La Femme

Critique | La Femme au Bar Le Ritz P.D.B. de Montréal

Révélation de l’année aux Victoires de la musique en février dernier, le groupe français La Femme se forge un nom enviable depuis quelques années avec son savoureux mélange de surf-rock, de post-punk et de musique yéyé. L’album Psycho-Tropical Berlin, l’un de nos favoris de 2013, s’était doté d’une production parfaitement calibrée pour véhiculer ce mystérieux son à la fois vintage et tout à fait dans l’air du temps. Mais on ne soupçonnait pas chez eux une énergie punk comme celle qu’ils nous ont démontrée mardi soir, au Ritz P.D.B…


 

On les avait vus aux Francofolies de Montréal en 2011, en scène extérieure. Une bande de jeunes Français dégourdis, aux looks Nouvelle Vague, qui dansaient le yéyé derrière leurs claviers sur une musique rappelant un croisement entre les B-52’s et les trames sonores de James Bond. Séduisant cocktail d’étrangeté et de candeur surf. On en voulait plus.

Puis de nouveau aux Francofolies, cette fois en 2013, en extérieur, puis au Club Soda le lendemain en première partie de Peter Peter. Plus théâtraux que jamais, avec des costumes, de la mise en scène, et ce petit air frenchy semi-distant, tout en démontrant un nouveau showmanship appréciable.

Cette fois, on les retrouve dans un Bar Ritz P.D.B. plein à craquer, sur une scène plus petite et dans un spectacle dépouillé de mise en scène. Ils ont le sens du style, surtout Clémence Quélennec, la chanteuse qui les suit en tournée. Un des membres porte un masque grotesque avec un nez allongé et un complet cravate.

Mais pour le reste, pas de flafla : on va droit au but, à la musique brute, aux 3 claviers, à la guitare électrique, au thérémine et à la batterie, empruntée au groupe montréalais Suuns pour l’occasion.

Photo par Catherine Rosa.

Clémence Quélennec. Photo par Catherine Rosa.

 

Un son tout croche… qui sert bien le groupe

La sono ne permettait pas de savourer l’équilibre soigneusement établi sur disque. Loin de là. Ça allait dans tous les sens, souvent les voix ne perçaient pas le nuage sonore, le feedback s’amenait à tout moment… Un capharnaüm qui laissait présager une expérience difficile. Et pourtant, il n’en était rien, même que cela ajoutait un certain charme à la prestation puisqu’on nous dévoilait un autre pan de La Femme.  Un petit côté échevelé insoupçonné, qui ne leur va pas si mal. Moins d’emphase sur les claviers et le chant ; plus de rythme, d’énergie, d’ivresse.

Il faut dire qu’ils ont pris du galon, et que Clémence et Marlon, qui se partagent la plupart des voix, occupent les devants de la scène de façon convaincante, engageant souvent la foule dans son party musical.

Dès le départ, avec Amour dans le motu et Packshot, ça levait. Et davantage encore pendant Sur la planche, Nous étions deux et Antitaxi.

La salle étant beaucoup trop remplie pour l’occasion, il faisait chaud comme dans un sauna, et le pouce carré d’espace se négociait à la dure comme dans un bus à l’heure de pointe. Ça n’a pas empêché la foule de danser et de bouger en masse, créant un étrange moshpit de fêtards allumés qui acclamaient le groupe à tout rompre.

On a même vu une fille se lancer dans une session de crowdsurfing – le terme étant plus approprié que jamais avec un groupe surf – ce qui a incité Marlon a faire de même. Plus tard, Clémence a lancé un petit train, à la queue leu-leu, à travers la foule pourtant toujours très compacte. Un tour de force en soi.

C’était une grande fête, généreuse en temps (2 heures au total!) et en décibels.

Au départ, on se demandait bien si le Ritz P.D.B. ne serait pas un obstacle à notre appréciation du spectacle. On aurait souhaité plutôt un concert au Cabaret du Mile-End, par exemple. Et on le souhaite toujours pour la prochaine fois. Mais au final, l’espace et l’esprit du lieu nous auront servi une expérience plus intime avec un groupe qui prend du métier et devient dangereusement enivrant.

 

Ces Français qui conquièrent l’Amérique

La vague La Femme a traversé l’Océan Atlantique, et s’amène en tsunami. Déjà, en mars dernier, on constatait à SXSW que les Américains surfaient aussi sur le courant La Femme, même si les paroles leur sont aussi exotiques que de l’Allemand.

Ça ne s’arrête pas là : on les voyait au printemps en tournée avec …And You Will Know Us By The Trail of Dead, aux quatre coins des États-Unis. Une virée qui ne s’est malheureusement pas arrêtée au Québec.

Cet arrêt à Montréal, mardi soir, s’inscrit dans une nouvelle tournée nord-américaine qui incluait également un concert à Québec lundi, et qui les mènera en Californie au cours des prochains jours.

Serait-ce le début d’une carrière prometteuse au sud de nos frontières ?

 

 

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