François Bourassa

Critique | Behemoth et Cannibal Corpse au Métropolis de Montréal

L’expression « pas très catholique » a clairement été inventée en prévision du spectacle qui se déroulait au Métropolis ce mercredi. Là où se sont succédé les deux légendes du death metal que sont Behemoth et Cannibal Corpse.

Ceci étant dit, malgré l’image rude et la fascination pour l’antéchrist / les meurtres dégueulasses que propagent respectivement les deux groupes depuis une couple de décennies déjà, la soirée s’est déroulée dans l’harmonie, l’amour et les pieds de micro en fer forgé à l’effigie du sigil de Lucifer.

CANNIBAL CORPSE

En fait, ceux qui avaient déjà eu la chance de voir Cannibal Corpse en spectacle (cet été au Rockfest, peut-être) savaient déjà que, contrairement à ce que suggèrent la largeur de son énorme cou, sa voix gutturale et son sobriquet, George « Corpsegrinder » Fisher, leader du groupe, est un bon vivant.

Tellement qu’il a, à quelques reprises, pris le temps de dire à son public à quel point il aimait chacune des personnes présentes ce soir-là.

Il a même dédié à ses fans une chanson d’amour. Chanson titrée I Cum Blood (qui a dit que le romantisme était mort).

Fisher, si sérieux soit-il pendant l’interprétation des Hammer Smashed Face et Evisceration Plague (la pièce la plus efficace en spectacle), a tout de même aussi pris le temps de blaguer entre plusieurs des titres, et a en plus convoqué en duel de headbang quiconque voulait s’y opposer.

« But you will fail », précise-t-il.

Effectivement, si le gars est très statique pendant la performance (ce qu’on peut aussi reprocher au reste du groupe), sa tête, elle, tourne à un rythme étourdissant.

Photo par Pierre Bourgault

Photo par Pierre Bourgault

BEHEMOTH

Cette bonhomie a par contre laissé place à une tout autre ambiance lorsque Behemoth a fait son entrée sur scène.

Non seulement voyait-on déjà les pieds de micro aux allures sataniques susmentionnés, mais en plus, Nergal, maître d’œuvre du quatuor polonais, est entré sur scène avec du feu plein les mains.

Et tout de corpsepaint vêtu.

Pour ceux qui ne connaissent pas l’expression, le corpsepaint c’est le maquillage morbide associé au mouvement black metal dont Behemoth fait partiellement partie. Bien souvent par contre, ce genre de costume, accompagné d’une mise en scène avec du feu et des signes profanes, finit par rapidement devenir risible.

Pas avec Behemoth.

Eux sont hypnotisants.

Photo par Pierre Bourgault

Photo par Pierre Bourgault

Peut-être est-ce le charisme de Nergal. Ou la carrure d’Orion, ce géant nordique qui lui sert de bassiste. Ou peut-être est-ce le fait que Nergal se remet à peine d’une leucémie et de greffes de moelle osseuse et qu’il se tient là, confiant, à gueuler comme un démon.

Et que le groupe a enregistré un des très bons albums métal de 2014 une poignée de mois seulement après la convalescence du chanteur.

Mais bref, les musiciens sont en pleine forme et le set et bien construit. Très court, par contre, comme set. Mais là encore, le gars vient de battre la leucémie, tsé. Y’a le droit à une pause syndicale.

En plus le groupe accordera un rappel encore plus envoûtant que le reste du spectacle, entre autres grâce au port des masques que la formation porte aussi dans le clip de Blow Your Trumpets Gabriel.

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