Hands of Despair

Entrevue avec Hands of Despair | À la frontière des genres (mais pas du power métal)

« C’est difficile de dire si c’est du black ou du death, parce qu’il a des éléments des deux. C’est pour ça que je dis métal progressif, parce que ça touche à toutes les sphères du métal. Sauf au power. C’est vraiment du métal extrême progressif. » Cette musique difficile à décrire, c’est celle du groupe montréalais Hands of Despair. Fondé en 2009, Hands of Despair est d’abord né comme un projet solo de Maxime Côté. Il a produit deux démos, puis a engagé des musiciens pour réaliser l’album Hereafter en 2011. Maxime a ensuite voulu jouer sur scène. Il a cherché des acolytes et est « tombé sur ces sympathiques jeunes hommes. Ils sont beaux aussi ». Ce sont les compositions de Maxime mêlées aux influences de ces quatre sympathiques jeunes hommes qui sont à l’honneur sur l’album Bereft. Sors-tu les a rencontrés le soir du lancement.

Bereft est le premier album de Hands of Despair avec le line-up actuel. Comment est-ce que ça se passe entre vous?

FX : On est une belle gang de niaiseux. On ne se connaissait pas tant que ça avant d’être dans le groupe. On se connaissait plus de noms. Je connaissais bien Alex, mais pas vraiment les autres. On a eu une belle chimie dès le début. On est travaillant, nos jams sont très productifs, on avance rapidement, mais on déconne beaucoup en même temps.

Jeff : Ce qui est drôle et surprenant, c’est qu’il y a une synergie qui s’est créée presque instantanément. Je pense que notre moment le plus marquant, c’est quand on a réalisé qu’on pouvait faire un side project. *Rire général* On ne peut pas trop en parler tout de suite, mais on peut dire qu’il y a peut-être quelque chose d’autre qui va sortir.

FX : On peut dire que ça va être du gros métal épais. Ça donne une bonne idée.

Tu as commencé le projet en solo, et les autres se sont joints à toi pour peaufiner tes compositions. Qu’est-ce qu’ils ont apporté à ta musique?

Maxime : Ils ont surtout apporté d’autres influences. Je ne suis pas drummer, ni bassiste. Il y a des trucs que je n’aurais pas pensé composer, et eux y pensent. Ça donne plus de couleurs à la musique. On écoute tous des choses différentes.

Jeff : On se rejoint sur certains groupes, mais on a tous un horizon musical différent.

Maxime : Lui, il écoute du power!

Jeff : Oui, j’écoute du power, j’écoute à peu près n’importe quoi, sauf du hardcore. J’écoute beaucoup de heavy. Je suis un fan fini d’Iron Maiden, ça se ressent un peu dans mes textes et dans mes rythmiques.

Maxime : C’est surtout important de dire que Jeff écoute du power, tu dois l’écrire dans l’entrevue.

*chose promise, chose due*

Et pour vous 4, qu’est-ce qui se passe lorsque vous recevez les compositions de Maxime?

Alex : Je les apprends! Mais c’est sûr que j’ai ajouté des trucs quand même, comme un Te ts ts te te.

FX : Pour la basse, Maxime m’a laissé carte blanche. Sur l’album Hereafter, la basse suivait beaucoup la guitare. Pour Bereft, je me suis amusé, je suis sorti des sentiers battus. J’aime ça ajouter des mélodies, avoir une basse un peu plus vivante. Des fois, Maxime me retenait, ma composition était un peu trop éclectique.

Maxime : Ouais, je voulais garder ça un peu plus simple. Mais je ne suis jamais le seul qui va juger au final. C’est un vote qui se fait tout le monde ensemble. C’est comme pour les paroles. Avant, c’était moi qui les écrivais, mais ce n’est pas ma branche. C’est Jeff qui s’en occupe maintenant.

Jeff : En fait, il y a deux chansons sur l’album que Maxime a écrites. FX m’a aussi donné un texte, un beau texte en français d’ailleurs. Le reste c’est moi, ou un dérivé de moi.

Un dérivé de toi?

Jeff : Ouais, je m’inspire souvent de trucs déjà faits. Il y a une pièce que j’ai simplement traduite. C’est un poème de Rimbaud que j’ai traduit en anglais.

