Jimmy Carr

Just For Laughs 2016 | Jimmy Carr et sa répartie au Gesù

Peu d’humoristes peuvent se vanter d’être aussi baveux et vifs d’esprit que le Britannique Jimmy Carr. Le brillant humoriste en faisait une fois de plus la démonstration lundi soir au Gesù, alors qu’il y présentait son spectacle Funny Business à l’occasion de Just For Laughs.

« For those who wonder why I look like that, it’s because my dad was Irish, and my mom was Roger Federer ».

Jimmy Carr est le roi du one-liner. Ses gags courts et incisifs sont recensés un peu partout dans la blogosphère, tant ils sont nombreux et savoureux. Et généralement impolis.

Il a du cran, Misteur Carr.  Contrairement à certains humoristes, il ne craint pas les hecklers, ces gens qui hurlent des bêtises dérangeantes pendant les spectacles d’humour, pratique répandue aux États-Unis. Au contraire, il invite les spectateurs à le défier à tout moment du spectacle… mais à leur risque et péril.

Habile manieur de la langue anglaise – il taquine, il a la réplique assassine et n’y va pas avec le dos de la cuillère, ce qui fait partie de son charme. Plusieurs spectateurs ont d’ailleurs goûté à sa médecine, se faisant ridiculiser publiquement en raison de leur travail – l’un d’eux occupant un poste d’employé du service à la clientèle d’une compagnie de ruban adhésif… – ou même de leur religion, un sujet tabou que ne craint pas d’attaquer l’athée notoire, particulièrement à l’endroit d’une adepte de la « science chrétienne » ou d’une pauvre spectatrice prénommée… Allah (elle prétend toutefois que son prénom n’est qu’homonyme, sans s’écrire de la même façon que la déité arabe).

Les gags salés sont aussi de son registre, comme pourrait en témoigner un jeune homme de 17 ans et sa mère qui sont aussi passé au tordeur !  Tout cela avec l’éloquence d’un Brit à l’esprit agile.

Mais surtout, Jimmy Carr a un sens inouï pour braver les limites de l’inacceptable. À première vue, on pourrait croire que son spectacle est un enchaînement aléatoire de courts gags sans fil conducteur. Pourtant, sa façon de jouer avec les attentes du public et le seuil de tolérance de celui-ci est subtile et phénoménale.

Rien n’est tabou avec lui, tant c’est habilement présenté. Pour lui, tout ce qui provoque le rire est recevable, qu’il s’agisse d’un gag sur l’inceste, l’adultère, la mort, la zoophilie, le parkinson, l’homophobie et la misogynie. Parce que tout est dans l’interprétation, et le jeu de mots.

N’allez pas croire qu’il ne se retrouve jamais dans le trouble. Il évoque lui-même quelques-uns des gags qui ont causé la controverse, dont cette boutade déplacée, qui remonte à 2009, à propos des nombreux amputés de guerre anglais lors de la guerre en Afghanistan : “we are going to have a fucking good Paralympic team.”

À le voir aller, on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’il adviendrait de lui s’il était un humoriste francophone québécois…

* À voir ce soir et demain (mardi et mercredi, 21h30) au Gesù, et jeudi (21h30) au Monument National. Billets en vente par ici. La représentation de samedi au Gesù affiche complet. 

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