La Femme

FrancoFolies de Montréal 2016 | La Femme : Apprêter son psyché

Le groupe français La Femme prépare un nouvel album pour septembre, et s’arrêtait samedi à Montréal pour un spectacle à l’Astral afin d’en dévoiler quelques extraits dans le cadre des FrancoFolies. Sors-tu.ca a discuté avec Marlon Magnée, claviériste du groupe, afin de tenter d’en savoir plus sur la nouvelle orientation du groupe.


En mars dernier, La Femme déposait sur la toile un tout nouveau vidéoclip déjanté pour une intrigante chanson intitulée Sphynx :

On sait maintenant que trois ans après l’excellent Psycho Tropical Berlin – l’un de nos albums préférés de 2013 – un deuxième disque sera rendu disponible en septembre prochain. On ne sait toujours pas quel en sera le titre, encore moins la teneur.

« Tu comprends que je ne peux pas simplement tout te dévoiler… », laisse entendre Marlon au bout du fil.

Allons, quelques détails… « C’est toujours aussi hétéroclite, il y a vraiment de tout ».  Cause toujours. Il poursuit tout en poésie : « Imagine que tu es dans une allée sombre, tout d’un coup il y a plein de lanternes, genre le quartier rouge d’Amsterdam. Chaque lanterne est de couleurs et de tailles différentes. Chaque chanson est foutue différemment. Il y a même des styles jamais explorés pour l’instant. »

À mesure que la langue se délie, on comprend que les gars de La Femme, qui avaient la jeune vingtaine lors de l’élaboration de Psycho Tropical Berlin, ont maintenant atteint la mi-vingtaine, et que les perceptions changent, même si certains titres du prochain album ont été écrits avant Psycho Tropical Berlin. Entre-temps, les garçons ont été inspirés par la route, les voyages qu’ils ont faits, voire même des noms de villes ou des noms de pays qui servaient d’inspiration, comme pour un morceau qui s’intitulerait Nebraska par exemple.

Peu préoccupé par la pression d’en rajouter après le succès critique et populaire du premier disque (qui leur a valu un prix Victoire de la musique pour Album révélation de l’année 2014), Marlon parle d’une « nouvelle énergie ». Il est question de « balades dans la forêt, style Alice au pays des merveilles un peu weirdo ».

 

Le psychédélisme comme état d’esprit

Le jeu de devinette se poursuit, et débloque lorsqu’il est question de « psychédélique », en se fiant au premier extrait. « De votre côté de l’Atlantique, tout le monde écoute du psyché en ce moment. Nous, ce n’est pas que ça », laisse-t-il entendre, en utilisant l’aspect très électro de Sphynx en guise de nuance.

« Le psyché, c’est pas juste des mecs avec des cheveux longs qui sont là en mode groupe de power rock, avec une basse, une guitare et une batterie, tu sais, des mecs avec des voix planantes, qui font les mêmes morceaux. Pour moi, (le psychédélique) c’est vraiment quand on s’amène de l’autre côté du miroir. Un mec qui fait de la techno peut être psyché, parce que ce sont des délires bizarres qui vont m’amener je sais pas où. »  Marlon évoque notamment parmi ses influences « un mec super qui s’appelle Jacques, il fait de la musique avec des bruits qu’il enregistre. »

Il est alors question de stupéfiants. C’est pas nous qui faisons un lien simpliste, mais la chanson Sphynx aborde cet état d’esprit de façon assez frontale : « Danser sous acide / Et se sentir comme une plume qui vole / qui vole au gré du vent / Je domine les montagnes et me dirige vers Babylone ».

« Moi je prends pas d’acide, tu vois, souligne Marlon. Sauf une fois, à 17 ans, je savais pas qu’il y en avait dans mon verre, ça s’est très mal passé. Mais je comprends l’ouverture. Ça permet parfois d’avoir une sensibilité que j’avais pas en étant trop ancré dans le réel. »

L’idée, c’est de se perdre un peu dans l’imaginaire, entre le réel avec tout le monde et le rêve. Tu sais pu où tu es et c’est ça qui est cool. Comme un filtre devant toi qui fait en sorte que tu perds un peu tes repères.

Sauveurs du rock français ?

On a vu La Femme à Montréal d’abord en 2011, en spectacle extérieur aux FrancoFolies. À l’époque, l’aspect « surf » prédominait, et le groupe s’amusait avec les thérémines et autres sonorités étranges.  Ils avaient alors à peine 20 ans, et on les sentait en mode exploration.

De retour aux FrancoFolies en 2013, déjà ils avaient pris du galon. Ça assurait. L’aspect visuel, costumé, étrange, prenait les devants aussi.  Un peu à l’image de cette célèbre prestation du groupe aux Victoires de la musique en 2014.

On les revoyait ensuite au Ritz P.D.B., à l’automne 2014, avec un son vachement plus rock, une énergie presque punk. Ils étaient alors en tournée nord-américaine, et flirtaient avec les Ricains.

Le groupe semble avoir approfondi cette veine. « On repart dans un truc plus rock, à la fois live et sur l’album aussi, sur certains titres. Il y a un son différent. À Montréal (en 2014), il y avait un son de guitare plus fuzz, une Big Muff. On n’avait jamais fait ça avant, c’était plus un son de reverb surf et tout. Même les dégaines, ce n’est plus pareil ».

Bien que les Inrocks et plusieurs autres médias français les perçoivent comme les sauveurs d’un rock français en perdition – au sujet de Psycho Tropical Berlin, les Inrocks ont écrit que « depuis sa parution, la galaxie du rock français n’est plus tout à fait la même » – La Femme se veut davantage d’influence américaine en cette matière. « L’Europe, c’est pas très rock, laisse-t-il entendre. C’est très pop la France. En tout cas moi, personnellement, j’aime bien le punk français, mais le rock ça me saoule. À part quelques trucs. Le rock américain est beaucoup plus cool. Le punk rock anglais et espagnol aussi. À Paris, dans les soirées, il n’y a pas beaucoup de rock. »

De toute façon, rock français ou américain, ça importe peu pour cette génération de musiciens altermondialistes. La Femme est dans une logique d’inspiration basée sur l’ouverture, sur l’absence de frontières et sur l’exploration des instruments méconnus en provenance d’un peu partout. « Il faut être dans un peu tout ; si tu t’enfermes, tu vas pas plus loin que le bout de ton nez. Le monde est tellement vaste, il y a tellement de musique partout. On a découvert des instruments d’Asie centrale, par exemple. À chaque endroit où l’on va, on visite les boutiques d’instruments. Lorsqu’on est allé au Brésil, par exemple, j’ai demandé c’est quoi cet instrument, et demandé au mec de me montrer comment faire. »

La Femme s’amenait donc à Montréal avec une poignée de nouveaux titres en main, mais aussi les titres éprouvés du premier disque, comme Sur la plancheNous étions deux, Antitaxi et autres Femme ressort. 
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BAGARRE en première partie

La formation française BAGARRE s’occupait de la première partie et en a mis plein la vue avec une prestation énergique, engageante.

Vêtus de survêtements ADIDAS, on les soupçonnait de le faire que pour le look un peu kitsch, mais non : bondissant sur scène, les membres du groupe font un véritable work-out sur la scène.

Les morceaux rap-dance étaient particulièrement réussis.

Retour en quelques photos sur la prestation :

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