Francouvertes

Francouvertes 2018 | LaF remporte une finale éclectique !

C’était l’une de ces années où ça pouvait littéralement aller dans n’importe quel sens. Les 3 finalistes des Francouvertes étaient tellement distincts les uns des autres qu’on pouvait très difficilement les comparer et ainsi convenir d’un(e) gagnant(e) clair(e). Au final, le dynamique groupe rap LaF aura remporté les grands honneurs, devant une Lou-Adriane Cassidy toute en chanson folk-rock appliquée, et le duo punk-champ-gauche Crabe qui décoiffait comme il sait le faire.


Il y a peu de concours où l’on pourrait retrouver une aussi belle variété de styles dans une même finale. Ajoutez à cela les porte-parole Klô Pelgag et Tire le coyote, qui ont cassé la glace en interprétant 3 chansons — dont la relecture francisée de Video Games de Lana Del Rey que Tire Le Coyote a endisquée, cette fois-ci interprétée en duo avec Klô — et on se retrouve avec une soirée pour tous les goûts.

On avait visiblement prévu l’ordre de passage sur scène par décibels. Lou-Adriane Cassidy lançait donc le bal, avec sa voix bien mûrie, qui ne rate jamais la note, et les arrangements très solides, très pro de ses musiciens. Ça manque encore un peu de chien à notre goût, mais Lou-Adriane sait visiblement où elle s’en va avec ses skis, et sa chanson Ça va ça va (écrite par Philémon Cimon) demeure l’un des airs les plus mémorables de la présente édition des Francouvertes.

Suivaient les gars de LaF, très énergiques. Ou dans le cas de Mantisse, trop énergique. Faudra apprendre à différencier « être intense » et « être paquet de nerfs ». Ses acolytes Bkay et Jah Maaz sont nettement plus posés, tant sur le plan de leurs agissements sur scène que de leur rendu vocal. Ce qui est pour le mieux. Mais bon, on ne pourra pas en vouloir à un groupe (ou un rappeur) de vouloir en faire trop…

La diction est à travailler, les textes à resserrer, et il manque un peu de refrains qui ont du punch, mais la base est là ; c’est somme toute assez accrocheur, divertissant, sympathique et dynamique. À mesure que le rap québécois se diversifie, il y a assurément une place pour ce genre de groupe dans l’écosystème hip-hop.

Les 3 gars ont l’air au même diapason, et créent peu à peu leur univers, qui fait fureur auprès de leur foule, qui était d’ailleurs très bruyante et enthousiaste aux abords de la scène. Le Club Soda leur appartenait. À notes similaires auprès des juges, le vote du public de LaF aura probablement fait la différence en leur faveur. Tant mieux.

Évidemment, Crabe n’avait aucune chance de gagner. C’est déjà bon qu’on les retrouve en finale. Leur proposition est beaucoup trop éclatée, bruyante et WTF pour se mériter les faveurs des deux autres publics.

Sauf que voilà, Les Francouvertes ne servent pas juste aux gagnants. Le projet Crabe existe depuis environ 10 ans, et s’entête joyeusement à proposer un math-rock déjanté à tendance punk-métal, condamné à un public niche. Il en faut des comme ça. Et Crabe le fait diablement bien.

Le chanteur et guitariste Mertin Höek et son collègue batteur Gabriel Lapierre ne sont pas exactement les types d’artistes les plus « dressés » pour ce genre de compétition. Mais leur coup de pied dans la ruche fait du bien. On aura d’ailleurs jamais vu avant (ni probablement après) un guitariste percer sa guitare avec une drill électrique, avant de la faire tournoyer dans les airs avec l’outil.  C’est maintenant chose faite. Ça aussi, on s’en rappellera.

Bravo aux Francouvertes pour avoir créé un écosystème de concours-vitrine pouvant donner lieu à ce genre de finale éclectique.

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