Festival Keep it Low (Munich) | Quand l’automne sent le printemps

L’automne à Munich, c’est un moment magique. C’est le moment où l’équipe de Feierwerk, complexe de salles de concert de Munich, change les ampoules extérieures régulières afin d’installer les lumières vertes. L’automne à Munich, c’est la saison du Stoner Rock, qui atteint son apothéose lors du festival Keep it Low.

Il s’agissait de la quatrième édition du festival intérieur dédié aux Stoner, Doom et autres genres musicaux pesants. Les Bavarois ont été avares de cette musique cette année, puisque l’événement affichait complet. Les trois scènes ont accueilli une vingtaine de groupes, certains connus que localement, d’autres ayant une renommée internationale.

 

Vendredi: Là où les plus petits l’emportent

Le coup d’envoi du festival a été lancé par des groupes d’envergure plus humble. Deux groupes ont su sortir du lot pour cette première soirée. Le premier est Swan Valley Heights, groupe local, qui a offert une magnifique performance. Les lumières mauves, la légère fumée, la basse lourde, le rythme lent: tout était là pour créer une atmosphère pesante, à l’image de leur musique. C’était hypnotisant, et d’une certaine façon, presque douillet.

Un autre groupe qui s’est démarqué lors de cette édition de Keep it Low est définitivement Salems Pot. Les Suédois se sont présentés sur scène portant des masques, dont certains rappelaient ceux que les médecins portaient au Moyen-Âge en cas de peste noire. Seulement, les becs crochus et les chemises aux couleurs vives des musiciens donnaient une touche psychédélique tout droit sortie des années 1970 à leur costumes. Le chanteur principal, quant à lui, nous a bien montré qu’on pouvait être à la fois heavy et fabulous avec son masque à plumes et à brillants. Le début de leur prestation en a fait douter plus d’un dans la salle, puisque l’énergie et les riffs accrocheurs ont tardé à arriver. Ils ont toutefois réussi à captiver la foule après quelques pièces, et à partir de là, ça n’en finissait plus d’être savoureux. Les extraits de films de série B obscurs qu’ils ont projetés en arrière-plan ajoutaient un je-ne-sais-quoi intéressant. Combinés avec leur musique et leurs costumes, c’était une combinaison parfaite.

La soirée du vendredi a débuté en beauté, mais s’est terminée avec les coins des lèvres vers le bas. Colour Haze, tête d’affiche du vendredi, a fait attendre la foule plus de 20 minutes pour faire des tests de sons imprévus. Ça passe encore. Mais l’immobilité des musiciens et leur manque complet d’énergie ont transformé un concert attendu en un moment où on regarde notre montre à toutes les deux minutes et qu’on attend impatiemment la fin. Il y avait cependant le lendemain pour effacer ce goût amer de déception.

 

Samedi: Line-up à voir, organisation à revoir

Sous le soleil de l’après-midi, les stoner rockers de Munich ont de nouveau convergé vers le Feierwerk par la deuxième journée du festival. Le vendredi, seulement deux scènes étaient ouvertes, ce qui signifie que les groupes se succédaient. On pouvait donc tout voir. Le samedi cependant, les trois salles étaient actives, et la plupart des concerts en chevauchaient d’autres. De difficiles choix ont donc été faits. Ce qui trainait par contre dans toutes les salles, et pour pratiquement toute la journée était une odeur printanière, voire herbacée. Ça a probablement tonifié la bonne humeur de chacun. Cette bonne humeur était aussi la conséquence d’une excellente affiche, et de prestations de qualité de pratiquement tous les groupes.

Les points forts de la journée? 1000Mods. Le groupe fait tremblé les murs de la salle, et les ondes se sont sûrement fait sentir jusque dans leur Grèce natale. C’était lourd, c’était énergique, c’était drôle (quel sens de l’humour, ce chanteur), c’était complètement malade. On aurait voulu que ça ne se termine jamais.

Le deuxième groupe plus que digne de mention est Dopethrone. Il s’agissait du premier passage des Montréalais à Munich, et ils y ont certainement laissé leur marque. Vince, chanteur et guitariste, a tout donné malgré une jambe cassée. Il a même impliqué le public lorsqu’il a choisi le gars le plus saoul de la salle pour venir chanter avec lui sur scène. Tous croyaient au désastre et à l’humiliation éternelle du jeune homme, qui tentait tant bien que mal de prendre le micro malgré son état d’ivresse avancé. Eh bien, nous avons tous ravalé nos paroles, puisqu’il a fait comme un chef!

Le festival a monté une affiche de feu pour le samedi. Le hic de la journée a été une organisation difficile à comprendre. D’abord, la salle a été fermée lors du concert de Monkeys parce que trop pleine. Si quelqu’un a eu le malheur d’aller chercher une bière ou un repas juste avant que le groupe ne commence, il était trop tard. Une réévaluation du nombre de billets serait probablement souhaitable. Autre frustration du samedi (peut-être plus personnelle cette fois): Dopethrone et Elder ont joué simultanément. Certes, on comprend que des plages horaires de certains groupes se chevauchent. Mais faire jouer les deux têtes d’affiche de la journée en même temps a brisé bien des cœurs de rockers. Ça a brisé le mien, tout du moins.

Quelques moments de tristesse pour cette quatrième édition de Keep it Low, mais de manière générale, c’était un festival réussi, et à recommander. Vraiment, l’automne à Munich, c’est magique.

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