusse, pleine de vivacité d’esprit et de haute voltige lexicale.

Les Appendices ont aussi visé dans le mille avec leur Gala des prix de la télé communautaire, parfaitement en équilibre entre leur signature propre et les clins d’oeil à l’humour Pérussien.

Les Appendices

Les Appendices

Brillant clin d’oeil également aux radios parodiées par Pérusse, avec Laurent Paquin en Louis-Paul Fafard Allard, Billy Tellier en Raymond Faublier (ou Ron Fournier, c’est selon) et France Castel (!) en animatrice de Ssssexe Conseils.

Évidemment, le plus grand défaut de ces galas, c’est le manque de pratique, et donc forcément, le manque de rodage des numéros. Pour honorer un humoriste au rythme aussi dense, ça tombe parfois à plat.  Le « bien cuit » de ses collègues radiophoniques Normand Brathwaite et Anais Favron a aussi laissé le public plus confus qu’autre chose. Une fausse bonne idée.

Mais dans l’ensemble, le fan moyen de Pérusse y aura trouvé son compte, ne serait-ce que pour ENFIN partager en public des répliques mythiques, et pouvoir admirer Pérusse récolter publiquement le fruit de 25 ans de travail acharné. Travail qui a laissé une empreinte indélébile dans l’imaginaire collectif des générations X et Y.

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