La Marche de l’empereur au Club Soda | Quand la musique d’ici prend toute son ampleur

Jeudi soir, le temps d’une soirée, le Club Soda s’est transformé en un véritable festival éphémère. Mettant en avant l’amour de la musique québécoise, le concert-événement La Marche de l’empereur se tenait dans le cadre du festival Montréal en lumière, réunissant de grands noms de l’industrie musicale québécoise tels que Blesse, Lysandre, Lydia Képinski, Robert Robert, P’tit Belliveau, Safia Nolin, Thierry Larose aux côtés d’invités suprises.

Présenté par l’agence d’artistes Maison Pingouin et orchestré par Thierry Larose, le concert de La Marche de l’empereur était un vibrant hommage à la culture d’ici. Plus qu’un simple spectacle, c’était une véritable célébration collective de la musique québécoise (et acadienne, dans le cas de P’tit Belliveau).

Dans une atmosphère où le hip-hop et le basketball se mêlaient, la direction artistique de Marianne Boucher a insufflé une énergie unique avec une mise en scène audacieuse : des chandails de basketball suspendus en guise de décoration, accompagnés de paniers dispersés au coeur de la salle de spectacle du Club Soda. Les artistes se sont succédés avec fluidité, livrant des performances captivantes avant de céder la place au suivant, maintenant ainsi une intensité constante ainsi qu’une peine d’amour à chaque départ de la scène de ces grands artistes talentueux. Impossible pour le public de se contenter d’une seule chanson tant l’engouement était palpable.

« Le Club sold out »

Hier soir, les Montréalais ont assisté à un immense compte à rebours projeté sur le rideau de la scène, évoquant l’excitation du Nouvel An et faisant monter l’anticipation à son comble avant le début du spectacle. Tandis que le Club Soda se remplissait, DJ Pingouin a présenté un DJ set en compagnie d’un invité spécial, soit le rappeur montréalais Tizzo. Le public, abasourdi, a eu le privilège d’assister à cette performance qui a donné le ton à une soirée unique qui mettait en lumière le talent des artistes québécois de tous les horizons musicaux.

À chaque apparition d’un-e artiste, une projection accompagnait son entrée sur scène. Un moment fort a suivi avec l’apparition du nom de Lydia Képinski. Accueillie chaleureusement, elle s’est installée doucement au centre de la scène, guitare acoustique en main, sous un faisceau lumineux. Très émue par l’accueil du public, l’artiste s’est confiée à la blague : « ça me donne envie de pleurer, ça me touche, mais j’ai aussi vraiment une grosse semaine ». De plus, révélation-choc : Lydia Képinski a annoncé travailler sur un nouvel album techno, avant de livrer une performance intime marquée par son morceau Premier juin.

Puis, Robert Robert est monté sur scène, enflammant la salle avec ses mélodies accrocheuses et ses textes introspectifs. Il a notamment interprété Alex, issu de son album Bienvenue au pays, au grand plaisir de ses fans.

Ensuite, ce fut au tour du talentueux P’tit Belliveau d’entrer en scène. Avec son mélange unique de rock, d’électronique, de folk et de country, il a livré une prestation poignante aux airs de la musique acadienne. Son interprétation de Income Tax Return a plongé la foule dans une communion totale avec le chanteur, charmée par sa sincérité et l’immense richesse de sa musique.

L’un des moments les plus attendus de la soirée fut l’arrivée de Safia Nolin sur scène. Acclamée avec ferveur, la chanteuse fut profondément touchée par l’enthousiasme criant du public. Après un moment d’émotion, elle a confié : « Je ne pensais pas parler, mais je vais essayer de dire quelque chose de court. En ce moment, personne ne se sent super bien, et c’est des moments comme ça qui font du bien ». Fidèle à son habitude, elle a offert une prestation saisissante, livrant avec brio sa chanson Dagues.

Le spectacle a atteint son apogée avec Thierry Larose, qui a clôturé la soirée en beauté et intensité. Connu pour sa musique indie, rock et, le chanteur a invité sur scène l’artiste suprise, Pataugeoire pour une performance complètement rock. Ensemble, ils ont électrisé la salle avec le titre Les amants de Pompéi, un morceau qui a soulevé l’enthousiasme général, les spectateurs chantant à tue-tête les paroles du morceau culte.

Une soirée qui fait du bien

Le patron de Maison Pingouin, Yan Bienvenue a ainsi rejoint tous les artistes sur scène pour exprimer sa gratitude envers ceux qui ont contribué à la réalisation de ce projet. « C’est fou, c’est vraiment plus grand que tout ce que j’avais imaginé. Merci beaucoup d’avoir embarqué dans ce projet-là. […] La salle du Club Soda, c’est la meilleure salle au monde. Il ne reste plus grand-chose sur Terre, mais il nous reste le Club Soda », a-t-il déclaré avec ferveur.

Et comme si la soirée n’avait pas encore révélé toutes ses surprises, l’influent auteur-compositeur-interprète de la chanson québécoise Michel Rivard est monté sur scène, provoquant un véritable choc du public. « Quelqu’un qui était ici ce soir et qui aurait eu des doutes sur la chanson québécoise… Y’a de la santé! J’avais vraiment besoin, en ces temps incertains, d’une forte dose d’originalité, de sincérité et d’audace, et je l’ai eue ce soir », a-t-il confié émerveillé par les artistes de renom présents sur scène à ses côtés.

Michel Rivard a ajouté, « Je vais vous chanter une chanson du 20ᵉ siècle, une chanson qui a à peu près deux fois votre âge et que vous avez sûrement déjà chantée au service de garde. La seule raison qui a vraiment motivé ma présence ici ce soir, c’est de jouer sur la guitare de Safia ». Dès les premières notes de La complainte du phoque en Alaska, l’émotion a envahi la salle. Le public s’est même immédiatement mis à chanter en chœur avec le chanteur, tout en s’enlaçant dans les bras de leurs proches. Un moment de pure magie s’est ainsi installé au sein du Club Soda, si bien qu’à un certain point, Michel Rivard a cessé de chanter, abasourdi par la chorale spontanée qui s’élevait devant lui.

La Marche de l’empereur  fut une  soirée mémorable qui restera gravée dans les cœurs, rendant hommage à la richesse et à la vitalité de la chanson québécoise.