Guillaume Wagner

Guillaume Wagner au Théâtre Maisonneuve | Guillaume et l’Humanité

Il est « le genre d’humoriste qui te rappelle dans quel monde de marde tu vis » avant de te faire rire avec une image à la limite de l’acceptable. Pour son nouveau spectacle Trop Humain, présenté en grande première au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts mardi soir, Guillaume Wagner s’attarde à la bêtise de l’homme et le fait avec une intelligence et une honnêteté étonnante.

L’humoriste dit ne pas vouloir toucher aux gags politiques ou au sarcasme à la Yvon Deschamps dans son spectacle, mais avoue ressentir le besoin de choquer le public. Un art qu’il maîtrise d’ailleurs parfaitement, faute de parfois faire rire, il crée dans Trop Humain plusieurs malaises bien sentis, mais chaque fois assumés et même appréciés. On le sent au visage satisfait de l’humoriste, qui vient souvent de toucher une corde sensible.

 

Moins baveux, plus réfléchi

S’il promet en début de spectacle qu’il ne nommera personne « parce qu’après, ils ont de la peine et te poursuivent », Guillaume Wagner ne se gêne évidemment pas pour lancer quelques bonnes flèches. Richard Martineau pour son opinion prémâchée et gobée par plusieurs, Denis Lévesque, Yoann et le phénomène de La Voix, mais aussi le show-business québécois, l’univers des médias et l’humoriste lui-même y passe. Ceci dit, Wagner se concentre brillamment sur des gags plus généralistes et personnels où chacun se sent visé à un moment où un autre.

Bien qu’on le connaisse pour ses opinions tranchées, étonnamment, avec Trop Humain, Guillaume Wagner les laisse de côté. Avec l’excellente idée du « permis d’opinion », il élabore plutôt sur l’importance de nuancer ses propos et l’absurdité d’utiliser des expressions comme « c’est le meilleur café ever » ou « y’a-tu de quoi de pire? », toujours bien appuyés d’anecdotes et d’imitations hilarantes.  Un numéro fort du spectacle pour ses réflexions à partir de banalités. Le fait qu’il se moque de ses propres raisonnements, celui qu’un homosexuel n’est pas viril par exemple, démontre une nouvelle maturité qui donne encore plus d’assurance chez Guillaume Wagner, sans cette prétention que certains lui reprochent.

 

Toujours aussi cru

Alors qu’il se confie plus souvent qu’autrement, on se demande à certains moments si Guillaume Wagner est devenu humain au point d’éliminer la vulgarité. Même s’il blague en début de spectacle sur le fait qu’en humour, seulement les « jokes de cul » sont bien acceptées et qu’il en fait ici et là, il semble s’être adouci.

Mais, « puisque c’est prouvé scientifiquement qu’il faut s’adapter à l’intelligence du plus niaiseux dans un groupe » dit-il, l’humoriste se lance, vers la fin du spectacle, dans un numéro aussi cru que drôle en abordant entre autres « la magie d’un vagin ».

Il est donc plus mature et plus intelligent dans son humour, mais reste le Guillaume Wagner vulgaire et choquant qu’on connaît.

« J’entre sur scène en tabarnak et je vous largue ma haine », lance l’humoriste pessimiste à un certain moment.

S’il fait effectivement preuve de beaucoup de cynisme, Il a surtout l’habileté de faire d’excellents gags sur des vérités rarement abordées et sur des comportements humains qui en disent beaucoup plus qu’on croit sur la société. C’est un deuxième one-man-show réussi sur toute la ligne pour Wagner, qui honore bien le nom de son spectacle et s’est mérité une ovation debout bien sentie.

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