Des fois, Maxime a une idée derrière la tête en composant, donc je vais avoir des guides pour écrire. Mais généralement, j’aime m’appuyer sur ce que la pièce me fait ressentir. La pièce Sleeper par exemple, passe par tellement de sentiments différents que j’étais un peu perdu. J’en discutais avec des amis, avec du monde. Mon ex m’a dit une fois: « Ça me fait penser à un poème de Rimbaud. » C’était exactement ça! Je suis allé chercher le poème Le dormeur du val, on l’a lu, et c’était parfait. Le poème commence d’une manière sereine. Bon, dans la chanson, ça ne dure pas très longtemps, il y a un gros blast beat, mais le sentiment que j’avais avec la chanson, c’était quelque chose de beau et de grandiose. Rimbaud décrit une vallée, avec des arbres et des fleurs. Plus le poème avance, plus on réalise que quelque chose cloche dans la vallée. Il y a une personne qui est là, et on sent de plus en plus qu’il y a quelque chose de bizarre. En même temps, la chanson devient plus dark, lentement mais sûrement, et se termine vraiment bad. On réalise finalement que la personne est le cadavre d’un soldat qui s’est réfugié dans la vallée pour mourir. Quand on peut facilement avoir des sentiments comme ceux décrits dans la chanson, c’est plus facile de trouver de l’inspiration pour les paroles.

Hands of Despair-Petit Campus-2016-4

 Un autre élément de votre album qui est inspirant est l’image de la pochette. Est-ce qu’elle a une histoire particulière?

Maxime : J’ai trouvé l’auteure sur Deviant Art. C’était mon image préférée parmi toutes celles que j’avais déjà trouvées.

Jeff : On avait plusieurs choix, mais quand on a vu cette image-là, on a tous dit oui!

Maxime : Ça fit avec notre musique. C’est sombre, mais ce n’est pas satanique ou quelque chose du genre.

FX : C’est éthéré, c’est un match parfait.

Jeff : En plus, ça m’a permis de me replonger dans mes vieux amours.

C’est-à-dire?

Jeff : J’ai fait le layout de la pochette. C’est ça qui est le fun dans notre groupe, tout le savoir-faire est à l’interne. C’est Alex qui a filmé et monté notre vidéoclip. Maxime a fait son cours en sonorisation, donc il a fait toute la production de l’album. Moi, j’ai un cours en infographie, donc je me suis occupé de tout ce qui est pré-impression.

FX : Ça fait une différence dans la production, d’avoir son propre technicien de son. Maxime avait déjà réfléchi à la texture de chaque instrument. Il a enregistré exactement ce qu’il avait déjà à l’esprit.

Est-ce que vous avez une chanson préférée sur le nouvel album?

Jeff : On avait tous décidé qu’Étoc était notre favorite. Sur l’album, il y a des chansons qui sont excellentes à l’écoute, d’autres prennent d’autres dimensions quand on les joue.

FX : Étienne n’est pas ici, et c’est lui qui est à l’honneur dans cette chanson-là. Sa rythmique élève le niveau de la chanson, c’est particulier. S’il y avait une chanson que je recommanderais pour découvrir Étienne comme drummer, ce serait Étoc.

Si vous deviez décrire Bereft en trois mots, lesquels choisiriez-vous?

Maxime : Émotif, parce que c’est autant triste que colérique. Progressif, juste pour contredire celui qui a fait une critique de notre album en disant qu’on n’était pas progressif. *Rires* Sérieusement, je trouve notre musique progressive. Et pour le troisième, je ne sais pas

Jeff : J’ai trois mots parfaits. Cr*ssement f*cking satisfaisant. C’est le sentiment que j’ai à la fin de l’album, je suis cr*ssement f*cking satisfait.

Maxime : Sans être vulgaire, on pourrait dire vraiment très satisfaisant.

Alex : Moi, je trouve que c’est rempli, riche. Je dirais prog, riche et organique.

Maxime : Je pense que raw est mieux qu’organique, parce que ça vient te chercher dans les trippes.

Jeff : Cru, Maxime, on dit cru. On est au Québec.

FX : Je pense que les autres ont bien décrit notre musique. J’ai de la difficulté à juste choisir trois mots.

*Sors-tu lui a accordé un quatrième mot*

FX : Je n’aime pas les étiquettes, c’est trop réducteur. Mais dans l’absolu, je dirais qu’on fait du métal noir progressif, et si j’ai droit à un autre mot, j’irais pour atmosphérique.

Alex : Comment le décrire? Écoute-le ‘sti.

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