Coups de coeur

Coups de coeur 2019 à la TOHU | Le meilleur du cirque actuel dans le monde

Le temps de 10 représentations jusqu’au 2 mars 2019, la TOHU présente ce qui se fait de mieux et de plus novateur en cirque contemporain avec sa quatrième édition des Coups de coeur. Et le public embarque avec avidité, le cœur bien accroché.

Le spectacle, qui fait 80 minutes sans entracte, est mis en scène pour la première fois par Anthony Venisse, connu pour ses créations originales à la place Émilie-Gamelin lors du Festival Montréal Complètement Cirque l’été venu. Autour de la piste circulaire de la TOHU, il privilégie dans son approche le côté intimiste des performances en s’appuyant sur les petits chapiteaux aux rideaux de velours rouge, les « spiegeltent », comme sont désignés les chapiteaux à miroirs.

Formé à l’École de danse Rudra-Béjart à Lausanne et au Circus Space de Londres, en plus d’être diplômé de l’École nationale de cirque de Montréal (ÉNC), Anthony Venisse se met en scène dans un duo clownesque avec sa sœur Amélie intégrant musique et magie. Cette dernière, issue de l’École Supérieure des Arts du Cirque de Bruxelles en 2005, reconnue pour son personnage de Mademoiselle Cerise, roule sa bosse depuis de scènes en scènes et dans le circuit des cabarets allemands, seule ou en duo avec son frère, partageant une même folie pour les arts du cirque.

En ouverture, nous aurons vu en retenant notre souffle le numéro de trapèze ballant du Français Nicolas Allard, initié au cirque dès l’âge de 13 ans. En artiste accompli, il réinvente le trapèze avec des figures d’une hauteur vertigineuse où il va jusqu’à accomplir des prouesses à la renverse, comme si cela allait de soi.

 

Nicolas Allard. Photo par Benoit Z Leroux.

 

Spécialisé en diabolo acrobatique à l’École de cirque de Québec, Jérémie Arsenault, un des membres fondateurs de la compagnie FLIP Fabrique, exécute des sauts arrière tout en jonglant avec jusqu’à quatre diabolos en même temps. Son numéro, sensationnel, sera parmi les plus chaudement applaudis de la soirée.

Marie-Ève Dicaire, du Cirque Éloize, se distingue pour sa part avec la discipline équilibre sur cannes. D’abord formée en danse, elle est une véritable acrobate au sol s’appuyant sur les deux mains, quand ce n’est pas sur une seule, pour offrir des mouvements de tout le corps, comme suspendue dans le vide par le haut. Elle a également été des spectacles Triptyque et Vice et Vertu d’une autre compagnie québécoise de renom, Les 7 Doigts.

ANNA KICHTCHENKO. Photo par Benoit Z Leroux.

Née à Moscou, mais diplômée de l’ÉNC en tissu aérien depuis 2011, Anna Kichtchenko est une autre attraction de choix. Elle arrive à se tenir suspendue en ayant seulement la nuque comme point d’appui du tissu à carreaux orange qu’elle exploite en repoussant les limites de son art.

Originaire de Russie elle aussi, née à Saint-Pétersbourg dans une famille d’artistes, mais diplômée de l’ÉNC en 2008, Masha Terentieva a été choisie pour représenter le Cirque du Soleil aux Coups de coeur de cette année. Elle déploie avec adresse le numéro Aerial Hotel Cart qui lui a valu en 2017 cinq prix au renommé Festival mondial du cirque de demain à Paris. Avec la même irrésistible beauté sensuelle, elle participe en parallèle au spectacle Paris Merveilles au Lido, sous la direction de Franco Dragone.

Enfin, autre numéro parmi les plus applaudis, celui de Julien Desforges en slackline, une discipline circassienne dont il a grandement contribué au développement dans le monde depuis ses tout débuts. En équilibre précaire sur une sorte de très long et très haut fil de fer, son style est unique, combinant avec force et précision ses pratiques connexes en danse, yoga, méditation et arts martiaux.

Par contre, le numéro clownesque de la maîtresse de cérémonie, Mooky Cornish, qui va racoler parmi le public sa tête de Turc, n’apporte rien à l’ensemble, ralentissant plutôt le rythme de cette soirée riche en frissons qui dépasse ce qu’on connaît du cirque traditionnel, devenu un créneau d’accomplissement artistique et athlétique n’ayant de cesse d’ébahir.

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