Immortal Chi : un Québécois fait rayonner l’art millénaire du kung-fu en Chine

Le metteur en scène et directeur artistique Érick Villeneuve nous parle de son parcours artistique en Chine et de son spectacle Immortal Chi, qui allie performances de kung-fu enlevantes et percussions magistrales pour raconter l’histoire d’un maître Tai-chi en quête de son équilibre perdu.

Immortal Chi est votre troisième collaboration avec des artistes chinois. D’où vous vient cet intérêt pour la Chine ?

erick-villeneuve1Tout a commencé en 2004. Une agence chinoise de productions culturelles a contacté le Cirque du Soleil dans le but de créer un spectacle permanent à Shanghai. Le Cirque leur a conseillé d’embaucher un metteur en scène – moi – et un chorégraphe pour diriger leurs artistes. Nous avons donc commencé en 2005 à travailler sur le spectacle Era! The Intersection of Time, qui est toujours présenté en Chine. Plus de 4 millions de spectateurs l’ont vu jusqu’à maintenant.

J’avoue que je connaissais peu la Chine jusque-là – comme je n’avais pas une une passion particulière pour les chevaux avant de travailler sur Cavalia. Mais avec cette première expérience en Chine, je suis devenu amoureux de cette grande culture.

Après un deuxième spectacle, Kaleido, qui a tenu l’affiche pendant un an et demi à Shanghai, le ministère chinois de la Culture m’a commandé un spectacle de kung-fu revampé pour représenter la Chine à travers le monde. J’ai accepté avec grande joie! De là est né Immortal Chi.

 

Comment les Chinois réagissent-ils au fait que des spectacles mettant en vedette leur culture soient dirigés par un Occidental ?

Les résidents d’une montagne ne la voient pas aussi bien que les étrangers qui s’en approchent… Mon équipe et moi leur apportons ce regard extérieur sur leur culture.

Les Chinois sont surpris que nous nous intéressions à leurs traditions – pour nous, c’est comme si un étranger préparait un spectacle de danse à claquettes et de ceintures fléchées pour une tournée mondiale !

Nous pensons avoir trouvé avec Immortal Chi une façon originale, émouvante, percutante, drôle à l’occasion, de présenter le kung-fu et le tai-chi, qui en dérive. Ce spectacle est un véritable voyage pour les gens qui y assistent.

 

Quel a été votre plus grand défi au cours de la création du spectacle ?

Le kung-fu n’est pas une danse; ses praticiens ne comptent pas les temps. Il a fallu d’abord chorégraphier les mouvements pour ensuite les mettre en musique. Les spectateurs trouvent que les athlètes sont super synchronisés avec la musique, mais en fait, c’est l’inverse ! Luc Boivin a composé sa musique sur leurs gestes.

 

Et qu’est-ce qui vous rend le plus fier ?

C’est lorsque des praticiens du kung-fu ou du tai-chi me disent qu’ils sont surpris de voir que ces disciplines peuvent être des formes artistiques. Et à l’inverse, quand des gens qui sont avant tout des esthètes découvrent ces disciplines, qui sont en théorie des gestes de combat, mais qui représentent en fait le développement d’un être humain.

 

Que cherchez-vous à faire éprouver au public à travers ce spectacle ?

Quand on fait un peu de recherche sur le kung-fu, on devient fasciné par ces êtres qui reproduisent des gestes des milliers de fois pour arriver à la maîtrise parfaite et par leur capacité à aiguiser leurs sens, mais aussi à se distancier de leur propre douleur. Ça a quelque chose d’hypnotisant, de très zen et de très humain à la fois.

 

Qu’aimeriez-vous que les gens sachent à propos de ce spectacle ?

Je pense qu’il faut être curieux devant cet art qui se pratique depuis plus de 5 000 ans. C’est un art né à une époque de guerre, où les humains se sont inspirés des batailles entre animaux pour apprendre à se protéger. On n’a pas besoin de connaître déjà le kung-fu pour venir voir Immortal Chi. C’est une occasion unique de découvrir un art qui mérite d’être connu.

* Immortal Chi à la Place des Arts, le 31 mars et le 1er avril 2017

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Par Anne-Hélène Dupont – 37e AVENUE

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