crédit photo: Pascal Leduc

Festif! de Baie-Saint-Paul 2023 – Chapitre 2 | À la fois drôle, punk et hip-hop

En ce vendredi 21 juillet gris et pluvieux, les groupes humoristiques Bleu Jeans Bleu et Les Trois Accords tenaient les têtes d’affiche de cette deuxième journée du Festif! de Baie-Saint-Paul. La formation punk australienne Amyl and the Sniffers assurait quant à elle la dernière représentation du festival à la Place Desjardins le lendemain.

Si le soleil ne pointait pas souvent son nez durant cette deuxième journée du Festif!, la tendance s’est rapidement renversée dès le début de la prestation de Bleu Jeans Bleu, comme si la bonne humeur procurée par le groupe québécois parvenait à chasser le mauvais temps.

Fidèles à leurs habitudes vestimentaires coordonnées et surtout, portant tous fièrement un chapeau similaire, les membres du quatuor entrent sur scène vers 19h45, pour une prestation d’un peu plus d’une heure.

Rire en musique

Mené par Mathieu Lafontaine, dit « Claude Cobra », Bleu Jeans Bleu mise avant tout sur des morceaux courts, efficaces, ainsi que sur une ambiance festive et humoristique.

Les thèmes abordés dans les paroles durant le concert s’avèrent peu glamours, loufoques, passant entre autres de la relation amour-haine du chanteur envers le Petit pudding à la perte de cheveux chez les hommes. Une chanson très amusante traduisant le dilemme entre prendre une douche ou se nettoyer dans la piscine du jardin peut également être mentionnée ici.

Claude Cobra anime le public de sa voix à l’accent prononcé quand il chante, mais aussi grâce à ses interactions parlées tout au long de la performance : durant le titre J’ai mangé trop de patates frites, le meneur de la formation descend de la Place Desjardins pour permettre à des membres du public de crier au micro leur vice, avouant devant la foule entière qu’ils ont effectivement abusé des patates frites à la manière d’une confession catholique.

« Hallelujah! », répond Cobra entre chaque aveu.

Alors que le groupe intègre des segments de Hotel California ou de Hey Jude dans ses propres morceaux, un medley dans les dernières minutes du concert permet de réellement comprendre une bonne fois pour toutes cet amour de Bleu Jeans Bleu pour le rock d’antan : à peine quatre ou cinq secondes percutantes de classiques de Nirvana, des Beatles, d’AC/DC, enchaînés durant plusieurs minutes sous les acclamations de la foule, ravie d’entendre ces airs qui ont bercé leurs premières découvertes musicales par le passé (pour les plus âgés, en majorité).

La formation humoristique en cache pourtant une autre durant la soirée : le renommé et populaire groupe de Drummondville Les Trois Accords prend ensuite place sur scène, à 21h30.

L’entrée du quatuor est énergique, les membres enchaînent sur Internet, puis sur Hawaïenne.

Puis sur Tout nu sur la plage, puis sur Je me touche dans le parc, puis sur Dans mon corps, puis sur J’aime ta grand-mère, puis sur Les dauphins et les licornes, puis… puis on remarque au fil des minutes que l’on connaît presque tous leurs morceaux.

Les Trois Accords tournent dans le paysage culturel et populaire québécois depuis si longtemps que, même en ne se revendiquant pas fanatique du groupe, chaque titre prend l’allure d’un ver d’oreille que l’on semble connaître sur le bout des doigts.

La présentatrice annonçait quelques minutes avant la performance que chaque morceau interprété par Les Trois Accords donne envie de crier « c’est ma toune! ».

Elle ne semble pas avoir tort.

Le quatuor clôture cette deuxième journée à la Place Desjardins avec Ouvre tes yeux Simon, puis avec Corinne et Saskatchewan, Simon suggérant à la foule de prendre son voisin par l’épaule et de se balancer au gré de la musique sur cette dernière, une tradition chez le groupe.

 

L’éternel punk

Après une soirée musicale à tendance comique à la Place Desjardins, place à deux formations punk rock pour cette avant-dernière journée du Festif! de Baie-Saint-Paul.

Vulgaires Machins ouvre noblement cette double affiche punk, avec un discours revendicateur et dénonciateur pouvant être retrouvé dans la majorité des morceaux, caractéristique au style propre du groupe.

Sensation de cette 14e édition du Festif!, le groupe australien Amyl and the Sniffers accède à la Place Desjardins devant un parterre bondé.

Les morceaux s’enchaînent avec fluidité et efficacité, dans un élan musical brutal globalement assez maîtrisé : la chanteuse et meneuse de la formation, Amy Taylor, se déchaîne sur les planches, danse avec rage au son de la musique quand elle ne se trouve pas derrière le micro, vole la vedette aux autres membres du quatuor.

Peut-être un peu trop?

Le charisme et la présence de Taylor sont indéniables, l’artiste sait comment animer une foule à merveille, mais s’attirer la lumière des projecteurs implique souvent d’effacer tout ce qui entoure l’étoile, le centre de l’attention.

La performance n’est pas mauvaise, les body surfing constants témoignent concrètement de l’enthousiasme de la foule envers le quatuor australien, mais il est toujours dommage de constater qu’un groupe frôle l’artiste solo en concert, à la manière d’un Adam Levine accompagné de ses fidèles Maroon 5.

Apprécions tout de même le fait que l’artiste qui parvient à briller dans Amyl and the Sniffers soit une femme, pas le sexe le mieux représenté historiquement dans l’héritage punk.

 

L’inévitable rap

La première journée du Festif! ne s’attardait aucunement sur une programmation rap ou hip-hop : les deuxième et troisième journées faisaient pourtant office de tendance contraire.

Dans un magasin de vêtement, au nom de la Boutique Origène, la rappeuse féministe d’Hochelaga Calamine tenait un concert à 19h, le vendredi, dans le cadre de la Série URBANIA.

Sous une chaleur et une humidité étouffante, l’artiste balance punchline après punchline sous autotune, cette cinquantaine de personnes réactive devant l’aisance scénique et les textes grinçants de Calamine. La proposition s’avère profondément originale, les formules de concerts inusités donnant un charme franc au festival.

Souldia, une autre pointure du rap québ actuel, jouait quant à lui sur la Scène Hydro-Québec plus tard dans la soirée.

À l’allure et l’attitude gangsta, Souldia enflamme rapidement la foule venue l’apprécier de ses yeux, l’artiste qui se donne toujours à « 200 % sur scène », de ses mots.

Accompagné de plusieurs musiciens, une formule peu commune dans le rap, il est bon de le souligner, Souldia présente durant sa performance son 11e album solo, Non conventionnel, se déplaçant constamment de gauche à droite sur la scène et n’hésitant pas à se jeter dans la foule quand il estime celle-ci assez bouillante.

Les concerts rap d’Aswell et de LaF, respectivement le vendredi et le samedi, auront été manqués par votre rédacteur, car tristement, il est inenvisageable de tout couvrir durant un festival.

Si seulement il était possible d’être omniprésent comme Damien Robitaille…

 

Photos en vrac

Bleu Jeans Bleu

Les Trois Accords

Calamine

Vulgaires Machins

Amyl and the Sniffers

Événements à venir

Vos commentaires